"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Qu'avais-je, moi, pour commencer ? Une adresse : 12 bis, avenue du Maréchal-Joffre 78800 Houilles. Je n'aimais rien dans cette localisation. » 12 bis, avenue du Maréchal-Joffre, à Houilles. C'est son adresse. Banale, comme elle. Hôpital-maison-bac avec mention : un pur esprit dans un corps frêle et l'âme perdue dans un sfumato proche de la brume du lac de Côme. Mais voilà qu'un jour, réfugiée sur son toit, Léa acte la rupture. L'été est là. L'heure des possibles. Le moment rêvé pour quitter les siens et surtout, vérifier si la banalité du lieu où l'on vit détermine la grandeur de son destin.
Elle tient l'itinéraire parfait : parmi les milliers d'occurrences trouvées sur Google, quatre « 12 bis », des êtres dont elle ignore tout et veut tout savoir. 2615 kilomètres plein Sud, de Mérignac à La Colle-sur-Loup en passant par Tarbes et Biarritz, pour goûter à l'art des jardins sauvages, vivre sa vie à l'envers, rire de la colère et qui sait ? apprendre à aimer sa mère.
Léa est tout juste majeure, elle sort de l’hôpital où depuis quelques années elle enchaîne les séjours. Léa évoque très rapidement les raisons qui l’ont poussée un jour à arrêter de s’alimenter, mais s’attarde de façon imagée et très poétique sur son état du moment « Ma vie est un carré blanc sur un fond blanc. Comme une toile de Kasimir Malevitch. Atone au premier regard. Plus subtile que ça dans le fond ».
Un jour où elle monte sur le toit de son immeuble, elle qui se dit « faite pour les équilibres instables », prend conscience qu’elle seule a les clés de sa guérison.
Elle se lance un défi : savoir si on peut avoir un vrai destin, être heureux en habitant à une adresse ordinaire dans une ville quelconque. Quelconque mais pas n’importe laquelle : le 21 bis avenue du Maréchal Joffre, que l’on soit à Houilles (Yvelines) ou ailleurs. Et même le ailleurs fera l’objet de recherche pour le choix final des quatre villes / personnes sélectionnées.
Pour relever ce défi, elle doit partir, seule, couper le lien avec ses parents. Sa mère, qui a mis sa vie entre parenthèses, voire arrêté de vivre pour s’occuper de sa fille, se sent lâchée, abandonnée. Son père redoute son départ, mais la laisse partir, plus ou moins conscient des conséquences que cela pourra avoir sur l’équilibre familial.
Léa part ainsi à la rencontre des habitants du 21 bis avenue du Maréchal Joffre à Mérignac, Biarritz, Tarbes et enfin La Colle-sur-Loup. Chacun leur tour, chacun à leur façon, Joseph, Milo, Marceau et Garance joueront un rôle crucial dans la reconstruction de cette jeune femme à la fois fragile et si forte, et surtout étonnante et bouleversante. Mais je vous laisse les découvrir.
J’ai aimé la construction alternée du roman entre le récit de Léa, à la première personne, et celui de tous les autres protagonistes, à la troisième personne. Alors oui c’est parfois un peu tiré par les cheveux, certainement improbable de voir les planètes s’aligner aussi facilement, mais malgré tout cela, ce roman m’a laissé une jolie note de fraîcheur, de douceur, de bonheur simple, de retour à l’essentiel, et ça fait du bien.
Doux, poétique et d'une bienveillante mélancolie, laissez-moi vous présenter le roman que j'aurais aimé écrire : 12 Bis, avenue du Maréchal Joffre, d'Anne de Kinkelin et édité dans la très belle collection Traversée chez Harper Collins. Maison d'édition que je remercie chaleureusement pour l'envoi de ce livre très réussi. Pour preuve ces quelques phrases :
"Je suis une vraie-fausse malade. Vraie, parce que mes parents passent leur temps à me regarder avec des yeux condescendants. Fausse, parce que ma maladie ne rentre pas entièrement dans le Vidal."
De cet extrait de première page, l'auteure pose l'ambiance de son second roman en quelques phrases. de la maladie il sera question, un peu, mais surtout du questionnement intérieur d'une jeune femme en pleine rupture familiale.
Cette fille c'est Léa. 18 ans à peine au compteur et une habituée de l'hôpital depuis près de 10 ans. Son mal ? Une anorexie émotionnelle qui passe par l'assiette.
"J'ai perdu le goût de l'assiette le jour où j'ai oublié de sourire." dit-elle. Ça ne s'invente pas...
Alors elle se réfugie sur son toit et observe la banlieue parisienne rêvant de déambuler, elle aussi, dans quelques rues du monde. Et soudain, une révélation, enfin ! Prisonnière du regard et de l'attention parentale, Léa prend conscience du malaise. Fraîchement diplômée du bac et l'été pointant le bout de son nez, c'est décidé, Léa part à l'aventure. Oui, mais pour aller où, comment, dans quel but ???
Prendre une adresse. Et pourquoi pas la sienne, le 12 Bis avenue du Maréchal-Joffre ? Rien ne lui plaît dans celle-ci. Mais peut-on avoir un destin avec une adresse aussi banale ? En choisissant au hasard quatre habitants du "12 Bis", c'est décidé, Léa part à la conquête d'elle-même.
De Mérignac à La-Colle-sur-Loup en passant par Tarbes et Biarritz, la bachelière sillonne le sud, son coeur palpitant un peu plus au gré des rencontres. Léa retrouvera-t-elle le goût du sourire ? Et si cette quête lui ouvrait enfin les yeux sur ses parents et peut-être retrouvez une place auprès de sa mère ?
