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Un chef d'oeuvre gothique à la beauté ténébreuse...
En 1897, le public découvre dans les pages d'un roman épistolaire écrit par Bram Stoker l'extraordinaire personnage de Dracula, être immortel qui se repaît du sang des vivants pour les transformer à leur tour en créatures maléfiques. Si Stoker n'a pas inventé la figure du vampire, il lui a malgré tout conféré sa forme moderne en faisant du comte Dracula une figure iconique et emblématique inspirant des générations d'auteurs. Et bien que le roman ne fût pas un best-seller immédiat, il connut un écho mondial à travers des adaptations cinématographiques devenues au moins aussi cultes que l'oeuvre d'origine.
Pour la bande dessinée, l'immense Georges Bess s'attaque aujourd'hui à nous donner sa version du mythe tout en s'attachant à retranscrire au plus près l'âme du roman. Armé du brio graphique qu'on lui connaît, il fait le choix du noir et blanc, dans des planches à la beauté ténébreuse, pour mettre en valeur la puissance de son trait et lui conférer un souffle gothique assez inédit chez lui.
Son Bram Stoker Dracula est une oeuvre de virtuose qui démontre, une fois de plus, que Bess est sans conteste l'un des grands dessinateurs de la bande dessinée contemporaine.
Une version grand format de l'ouvrage sera proposée afin de profiter pleinement de la maestria graphique de l'auteur.
Tout le monde ou presque connaît le personnage de Dracula et tout particulièrement ses déclinaisons cinématographiques mais beaucoup moins le roman de Bram Stoker (1897) qui est à l’origine du mythe.
C’est la raison pour laquelle après Mike Mignola, Yves H/Hermann, Sera et Dany dans « sur les traces de Dracula », Françoise-Sylvie Pauly et Pascal Croci pour n’en citer que quelques-uns, Georges Bess s’attaque lui aussi à cette figure : « Tout le monde connaît Dracula mais peu de personnes savent vraiment de quoi il est question exactement. C’est pour cela qu’il fallait le dessiner, l’illustrer ». Il relève donc le défi et aura mis deux ans à réaliser un volumineux album de plus de 200p.
Alors que Mignola adoptait la vision de Francis Ford Coppola dans laquelle Gary Oldman était un séduisant vampire à la recherche de son amour perdu, Bess revient aux fondamentaux : « Dracula est un conte merveilleux, avec un personnage d’une noirceur totale, un véritable prédateur. Aujourd’hui on en fait quelque chose de sexy. Alors que l’image que j’en ai est plutôt de quelqu’un qui croupit dans une crypte. Murnau a représenté le plus beau vampire selon moi. Mais je ne voulais pas faire le même, je m’en suis détaché pour proposer une nouvelle forme ». Son comte des Carpates redevient donc bien un monstre, une créature maléfique et sanguinaire repoussante. Bess pousse également la fidélité jusqu’à recréer la forme originelle de l’œuvre : il s’agissait d’un roman épistolaire polyphonique : on y trouvait des extraits du journal de Jonathan Harker, des lettres, des journaux de Jonathan Harker, de Mina, de Van Helsing et du docteur Seward, du journal de bord du Déméter, de correspondances commerciales, de lettres échangées entre les protagonistes et de coupures de journaux. Toutes ces voix (parfois enchâssées) créaient une narration multiforme et énigmatique : le lecteur devait faire le lien entre des histoires apparemment juxtaposées et finalement mener l’enquête pour reconstituer le puzzle de l’histoire. Mais si Bess conserve des narrateurs multiples et des ruptures de constructions, contrairement à Guido Crepax qui dans son « Dracula » gardait une narration si complexe qu’elle en devenait confuse, il simplifie tout de même pour rendre lisible son récit en élaguant les récitatifs et le nombre de chapitres (16 au lieu de 27).
« Le romantisme noir » de l’œuvre est superbement recrée dans des planches en noir et blanc expressives à mi-chemin entre illustration (nombre de pleines pages voire de doubles pages ainsi que des encadrements pour marquer les ouvertures de chapitres) et bande dessinée. La mise en page est extrêmement innovante mariant les inserts, les superpositions, les « débordements »de case, la transformation des cases traditionnelles en sorte de nébuleuses dans les passages consacrés à l’aliéné Reinfeld et les changements de trames de fond (avec parfois des incrustations de photos). Chaque page est à couper le souffle dans ses contrastes, ses cadrages, ses effets de mouvements et la prolifération de détails. Enfin on notera des clins d’œil à l’iconographie romantique : les eaux fortes d’Hugo, les palais de Gustave Moreau, le « paysage montagneux : ruine dans une gorge » de Lessing ou « Le rivage avec la lune cachée dans les nuages » de Friedrich.
Pour profiter pleinement de cette œuvre magnifique je vous conseille d’ailleurs vivement d’acquérir l’édition de luxe (à prix très raisonnable). Elle est somptueuse et reprend le format des planches originales.
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