Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
C'est la fin de l'été sur cette côte atlantique. Il reste des parasols sur les plages, chaque nuit le phare de la Coubre balance sa main rouge sur la baie et la retire pour la poser sur l'océan. Charly connaît les chemins de sable qui mènent là où il n'y a personne, pas même de traces de pas. Et souvent, c'est là qu'il va, loin du monde, des mecs à corrompre, des types à travailler, du pognon qui circule, des vices qui nous servent, des putains d'immeubles à construire encore et toujours, des enveloppes de billets dont on trouve invariablement quelqu'un pour vouloir se goinfrer. Loin aussi de Lisa, la fille innocente qui a flashé sur lui. Loin surtout des soupçons de Véroncle, ce type qui porte ses cinquante piges comme un costume de lin sur mesure, cette brute polie, intelligente, pleine de manières, cet employeur qui croit que Charly l'a baisé. Baisé de 50 000 euros. Mais qui lui confie un nouveau travail. Comme s'il lui nouait une laisse autour du cou. Comme s'il savait des choses que Charly garde pour lui. Des secrets dans lesquels un homme aussi tordu que Véroncle n'a pas le droit d'entrer.
Dans un roman qui slame, qui cogne, qui brûle, David Patsouris chante six journées de sang, de sexe et de mort dans la vie d'un homme qui hait son prochain comme lui-même.
Encore une fois, je me lance dans un livre sans en connaître ni l’auteur ni l’histoire. Seule la maison d’édition Rouergue Noir laissait présager une nouveauté à découvrir.
Dès les premières lignes de ce court récit, on entre dans la tête du narrateur, Charly le dingue. Celui-ci nous prévient de suite : il n’est pas un homme respectable et fait plutôt dans le banditisme. Effectivement, il officie en tant qu’homme de main pour de puissants trafiquants. On va le suivre durant les six jours qui suivent un tragique accident de chantage. Sa vie déjà très compliquée va alors être bouleversée.
Grâce à des phrases courtes et percutantes, David Patsouris retranscrit avec précision l’état d’esprit perturbé de son personnage. On endure ses coups durs et on ressent toutes ses émotions. Mais sous ses airs de monologue de sociopathe déprimé, ce petit livre aborde plusieurs sujets intimes. Ces sujets vont permettre au narrateur de rester en contact avec la réalité et de ne pas perdre pied. Tout d’abord, il parle de rédemption. Charly ressasse constamment son passé trouble et se reproche ses actes passés. Tous ses remords influencent son comportement et ses réactions du moment sont guidées par son désir de repentance. Cette aventure s’attarde aussi sur le pouvoir de la famille. L’auteur nous montre que les liens familiaux peuvent déstabiliser n’importe quel individu, aussi associable soit-il. La descendance, l’héritage sont des données qui peuvent remettre en cause bien des principes et donner d’autres alternatives aux décisions que l’on prend. Avec tout ça, les dérives de Charly pourraient être jugulées. Cependant lorsque le destin s’en mêle, tous les bonnes résolutions tombent à l’eau. Les vieux démons refont surface, pour essayer de contenir une situation devenue incontrôlable.
En conclusion, j’ai trouvé intéressante cette immersion dans les méandres d’un cerveau torturé et dérangé. David Patsouris est un auteur à découvrir. Il maîtrise son roman de bout en bout et j’ai hâte de voir ce qu’il sait faire sur un autre thème.
Bon, ça y est, je sais enfin ce que j’aime précisément en matière de polar !
