Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
1965. Entre l'URSS et les États-Unis, l'heure est à la détente, et un grand concert est organisé à New York, devant le siège de l'ONU, pour célébrer leur rapprochement. L'organisatrice soviétique, Raïssa Demidova, a fait le déplacement avec ses deux filles.
Resté en Russie, leur père et mari Leo Demidov s'inquiète. Ancien agent du KGB, il flaire quelque chose... Et son instinct ne le trompe pas : un chanteur noir américain, fervent partisan communiste, est abattu en plein concert, et c'est Raïssa qui est accusée du crime.
De Moscou à Manhattan, en passant par l'Afghanistan, la quête de vérité de Leo va secouer le rideau de fer...
Je démarre cet avis avec un regret... Tom Rob Smith nous a privés de Leo Demidov pendant 10 ans! De Kolyma en 1956 nous passons en 1965, à Moscou, pour terminer en 1981 à New York.
Avec Enfant 44, nous étions enfermés en URSS. Avec Kolyma, nous tentions une incursion en Hongrie, bastion communiste. Avec Agent 6, l'ouverture est décomplexée pour découvrir le monde, entre l'Afghanistan et les States.
D'agent du MGB, en passant par enquêteur criminel, Leo est devenu directeur d'une usine, s'occupant de logistique et de comptabilité, respecté de ses employés. Il est toujours marié à Raïssa, leurs liens se sont resserrés au fil des années, tout comme ceux qu'il a péniblement tissés avec ses deux filles adoptives, Elena et Zoya.
Mais ce fragile équilibre est rompu par le voyage de Raïssa avec ses deux filles, à New-York, pour un concert de charité censé rapprocher les deux pays. Tout le monde est surveillé par le KGB, scruté par la CIA.
Un sympathisant communiste noir, ancien chanteur à succès, victime du maccarthysme, Jesse Austin, est assassiné sous les objectifs des photographes, en présence de Raïssa et de sa fille. Elles se retrouvent accusées. Et Leo est loin, impuissant. Et le drame continue...
Cet opus est l'occasion de parler de la guerre froide. Des manipulations de communication de L'URSS pour gagner de fervents sympathisants à leur cause, de l'espionnage et du contre-espionnage, guerre larvée entre KGB et CIA, de la chasse aux sorcières menée par les États-Unis envers toute personne suspectée de verser vers le communisme, du racisme dont les noirs sont victimes. Et toujours et encore ce manque de liberté d'expression, cette pression sur les individus, obligés de se surveiller en permanence pour ne commettre aucun faux pas.
J'ai adoré ma lecture jusqu'aux événements de New-York. Après l'assassinat de Jesse Austin, tout se ralentit, s'opacifie dans les vapeurs d'opium , tombe en dépression, comme Leo...
Après une tentative avortée de quitter le pays, Leo, arrêté, échappe à l'exécution en acceptant de recruter des agents pour une police secrète, en Afghanistan. Là, la rencontre avec la jeune Nara va redonner un coup de fouet à l'histoire et à la recherche du coupable de l'assassinat de New-York. J'ai apprécié, comme toutes les références historiques de cette trilogie, cette parenthèse afghane et l'explication de l'origine de l'engagement russe dans ce pays... mais elle a émoussé mon intérêt pour la famille de Leo.
Je pense que la vie de Leo aurait mérité un développement plus approfondi, mon attachement pour le personnage s'étant effiloché dans ce dernier tome. Ses filles sont malheureusement trop absentes et leurs relations avec le père n'ont pas suffisamment été explorées. La quête de justice de Leo s'est un peu perdue en route également dans le deuil et le désespoir.
L'Agent 6 aurait mérité, à mon sens, d'être réparti sur deux tomes pour maintenir l'intensité historique et l'empathie que le lecteur éprouve pour Leo qui aura eu une vie trépidante.
Toutefois, malgré quelques bémols sur ce dernier opus, en synthèse, j'ai adoré cette trilogie mais c'est Enfant 44, le 1er tome, qui reste mon coup de cœur absolu!
« Agent 6 » est le dernier volume de la trilogie « Leo Demidov » qui m’aura fait voyager dans 30 ans d’histoire soviétique, du Stalinisme triomphant au bourbier afghan. « Agent 6 » déroule son intrigue sur 3 époques : 1950 et la rencontre entre Raïssa et Léo, seulement décrite dans les autres livres, elle est ici la toile de fond de l’affaire « Jesse Austin », un chateur noir américain et communiste. 1965, Raïssa et ses deux grandes filles participent à un concert pour la paix au siège des Nations-Unis. Mais ce voyage tourne au drame pour Jesse Austin et Léo, bloqué en URSS ne pourra rien empêcher. 1980 à Kaboul, Leo est à la dérive à cause des évènements de New-York, drogué, il participe mollement à la conquête des l’Afghanistan avant de faire la rencontre qui va le remettre en selle. « Agent 6 » est meilleur que « Kolyma » dont toute la partie à Budapest était confuse et moyennement intéressante. Ici, sans trop en dévoiler, que ce soit toute la partie à New York ou celle de l’Afghanistan, on ne décroche pas. Même si l’aventure de Raïssa, Elena et Zoya à NY tire un peu en longueur (dans le genre suspens d’un drame qui met longtemps à se mettre en place !) mais la fin laisse u peu abasourdie. Passé ce rebondissement, toute la partie à Kaboul parait d’abord étrange, on ne voit pas d’emblée où cette intrigue va rattraper celle de NY. Mais çà finit par arriver, et à la fin d’ « Agent 6 », la boucle est cruellement bouclée pour cet ancien membre du MKB qui traquait les opposants sans états d’âmes. Au travers du destin de Léo, c’est toute l’histoire de l’URSS qui se trouve incarnée et le Léo de la fin du dernier volume préfigure la fin d’un empire en pleine autodestruction. Le style de Smith redevient efficace (après « Kolyma », j’avais des doutes, je le trouvais de plus en plus laborieux), c’est très bien documenté. Sa vision de la crise afghane n’est pas inintéressante, plutôt nuancée politiquement (pour un roman occidental), j’ai même appris des choses. « Enfant 44 » était un polar, « Kolyma » un thriller politico-historique et « Agent 6 » creuse cette veine, en mieux.
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