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Dans un monologue adressé au plus jeune de ses trois fils, Louis Catella se raconte.
L'usine d'abord, omniprésente : les Fonderies et Aciéries du Midi où il entre à 16 ans, s'épuise dans la fournaise des pièces à produire, mène la lutte syndicale en 68 pour que triomphent les idéaux de la Gauche. Le chef de famille charismatique ensuite : l'amour de Rose, la 2 CV bleu glacier sur la route des vacances, l'éducation des fils, les cours d'orthographe à 40 ans pour passer enfin le certificat d'études. Mais l'autobiographie qui se met en place est pipée. En juillet 74, Louis Catella meurt au travail, écrasé sous un moule de plusieurs tonnes. Et pourtant le monologue impossible se poursuit, retraçant les étapes du deuil infini, le passage à l'âge adulte de ce fils qui n'avait que 7 ans au moment du drame. Pour lui, la figure paternelle est une mythologie façonnée par les souvenirs et les mots des autres, une rengaine unanimement élogieuse que l'on ressasse pour tromper le silence. Derrière la parole de Louis, apparaît peu à peu l'imposture du fils et un autre parcours. Celui d'un intellectuel plutôt bourgeois, cherchant la vérité, tiraillé entre le désir d'échapper à l'encombrant fantôme paternel et la peur de trahir.
Ce roman bouleversant, composé dans une langue virtuose et entêtante, associe la chronique de la France ouvrière des années 60-70 et le récit intime de l'absence, de la mauvaise conscience, la fierté et la honte mêlées des origines prolétaires.
Très beau roman qui rend hommage au monde ouvrier, aux liens père/fils et à la nécessité de trouver son propre chemin en se déculpabilisant de tout sentiment de "trahison" à l'égard de la transmission familiale... Touchant et sensible !
Louis Catella dit « La fleur », 43 ans, mouleur aux Fonderies et Aciéries du Midi raconte sa vie sous forme d’un monologue adressé au plus jeune de ses fils.
Un récit d’outre-tombe puisque Louis est décédé le 16 Juillet 1974 d’un accident du travail : « Deux ouvriers hautement spécialisés, Louis Catella, 43 ans, père de trois enfants, dont l’aîné de 16 ans travaille également au Fonderies, demeurant au 10, rue de la Petite –Pente, et Laurent Ménard 51 ans, père d’un enfant, habitant 167, avenue de la Rive travaillaient dans l’atelier(…) Au-dessus de leur tête, en permanence, un pont roulant pouvant supporter plusieurs tonnes. C’est au cours d’une opération extrêmement délicate, dernière manœuvre avant la coulée de la pièce, que le moule pesant près de sept tonnes, s’est écrasé sur les deux malheureux.
Cette mort absurde est d’autant plus tragique qu’elle unit un peu plus cet employé modèle à l’usine.
La première partie retrace les grands moments qui ont rythmé sa vie mais aussi ses petits bonheurs quotidiens qui l’ont adoucie. D’abord l’usine qu’il connait à 13 ans, la façon dont elle épuise les hommes physiquement et moralement. Elle laisse peu de place à autre chose mais Louis fait bien son travail, il a la conscience du travail bien fait. Avec l’usine, il y a aussi Mai 68, les luttes syndicales et le dévouement qu’elles impliquent, le PC, la solidarité entre travailleurs, l’espoir et l’amertume des combats perdus.
Grace à ses souvenirs nous pénétrons la classe ouvrière, appréhendons ses valeurs, ses souffrances et ses (vaines) espérances.
Dans la vie de Louis, il y a aussi la religion, mais surtout il y a Rose, l’amour et puis ses fils. Car au-delà de l’ouvrier, il y a le mari aimant qui gâte sa femme avec des livres, le père qui s’amuse avec ses garçons, souffre quand ils souffrent, leur souhaite une éducation qu’il n’a pas reçu et un meilleur niveau de vie que le sien.
Et enfin, il y a l’homme qui octroie une grande importance au savoir, à l’école, aux mots et à la littérature et qui se décide un jour de passer son certificat d’études.
Un récit familial, oui, une histoire de transmission, oui encore et surtout un vibrant hommage d’un fils à son père. Fils âgé de 7 ans lors de l’accident et qui au travers de ce récit tente autant de renouer un dialogue avec le disparu quasi inconnu que de se détacher radicalement de la figure paternelle omnisciente. L’image d’un père et mari modèle inculqué par la mère, l’image d’un ouvrier exemplaire sans cesse rappelée par les anciens collègues plane constamment.
Un récit nuancé, pudique, sensible et pour le moins touchant qui s’achève dans une dernière partie où le fils prend toute sa place dans un dialogue pour tenter d’expliquer sa tentative et dire à son père ce que lui et la société sont devenus.
Déjà vu et beaucoup trop triste....climat lourd.
Un très bon roman qui m'a re plongée dans mon enfance et les histoires de mon grand-père. L'usine, le communisme, les congès payés. Les différents narrateurs permettent différents éclairages sur cette histoire très touchante qui parle du quotidien d'un ouvrier et des risques du métier.
Louis Catella est ouvrier d’usine. Il a commencé à travailler tôt, et a donné toute sa vie aux Fonderies et Aciéries du Midi. C’est cette vie simple mais fière qu’il raconte sous forme de monologue à son jeune fils. une vie toute entière dictée par le rythme et les obligations du travail, au fil des années, des conflits syndicaux, des premières vacances en famille.
Un roman qui raconte une époque, un milieu, le poids de l’univers professionnel qui vous enchaîne, jusqu’à la fin…
Un livre dont le sujet est intéressant mais l’écriture ne m’a pas touchée, je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages.
https://familytripandplay.wordpress.com/2016/01/23/lecture-apres-le-silence-de-didier-castino/
Un roman qui sent la "sueur", le monde ouvrier. Une histoire qui dépeint avec réalisme le monde de l'usine. Un roman rare dans le milieu littéraire.
ntre chronique sociale , de Mai 68 au syndicat d'usine, et roman autour de la transmission père - fils , c'est une belle plongée dans le monde de ceux qui se taisent souvent.
L'usine en est presque le personnage principal, une vie ouvrière racontée de belle manière.
Travail, risques, rapport aux patrons, engagement militant, luttes, poids des classes sociales, mais aussi le (peu ) de place laissé au reste : famille, vacances, le tout décrit, de la 2cv à l'ami 8, avec une foule de petits détails qui nous replongent dans une époque si proche et si lointaine.
Et puis tout bascule avec la mort accidentelle du père.
Et c'est presque un autre roman qui commence, une veuve , des orphelins ... une absence à combler.
Le roman de l'absence.
Une figure de père à imaginer, reconstruire, embellir , un absent si présent.
Et la Voix du fils qui finit par se faire entendre. Qui a choisi une autre voie que celle du monde ouvrier. Se faire une petite place à côté de la statue du commandeur érigée au père, se dégager un peu de son modèle...
Un bel hommage au père, et au monde ouvrier.
http://lecture-spectacle.blogspot.fr/2015/08/apres-le-silence-didier-castino.html
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