D’abord, si l’action se passe dans la Creuse, le Massif Central ou la Basse-Normandie, je prends. L’exotisme ne me séduit pas spécialement, je n’ai jamais mis un pied en Amérique ni en Chine. Les polars sous la neige me fatiguent. Le sud ne m’attire pas du tout. A la limite, j’accepte la Belgique et encore… (Vous apprécierez l’ouverture d’esprit !) Et après, je me vante d’être pro-européenne…
Alors, le dernier livre de David Patsouris : Ainsi débute la chasse remporte haut la main la première manche : en effet, l’action se passe à… (roulements de tambour) : Royan et Royan en ces termes (attention, on décolle) : « Royan n’a pas changé. Royan reste Royan, avec ses immeubles à retraités, ses ronds-points fleuris qui plaisent tant aux retraités, sa plage réensablée chaque année pour le plus grand bonheur des retraités, ses innombrables pharmacies à retraités, ses magasins de déco qui occupent tant les retraités, ses banques où les retraités mettent leur pognon, ses hypermarchés où traînent les retraités, ses restos typiques, standardisés et si chers pour piquer le maximum de blé aux retraités et ses maisons de la presse où les retraités viennent acheter leur journal de retraité. Non, Royan n’a pas changé : une ville de retraités bouffée par la promotion immobilière et l’allongement de la durée de la vie. » Pas mal, hein, cette petite mise en bouche ! Le lieu est planté et cette citation va me permettre d’aborder un deuxième critère : j’aime le polar social, sociétal comme on dit maintenant, le polar qui a les pieds englués dans notre époque… alors là, je me suis régalée avec le Patsouris parce qu’on est plongé dans des histoires politico-immobilières bien juteuses pour ceux qui sauront se placer, quitte à effrayer, menacer, faire chanter ou dégommer ceux qui gênent… Du vécu !
Troisième point : le personnage : flic ou truand. Ici pas de flic mais un truand méchant, un tueur, c’est comme ça qu’il se définit et qu’il se déteste. Parce qu’il se déteste. Être du côté du mal, il en a assez. Ses nuits sont ruinées par ses morts qui viennent lui parler et notamment un certain vigneron de Cognac qu’il a autrefois défoncé avec une batte de baseball, un syndicaliste viticole du nom de Bellion qui revient lui parler tous les soirs : « Charly, t’as gagné combien pour me tuer ? Charly, as-tu pensé à mes gosses ? A ma femme ? »
Et Charly dort mal, très mal. Suite à ce meurtre, il a dû quitter la région et s’éloigner, en Martinique, pour se faire oublier. Longtemps. Puis, il est revenu et de nouveau, c’est reparti et Bellion continue à hanter ses nuits.
A son retour, il a rencontré Véroncle, un pourri de chez pourri : « Véroncle est officiellement un gentil consultant. Véroncle est officieusement un pur fils de pute. Son job, officiellement, c’est la communication, la promotion, les relations publiques. Son job, officieusement, c’est l’extorsion, la corruption, la pression. » Véroncle le manipule et s’amuse avec lui. Jusqu’où ? Véroncle n’a aucune limite, Charly non plus.
Donc, mon truand (ou mon flic) pas trop bien dans ses baskets et dans la société pourrie dans laquelle il baigne et qui aurait besoin d’une overdose de vacances… je l’ai !
Ben voilà, j’ai tout : Royan, un monde politique archi corrompu et un truand dur et tendre, bien mal dans sa peau…
Et dernière chose… (et souvent, on court après) : l’écriture. Un travail de l’écriture, un vrai, ce n’est pas si courant que ça dans le roman policier ! Eh bien ici, certains passages ont la beauté d’un poème, ils envoûtent, enflamment, fascinent complètement le lecteur, on se laisse littéralement ensorceler. On n’est pas loin du slam dans le rythme. Très prenant !
C’est pourquoi, mes chers lecteurs, je ne peux que vous recommander ce roman noir que vous allez dévorer en moins de deux parce qu’il y a un suspense terrible, parce que je ne vous ai pas tout dit et qu’en réalité, c’est encore bien mieux que ça !
Juste une chose encore, si vous avez des titres qui correspondent aux critères énoncés ci-dessus, n’hésitez pas !
Lireaulit : http://lireaulit.blogspot.fr/
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