"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Georges Bess est un dessinateur de grand talent.
En décidant d'illustrer des grands classiques littéraires en noir et blanc (Dracula, Notre Dame de Paris, Frankenstein), il a choisi l'épure. Pourquoi pas ?
C'est vraiment très beau, très froid, ça suinte le mal être, mais...
Mais c'est tout malheureusement. En effet, je ne peux pas dire que j'ai été grandement surpris par le récit (un classique, très connu), et une fois le 1er plaisir des planches éprouvé, je n'ai pas réussi à m'attacher au conte.
Les personnages sont tous relativement froids, à tendance antipathiques. Aucune empathie n'est possible, aucun attachement, si bien qu'assez vite je me suis lassé, et j'ai dû me forcer pour terminer cet album, alors que j'avais pris tant de plaisirs au Lama blanc ou à Leela et Krishna.
Déception. Je tenterai peut-être quand même Dracula ou Notre Dame de Paris pour me faire un autre avis.
Plongeon dans l'extrémisme religieux et ses dérives dans un monde et une époque lointaine : Amen !
C'est un bon début avec des dessins de qualité qui nous aident à plonger dans le monde étrange et chaotique d'Arcadia.
Si certains personnages sont clairement exagérés, ceux d'Ishoa et Maki sont plus intéressants car plus nuancés.
Mais je vais quand même préciser que si l'idée est très bonne, le fait est que l'on n'en a pas autant que nécessaire pour vraiment plonger dans l'histoire.
Georges Besse nous fait commencer par la fin (ou presque) et ne nous donne que très peu du début.
Je ne sais pas combien il y a de tomes mais il est certain que si l'on avance aussi doucement dans l'histoire c'est soit que l'histoire est courte soit la série va être prodigieusement longue.
Bien donc, mais….
Tout le monde ou presque connaît le personnage de Dracula et tout particulièrement ses déclinaisons cinématographiques mais beaucoup moins le roman de Bram Stoker (1897) qui est à l’origine du mythe.
C’est la raison pour laquelle après Mike Mignola, Yves H/Hermann, Sera et Dany dans « sur les traces de Dracula », Françoise-Sylvie Pauly et Pascal Croci pour n’en citer que quelques-uns, Georges Bess s’attaque lui aussi à cette figure : « Tout le monde connaît Dracula mais peu de personnes savent vraiment de quoi il est question exactement. C’est pour cela qu’il fallait le dessiner, l’illustrer ». Il relève donc le défi et aura mis deux ans à réaliser un volumineux album de plus de 200p.
Alors que Mignola adoptait la vision de Francis Ford Coppola dans laquelle Gary Oldman était un séduisant vampire à la recherche de son amour perdu, Bess revient aux fondamentaux : « Dracula est un conte merveilleux, avec un personnage d’une noirceur totale, un véritable prédateur. Aujourd’hui on en fait quelque chose de sexy. Alors que l’image que j’en ai est plutôt de quelqu’un qui croupit dans une crypte. Murnau a représenté le plus beau vampire selon moi. Mais je ne voulais pas faire le même, je m’en suis détaché pour proposer une nouvelle forme ». Son comte des Carpates redevient donc bien un monstre, une créature maléfique et sanguinaire repoussante. Bess pousse également la fidélité jusqu’à recréer la forme originelle de l’œuvre : il s’agissait d’un roman épistolaire polyphonique : on y trouvait des extraits du journal de Jonathan Harker, des lettres, des journaux de Jonathan Harker, de Mina, de Van Helsing et du docteur Seward, du journal de bord du Déméter, de correspondances commerciales, de lettres échangées entre les protagonistes et de coupures de journaux. Toutes ces voix (parfois enchâssées) créaient une narration multiforme et énigmatique : le lecteur devait faire le lien entre des histoires apparemment juxtaposées et finalement mener l’enquête pour reconstituer le puzzle de l’histoire. Mais si Bess conserve des narrateurs multiples et des ruptures de constructions, contrairement à Guido Crepax qui dans son « Dracula » gardait une narration si complexe qu’elle en devenait confuse, il simplifie tout de même pour rendre lisible son récit en élaguant les récitatifs et le nombre de chapitres (16 au lieu de 27).
« Le romantisme noir » de l’œuvre est superbement recrée dans des planches en noir et blanc expressives à mi-chemin entre illustration (nombre de pleines pages voire de doubles pages ainsi que des encadrements pour marquer les ouvertures de chapitres) et bande dessinée. La mise en page est extrêmement innovante mariant les inserts, les superpositions, les « débordements »de case, la transformation des cases traditionnelles en sorte de nébuleuses dans les passages consacrés à l’aliéné Reinfeld et les changements de trames de fond (avec parfois des incrustations de photos). Chaque page est à couper le souffle dans ses contrastes, ses cadrages, ses effets de mouvements et la prolifération de détails. Enfin on notera des clins d’œil à l’iconographie romantique : les eaux fortes d’Hugo, les palais de Gustave Moreau, le « paysage montagneux : ruine dans une gorge » de Lessing ou « Le rivage avec la lune cachée dans les nuages » de Friedrich.
Pour profiter pleinement de cette œuvre magnifique je vous conseille d’ailleurs vivement d’acquérir l’édition de luxe (à prix très raisonnable). Elle est somptueuse et reprend le format des planches originales.
J'ai adoré la série "Le lama blanc". Une des meilleures de Jodorowsky. A découvrir si vous ne la connaissez pas...
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