Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

20 photographies

Couverture du livre « 20 photographies » de Alain Bonfand aux éditions Publie.net
Résumé:

Je résume : là où l´on attend un mur, la paroi, le pan d´un édifice, s´impose l´édification du végétal, et le tronc du sapin est le pilier autour duquel ce mur vert s´organise, mais il est aussi le pilier qui tient l´image. Il travaille architectoniquement à l´intérieur de l´image, mais d´abord,... Voir plus

Je résume : là où l´on attend un mur, la paroi, le pan d´un édifice, s´impose l´édification du végétal, et le tronc du sapin est le pilier autour duquel ce mur vert s´organise, mais il est aussi le pilier qui tient l´image. Il travaille architectoniquement à l´intérieur de l´image, mais d´abord, avec et selon le cadre. Oui, au sens propre du mot il « tient » l´image. Le poteau d´angle en maçonnerie assure de son côté la délimitation du cadre (il me vient aussi à l'esprit qu'il donne étrangement une mesure, une échelle à ce qui est montré là, il est un élément d´architecture au sens réel du mot, au même titre qu'un immeuble le serait, et contribue à ce que s´impose dans l´image, cette paroi végétale, soit précisément si imposante). Par ailleurs, la partie droite de l´image, laissée vide, redouble le paradoxe : c´est le vide qui assume la solidité du cadre, et fait entrer et tenir cette paroi végétale dans l´image, en la tenant à la façon du cadre d´un tableau : mais là un seul bord suffit, à partir du moment où la verticalité est scandée par le tronc-pilier que j´évoquais. Il faut donc des fondations à cette image, et le trottoir et la barrière endossent ce rôle.

Alain Bonfand (extrait) Parmi les mutations qu'Internet a produit ou provoqué, les plus profondes sont souvent les moins immédiatement perceptibles - dans le champ des arts, ce serait à la fois la mise en relation des travaux et la mise en tension de leurs échanges sans hiérarchisation de l´image et des textes qui voudraient s´en saisir. Les travaux de plasticiens non seulement deviennent facilement visibles, mais radicalement visibles, par expositions sur la Toile des évolutions de la démarche, des séries depuis le projet jusqu'à leur terme jamais finalement épuisé. À la fois galerie et atelier, c´est cette ouverture qui nous est donnée et qu'il nous faut, non plus seulement recevoir, mais penser.
Ce qui est nécessaire en effet, c´est de refuser le cloisonnement ancien des pratiques - de mettre en relation le travail sur la langue et le travail plastique sur la matière. Le Net engage précisément une mise en relation des travaux sans se préoccuper ni de la nature intrinsèque de ceux-ci, ni de leur prétendue hiérarchie. Pictura et poesis donc, dans le même souci de s´emparer de l´un et de l´autre, et l´un par l´autre, non pas pour réduire et annuler leurs spécificités, mais pour interroger les pratiques, faire circuler les énergies, produire des relations par flux d´intensités nouvelles.
Parce que les arts plastiques, graphiques, photographiques ou picturales nous apprennent plus qu'à voir le monde : à le dévisager, l´envisager sous des rapports qui le renouvellent, l´approfondissent, et l´élargissent, l´écriture apprend peu à peu en retour à produire une langue neuve à l´épreuve des territoires que ces arts arpentent.
Le parti pris de cette collection est de confronter un travail plastique à un texte qui voudrait, sans souci d´illustration, le prendre en charge - charge d´énergie, ici encore. Refusant l´illustration ou l´explication, les textes qui s´affronteront aux images, voudraient seulement interroger de l´intérieur les possibilités du regard du plasticien, dans sa tâche de désignation du monde, de révélation chimique du réel : double charge de nomination.
L´enjeu est évidemment double - donner à des artistes la possibilité de montrer leur travail dans un contexte politique et économique qui leur donne de moins en de moins de place, alors que la production plastique nous est de plus en plus vitale ; et permettre plus qu'un dialogue, une véritable mise en relation des langues et des regards, en frères.
Le premier livre que la collection portfolio de Publie.net propose est un travail photographique du jeune plasticien Lukas Hoffmann, auquel le philosophe Alain Bonfand répond, littéralement par une lettre adressée à l´artiste, et que nous reproduisons ici.
Cette lettre se clôt en toute simplicité et évidence par l´amitié qui signe en quelque sorte autant les propos de A. Bonfand, que la nature de cet échange - amitié d´un travail qui exige de l´autre à se porter à hauteur du regard, amitié de la relation produite dans et par l'oeuvre lue, comme par emprunt de ce regard qui rehausse le monde à nos yeux.

Arnaud Maisetti

Donner votre avis