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Ce roman évoque, à travers une fiction, la vie et l'esprit d'Auguste Le Breton, écrivain majeur du roman policier français des années 1950 et 1960. Auguste Le Breton, l'auteur de plus de 80 policiers est aussi célèbre pour les adaptations cinémas de ses principaux romans : Razzia sur la Chnouff, Le Clan des Siciliens, etc. L'inventeur du « rififi » ou du « verlan », le maître de l'argot, a côté des plus grands acteurs comme des plus grands truands.
Auguste l’aventurier est avant tout un hommage envers un auteur.
Auguste Le Breton prend ici les traits de Treguier (NdR Les Hauts Murs cités maintes fois sont là pour le rappeler). L’intrigue n’est qu’un fallacieux prétexte. J’y reviendrais. Car le lecteur la dénoue rapidement pour ne garder que le plaisir de plonger dans une atmosphère de polars noirs surannés. Ceux de Verneuil, Dassin ou Melville. Des films en noir et blanc, des romans de gare. Tous trempés du même acier, une verve sans pareille, un code d’honneur pour les truands, portés parfois par les plus belles gueules du ciné Gabin et Ventura.
Car Auguste l’aventurier est une excuse, une biographie inventée et Corbel trimballe le lecteur et le fait osciller entre 1944 et 1976.
Paris 44, il part avec Suzanne à la recherche de sa sœur Louise, bretonne montée comme temps d’autres à la capitale pour y servir de bonne. Sous l’occupation allemande, trafics, mère maquerelle, règlements de compte entre résistants et collabos, Louise finit emprisonnée dans un cabaret tenu par des truands parisiens. Marek Corbel sait poser son ambiance sans en faire trop. L’équilibre est le bon. Car ce n’est qu’une partie du roman.
Retour en Bretagne en 76 pour suivre l’enquête menée par le gendarme Kerautret. Elle flirte avec la politique et la sécurité nationale. Le Général Guyot De Kernavoelen, ancien directeur du contre-espionnage est mort. L’odeur de la vengeance plane.
Et au milieu de ces aller-retours, ça jacte condés, truands et toi lecteur, tu t’astiques les méninges et te frottes le ciboulot pour suivre une narration parfois écrite à la première personne du singulier. Quand Tréguier hausse le ton et tient le crachoir, c’est pour se confondre avec Le Breton et ne faire plus qu’un à tes yeux et à ceux de Suzanne Le Bris, correspondante de Télé-Ouest qui est venue l’interviewer. Il évoque Rififi, le Clan des Siciliens, la série des Antigangs et vilipende ces auteurs post 68 qui n’entravent rien aux truands, aux siens, ceux des années cinquante. La venue de Suzanne à Nevez est fructueuse entre interview d’une gloire locale et mort d’un général, elle a de quoi faire.
Plusieurs modes de narrations s’enchevêtrent et cela fonctionne. Avec une once de nostalgie, Auguste l’aventurier, est bel et bien un hommage de Corbel à cette langue morte, en tous cas, à celle qui a depuis évolué dans la bouche des gamins de banlieue. C’est un roman unique dédié à cet auteur singulier qu’était Le Breton. Et rien que cela c’est déjà beaucoup !
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