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L'anthropologie ne sert-elle qu'à analyser les peuples exotiques ? Il faut, dit-on, de la distance pour « étudier les moeurs des autres peuples » (Descartes). On admet cependant aujourd'hui que l'on peut l'appliquer aux sociétés proches et il y a même de nombreux travaux dans ce sens. Celui-ci se veut un peu différent. Dans série de notes (rangées dans un abécédaire), l'auteur qui est plutôt spécialiste du monde arabe, fait état de sa perplexité lorsque, de retour au pays, il revoit les choses de son pays sous un jour différent, délivré en tout cas de l'illusion que nous vivons dans le meilleur de mondes possibles.
Ces réflexions, fondées sur des expériences personnelles de l'exotisme mais aussi sur une connaissance des diversités et des changements que notre société traverse, sont nourries par des souvenirs personnels, des références dans les registres les plus divers (poèmes, romans, sketchs d'humoristes, bandes dessinées, films), aphorismes d'écrivains ou de philosophes et, bien sûr, réflexions anthropologiques en bonne et due forme.
Les points d'attaque ne sont pourtant pas les grandes questions qui aveuglent nos conceptions du monde mais aux contraires, des petites choses qui croisent concrètement notre vie, et à partir desquelles on peut débattre plus librement de la nature de notre société, en miroir de celle des autres.
Il en sort une vision assez désabusée, revenant sur l'utopie absurde que serions dans une société qui avance à grand pas (inobody's perfectif) vers des lendemains qu chantent, une société en tout cas que tout l'univers nous envierait et à quoi il chercherait à se conformer. Cette illusion ethnocentriste est battue en brèche par ce divers que l'on voit éclater dans le monde.
Vision pessimiste ? Vision goguenarde plutôt, qui appelle à nous placer dans le relatif de nos différences et de nos vertus. Pour cela, il est mieux de regarder dans le détail de nos manières de faire, celles qui ne sont pas investies de notre terrible fatuité, la fragilité des systèmes. Cela on peut le voir dans les choses sans importance qui nos qualifient peut-être le mieux (la forme des sucres qu'on met dans le café, la pratique du parapluie, la disposition des toilettes dans les cafés), les choses sur lesquelles on ne nous attend pas, « sans importance » dit-on, mais qui sont autant de manières de caractériser notre monde dans sa précarité essentielle.
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