"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un garage au milieu de nulle part, province du Chaco, nord de l'Argentine. La chaleur est étouffante, les carcasses de voiture rôtissent au soleil, les chiens tournent en rond. Le Révérend Pearson et sa fille Leni, seize ans, sont tombés en panne ; ils sont bloqués là, le temps que la voiture soit réparée. El Gringo Brauer s'échine sur le moteur tandis que son jeune protégé Tapioca le ravitaille en bières fraîches et maté, et regarde avec curiosité ces gens si différents qui lui parlent de Dieu. Dans ce huis clos en plein air, le temps est suspendu, entre-deux, l'instant est crucial : les personnages se rencontrent, se toisent, s'affrontent. C'est peut-être toute leur vie qui se joue là, sur cette route poussiéreuse, dans ce paysage hostile et désolé, alors que l'orage approche. Selva Almada signe ici un premier roman époustouflant de maîtrise, avec une prose sobre, cinématographique, éminemment poétique.
Un huis-clos en plein air, quatre personnages, la nature rude, la chaleur accablante et la nature humaine qui, après l'orage, se révèle sous l'écorce des adultes et se devine dans le cocon de l'adolescence.
Une belle écriture pour le récit bien mené de destinées chaotiques, d'êtres abandonnés qui cherchent un sens et le trouvent peut-être. La fin est magistrale.
Ce roman argentin démarre comme un road-movie et se termine en huis-clos entre quatre personnages.
Il y a le Révérend Pearson qui se déplace de ville en ville avec sa fille Léni, adolescente de 16 ans, qui l'accompagne partout depuis le jour où il a abandonné sur le bord de la route sa femme.
Alors qu'ils traversent sous une chaleur accablante la province du Chaco dans le nord de l'Argentine, leur voiture tombe en panne. Heureusement pas très loin du garage de El Gringo Brauer et de son apprenti Tapioca dont on apprendra par la suite qu'il pourrait être son fils biologique.
Le garagiste va faire tout son possible pour réparer le véhicule du révérend Pearson dans la journée afin qu'il puisse reprendre la route rapidement. Mais la chaleur étouffante annonce un orage violent qui empêchera tout départ.
L'auteure dresse les portrait de ces quatre personnages, leurs regrets pour les deux pères, leurs attentes pour les deux adolescents. Au fur et à mesure que l'histoire avance, on sent bien que l'atmosphère devient de plus en plus lourde, pesante ; que le paroxysme sera atteint pendant l'orage et qu'ensuite plus rien ne sera comme avant.
Surtout que le révérend Pearson sent se réveiller en lui sa foi de prédicateur et voit en Tapioca un être destiné au Christ mais El Gringo Brauer ne l'entend pas de cette oreille. L'affrontement devient alors inévitable.
Ce n'est pas tellement l'histoire que j'ai appréciée dans ce roman ml'écriture qui exprime de façon magistrale l'atmosphère du lieu où elle se déroule ainsi que les émotions des personnages.
Un garage au milieu de nulle part dans la pampa argentine. El Gringo s'y affaire, au milieu d'une casse hébergeant des voitures accidentées, données ou vendues par la police locale.
Il y vit avec ses chiens et son fils, Tapioca, enfin son fils supposé abandonné un jour par sa mère qui allait faire sa vie dans une grande ville ...
Tombés en panne à quelques kilomètres de là, le révérend Pearson et sa fille Lila y débarquent un jour. Ils partagent leur vie d'errance de prêches en prêches depuis qu'ils ont abandonné la mère de Lila ...
Huis clos de plus en plus lourd entre ces pères qui à leur manière vont se partager un enfant.
Séduction. Envie d'ailleurs....
Un orage terrifiant les aidera à prendre une décision que je n'imaginais pas .
Un livre très court, 133 pages, d'une écriture sèche et précise qui rend prégnante la chaleur excessive aux herbes qui crépitent et blessent les jambes et qui accompagne l'orage libérateur et dévastateur ...
Un auteur découvert par hasard sue les rayons de la médiathèque du village voisin, masi dont je rechercherai d'autres ouvrages.
Voila un roman qui me faisait très envie à sa parution, que j'ai finalement acheté au Salon du Livre en mars dernier et que j'ai laissé de côté jusqu'à aujourd'hui. Attendre un peu pour mieux savourer ?
L'écriture est brillante, souple, elle restitue à merveille l'Argentine accablée de chaleur, désertique, elle est une ode puissante à la nature, hostile, rude pour les hommes qui y vivent. Mais elle décrit l'humain et ses failles, ses doutes, avec précision, rendant à chacun sa force, son caractère. Une écriture effectivement très visuelle, cinématographique.
Les personnages, justement : El Gringo le garagiste malade, à la fois rustre et bienveillant pour son fils adoptif Tapioca, coeur pur et simple, pas encore un homme et plus tout à fait un enfant, Leni la fille adolescente du pasteur avec ses révoltes et ses contradictions, et puis le révérend Pearson dégoulinant de prosélytisme, suant Dieu par tous les pores, abject, hypocrite, détestable...Un quatuor équilibré dont les caractères s'opposent, s'échauffent jusqu'à l'orage...
Superbe premier roman !!
Après l’orage est un premier roman étonnant, qui instaure une ambiance étrange entre quatre personnages, comme une scène de théâtre isolée dans le désert argentin, où l’orage vient perturber la sécheresse du quotidien et bouleverser l’intime de quatre humains.
Perdu on ne sait trop où, dans un endroit qui ne semble pas réellement exister, Brauer et son jeune apprenti, Tapioca, travaillent ensemble dans un garage qui ressemble à un cimetière de voitures déserté, sans vie et sans passage. Des chiens hagards se traînent, la misère s’est installée, l’électricité est souvent coupée, la bière chaude, le lieu a le goût de la poussière, l’odeur de la chaleur et de la solitude.
Le Révérend Pearson et sa fille Leni atterrissent là par hasard, le temps de réparer leur voiture, le temps que l’orage passe. Et la voiture est bien l’élément clé de tout ce roman, celui qui bouleverse toutes leurs vies, comme celle de Brauer, père d’adoption du jour au lendemain, lorsque le jeune Tapioca est abandonné par sa mère en quelques minutes, le temps qu’elle coupe le moteur de la voiture, le laisse, et reparte aussitôt.
Comme celle de Leni aussi, qui se souvient du visage de sa mère à travers le pare-brise arrière de la voiture, le jour du départ de son père, le Révérend Pearson, quittant sa femme et l’emmenant pour prêcher la bonne parole sur la route, évangéliste errant, se déplaçant dans sa voiture maison, d’un lieu désolé à un autre.
On hésite entre réalisme et fable, prose et poésie, confession et silence, roman ou pièce de théâtre : Après l’orage regroupe dans un huis clos sec et pluvieux, aride et humain, un peu de tout cela, de façon délicate, avec beaucoup de pudeur. On ne sait pas toujours où Selva Almada nous emmène, mais elle nous emmène dans un monde rude et délicat, où la religion domine, où les non-dits surgissent, mais surtout, où la vie s’éveille.
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