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Sur l'édition de Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, livre V (Livre des îles) dans la CUF, Belles Lettres, par M. Casevitz et A. Jacquemin.
La Méditerranée, hier comme aujourd'hui, est un creuset où se croisent, se métissent et s'opposent les cultures, où s'échangent produits et mythes, où les peuples tour à tour choisissent de se mêler ou au contraire de sauvegarder jalousement leurs spécificités. Entre la Méditerranée de Braudel et celle, plus parcellaire et néanmoins merveilleusement « reliée » de P. Horden et N. Purcell (The Corrupting Sea. A Study of Mediterranean History, Oxford, 2000), en particulier grâce à ses routes commerciales, il y a celle des mythes et des fantasmes, celle que chaque voyageur rêve. Diodore de Sicile (né vers 90 av. J.-C. - mort vers 30 av. J. C.), historien de langue grecque mais de culture gréco-romaine, ayant vécu sous la République, né à Agyrion, dans une île, la Sicile, était l'écrivain idéal pour décrire les îles de la Méditerranée, une Méditerranée qui allait être le mare nostrum des Romains, qui devait unir tous les peuples sous sa domination et donc s'étendre bien plus loin que ses frontières actuelles.
Dans le cinquième livre de sa Bibliothèque historique, qui en comportait quarante (il ne reste de complets que les livres I à V et XI à XX, les autres sont à l'état de fragments, d'inégale longueur), Diodore s'attache à ce qu'il désigne comme des îles (il le nomme lui-même livre des îles) et traite à la fois de ce qu'on nomme aujourd'hui histoire, géographie, mythologie, sociologie et ethnographie, s'attachant à la fois au passé de chaque territoire et à son présent. Ces pages sont souvent la seule source à notre disposition, Diodore s'inspirant d'historiens ou de philosophes grecs ou latins qui ne sont plus accessibles.
Commençant par la Sicile, terre où la légende situe le rapt de Corè et la découverte de la culture du blé, l'auteur traite ensuite des îles éoliennes, puis de Malte et de Gozzo, de la Sardaigne et de la Corse, avant d'aborder les Baléares et des îles de l'océan. Après quoi, il s'attache à la Bretagne (dans l'actualité grâce à César) et à l'île appelée Royale « où naît l'ambre. » Peut-être grâce à l'actualité, l'auteur parle ensuite de la Gaule et de la Celtibérie et de l'Ibérie avant de considérer la Ligurie et la Tyrrhénie, preuve que la Méditerranée étend son influence largement au-delà des frontières actuelles. Se tournant vers l'Orient méditerranéen, Diodore décrit une île fabuleuse, Panchaia, puis Samothrace, Naxos, Symé, Calydna, Rhodes et la côte continentale, Lesbos et les colonies envoyées à Chios, Samos et Cos par Macareus. Le livre s'achève par les Cyclades et la colonisation attribuée à Minos.
La dernière édition critique date de 1890 (édition Teubner due à F. Vogel). Cette nouvelle édition est fondée sur un texte établi, selon les résultats des travaux de Pierre Bertrac, par Michel Casevitz, professeur émérite (Université Paris Ouest Nanterre La Défense), qui a aussi traduit le texte ; les notes complémentaires, qui forment en fait un véritable commentaire, sont dues à Anne Jacquemin, professeur à l'Université de Strasbourg, historienne et archéologue.
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