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La date de 1602 traditionnellement donnée pour la naissance d'Abraham Bosse à Tours a été récemment corrigée en 1604, grâce à la découverte de son contrat d'apprentissage, signé le 16 juillet 1620, qui mentionne que le jeune homme est alors âgé de 16 ans ou environ. Il meurt à Paris le 1er février 1676.
Fils d'un tailleur originaire d'Allemagne immigré à Tours, de religion protestante, Abraham Bosse fait son apprentissage à Paris, chez Melchior II Tavernier, venu d'Anvers, un des éditeurs d'estampes et de livres illustrés les plus importants du premier tiers du XVIIe siècle.
Il est un graveur capital de cette époque, qui est aussi celle de la véritable naissance et du développement en France de la gravure en taille-douce. On lui attribue environ 1600 pièces, toutes techniquement impeccables, pleines d'esprit et d'élégance, traitant de tous les thèmes, qu'il s'agisse de religion, d'histoire, de géographie, de sciences, d'illustrations de romans à la mode.
Volontiers pédagogue, il est le premier à publier un manuel technique de gravure, Traité des manieres de graver en taille douce sur l'airain par le moyen des eaues fortes et des vernix durs et mols. Ensemble de la façon d'en imprimer les planches et d'en construire la presse (chez l'auteur, 1645), réédité et traduit en une dizaine de langues européennes jusqu'au XIXe siècle et, aujourd'hui, même en japonais. Sa lecture demeure une excellente introduction à l'étude de l'estampe ancienne et peut toujours servir aux graveurs intéressés par le métier. La publication en a été précédée par celle, en 1642 et 1643, de deux planches majeures, L'Imprimerie en taille-douce et L'Atelier de gravure, parfaitement démonstratives.
Mathématicien et géomètre, Bosse se passionne pour les théories du géomètre Girard Desargues et publie nombre d'ouvrages sur la perspective, discipline qu'il enseigne à l'Académie royale de peinture et de sculpture tout nouvellement créée, avant de s'en faire expulser en 1661 pour son manque de souplesse. Les querelles autour des problèmes de la perspective appliquée aux beaux-arts occupent la fin de son existence.
Le travail de Bosse pour le livre est important puisque à peu près la moitié de son oeuvre y est consacrée. Si le livre religieux est bien représenté le protestantisme de Bosse semble fort bien s'accommoder des figures de la Vierge et des saints, si la littérature classique (15 planches pour l'Énéide dans la traduction de P. Perrin, 1648) ou moderne (18 planches d'après Vignon pour l'Ariane de Desmarets de Saint-Sorlin, 1638; 14 planches pour La Pucelle de Chapelain, 1656) lui permet de fournir des chefs -d'oe uvre, de même que la recherche scientifique (38 planches publiées, mais bien d'autres gravées, destinées aux Mémoires pour servir l'histoire des plantes de Dodart, 1676), c'est pour les ouvrages de Desargues (307 planches) et pour les siens propres (276 planches) qu'il exécute le plus grand nombre de figures.
Néanmoins, ce sont les scènes des métiers et de la vie quotidienne qui rendent le mieux compte de l'originalité de son talent. Il y fait preuve d'une grande correction de dessin et d'une exceptionnelle maîtrise de l'eau-forte, à laquelle il donne la rigueur du burin sans en garder la froideur. Son sens du détail et de l'exactitude, la précision de son observation, qui ne sont d'ailleurs pas incompatibles avec un certain humour, font de la plupart de ses estampes des témoignages capitaux sur son époque. Elles ont servi d'illustrations pour les manuels d'histoire de France pendant tout le XXe siècle et sont plus que célèbres, même si le nom de leur auteur est souvent oublié.
Cet ouvrage est le catalogue commun des deux expositions qui rendront hommage à Abraham Bosse, à l'occasion du quatrième centenaire de sa naissance, au musée des Beaux-Arts de Tours, sa patrie d'origine, et à la Bibliothèque nationale de France. L'exposition de la BNF, qui insiste davantage sur les débuts de Bosse et sur les graveurs de son temps (Brebiette, Vignon, Callot, Nanteuil, Mellan et Lasne), introduit celle de Tours (dont les commissaires sont Sophie Join -Lambert et Philippe Le Leyzour), où l'accent est porté sur l'aspect scientifique de l'oeuvre.
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