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Pour sa première livraison de l'année en cours, 1895 revue d'histoire du cinéma présente un numéro varia abordant à la fois des aspects de réflexion méthodologique sur l'histoire du cinéma (« L'histoire du cinéma à l'heure du numérique »), une réflexion sur un cas concret lié à une exposition actuellement en cours à Paris (le cinéma des premiers temps et le discours médiatique du « crime » au début du siècle) et des études particulières touchant à des périodes très diverses de l'histoire du cinéma: le cinéma forain, la Ligue de l'enseignement et le cinéma éducatif, les mésaventure de Joris Ivens en Italie. Ainsi qu'un dossier Edgar Morin dans la rubrique Archives et une exploration du fonds André Antoine, et de riches rubriques d'actualités comportant comptes rendus de festivals, expositions, livres, revues et DVD.
Dans « L'histoire du cinéma à l'heure du numérique », texte collectif issu des Journées d'études organisées par l'AFRHC en novembre 2014, trois approches qui connaissent depuis quelques années des développements significatifs sont envisagées: l'histoire des techniques, l'histoire sociale, l'histoire des spectacles et l'historiographie proprement dite. Le contexte actuel qui voit les archives « film » et « papier » être numérisées en grandes quantité, rendues plus accessibles, des systèmes d'indexation, de classement, de catalogage nouveaux apparaître, des collaborations internationales en être favorisées ainsi que de modalités inédites de publication a servi de cadre à une interrogation qui débouche sur une réflexion épistémologique concernant la discipline. En histoire du cinéma la notion de dispositif, soit un système interactionnel régissant les relations au sein de la triangulation film-spectateur-machinerie, n'est-elle pas devenue la plus opératoire pour sortir des approches sectorielles, parcellaires et surtout pour sortir du cantonnement du cinéma dans une sphère « artistique ».
Dans leur « Point de vue », Alain Carou et Matthieu Letourneux examinent comment les représentations du crime « Belle Epoque » dans le cinéma des premiers temps sont à resituer dans un discours médiatique principalement porté par le journal, entre fiction et actualité, texte et image, culture de l'imprimé et du spectacle, visions de terreur et pratiques du rire. Un imaginaire qui s'invente tout au long du XIXe siècle. Les trois pôles qu'investit le cinéma criminel - attraction, actualité et fiction -, sont en prise directe avec le discours médiatique et ses héritages.
Les trois « Etudes » sont consacrées respectivement à trois objets que des recherches en archives et des démarches originales renouvelent. Arnaud Le Marchand étudie la période foraine du cinéma et en particulier la marginalisation des forains dans la diffusion et l'exploitation à partir de 1912 en partie due à la loi de 1912 stigmatisant le nomadisme. Nathalie Sevilla montre comment la Ligue de l'enseignement créa un maillage national de cinéma éducateur laïque entre les deux guerres, suppléant les carences des pouvoirs publics et s'affrontant d'ailleurs à l'hostilité de celles-ci. Avec une « Affaire Ivens en Italie », Stefanio Missio enquête sur un film commandé au célèbre documentariste par la RAI et l'ENI, L'Italia non è un paese povero, dont la sortie fut entravée et la version diffusée à la télévision caviardée en raison du discours politique du film.
La rubrique « Archives » présente d'une part le riche Fonds André Antoine de la BNF (Manon Billaut) et d'autre part un dossier autour d'Edgar Morin et son approche sociologique du cinéma, entamée avec Georges Friedmann puis dans la revue Communications. Plusieurs textes de Morin sont repris de revues des années 1950 dont une critique du Cri d'Antonioni.
Les « Chroniques » s'attachent à l'exposition « Filmer la guerre. La Shoah vue par les Soviétiques », au « Cinema ritrovato » de Bologne et à une série d'ouvrages, revues et DVD récemment édités dont sont proposés des comptes rendus critiques.
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