Histoire d'une naissance , d'un envol, d'une liberté, ce roman est avant tout celui d'un apprentissage. L'apprentissage des émotions, des autres, de soi, avec dans l'ombre toujours ce rapport au corps et la maladie.
Ponctuée de phrases courtes et percutantes qui m'ont d'ailleurs fait penser à Loulou Robert, cette histoire résolument optimiste révèle une poésie écrite avec beaucoup de sincérité et de simplicité.
Émouvant et terriblement élégant craquez pour cette invitation au voyage.
Prêt pour ce nouveau podcast ? Retrouvez cette chronique tous les jeudis sur ZED, webradio francophone qui émet depuis le Chili ainsi que sur Allô la Terre.
Lien blog : http://bookncook.over-blog.com/2020/08/12-bis-avenue-du-marechal-joffre-anne-de-kinkelin-9.html
C'est l'histoire de Léa, une jeune femme, anorexique depuis huit ans déjà, perdue dans ses émotions.
C'est l'histoire de son émancipation, de sa quête existentielle, de sa reconstruction, de son besoin de vivre, de sa renaissance.
Nous la suivons dans cette quête qui paraît insensée, ou tout du moins inconsidérée, avec un questionnement étrange : Peut-on vivre à une adresse banale, et avoir un destin ?
Elle décide donc de prendre ce fameux destin en main, de sortir de la case qu'on lui a attribuée, elle, la jeune femme malade, et dans laquelle elle s'était endormie. Elle décide de prendre sa vie en main, hors du carcan familial, et de partir en voyage, en quête de soi.
Pour répondre à son questionnement, elle choisit 4 personnes, qui vivent à la même adresse banale, mais dans 4 villes françaises différentes.
Une idée, qui semble saugrenue, et qui lui vaut des accueils variés, déstabilisants, étonnants, voire même déplaisants... mais chaque rencontre apporte de l'eau à son moulin de la vie.
Au fil de son périple, elle vit une réelle renaissance, mais en chemin, et dès son départ, elle bouleverse la linéarité de son existence, ce qui, par un effet de dominos, risque bien d'avoir des conséquences dans la vie d'autres personnes.
N'oublions pas que nous sommes tous interconnectés, nous, humains sur la planète Terre. Si nous semons des graines, il est probable que la vie refasse surface, évolue, change, prenne une autre dimension.
J'ai grandement apprécié de suivre Léa dans son périple et sa quête de sens. Et j'ai beaucoup aimé la plume de l'auteure, tout en sensibilité, délicatesse, douceur, poésie.
N'êtes-vous pas en ce moment en train de ressentir des picotements dans vos jambes... comme une vie de voyage ?
Je trouve la couverture magnifique avec cette main levée comme si elle essayait de toucher les nuages à travers la vitre par une journée ensoleillée. J’imagine que c’est le paysage qu’elle découvre pendant un trajet en train que Léa.
Ce roman est à la fois à la première personne, Léa dix huit ans et certains chapitres sont à la troisième personne, ce qui fait que le lecteur à une vue d’ensemble contrairement à notre jeune héroïne.
Léa malgré son jeune âge a déjà un passif assez conséquent. On va avoir un condensé de huit d’anorexie et de souffrances. Des allers retour à l’hôpital à frôler la mort. Des relations familiales toxiques autant pour elle que pour ces parents. Famille dysfonctionnelle que l’on va découvrir de chapitre en chapitre.
Léa a un déclic à dix-huit ans avec son bac avec mention en poche. Elle décide de couper le cordon ombilical de manière surprenante. Elle décide d’aller à la rencontre d’inconnus habitant à la même adresse qu’elle dans d’autres villes de France pour découvrir si avec une adresse aussi banale on peut avoir un destin.
Le lecteur va découvrir ces inconnus avant elle puis avec elle …
Léa crée au fur et à mesure qu’elle progresse dans sa quête des déséquilibres. Elle bouleverse l’ordre des choses pour créer un autre équilibre. On pense au début qu’elle va prendre ce dont elle a besoin mais on se rend bien vite compte qu’elle a beaucoup à apporter en retour, ce n’est pas juste action-réaction.
Mais tout le monde est-il prêt à la recevoir ?
Le chaos qu’elle a laissé en partant de la cellule familiale va avoir des conséquences sur son parcours. Ce n’est donc pas une succession de rencontres, c’est à chaque fois une expérience, d’autant que chaque étape la fait elle-même évoluer.
Il y est question de sentiments, d’amour de soi et d’amour pour l’autre … ou le manque de tout cela.
Léa est très touchante par sa sincérité. Les mensonges et les non-dits lui ont fait tant de mal. Elle le dit elle-même l’hôpital lui a appris qu’il fallait être vrai, ne pas se tromper soi-même.
J’ai beaucoup aimé cette galerie de portrait d’être à fleur de peau même si certains je ne les ai pas apprécié !
C’est un roman qui parle des blessures qu’on peut s’infliger à soi ou à l’autre. Je n’en dirais pas plus pour vous laisser découvrir.
Cette histoire c’est aussi celle des graines que l’on sème sur son chemin de vie et qui parfois donnent de belles prairies. Une nouvelle fois je suis emportée par un voyage initiatique, une voyage de formation et j'y ai pris grand plaisir.
Merci d'avoir donné en fin de volume les titres des chansons qui ont donné le titre de chaque chapitre.
Et si une adresse pouvait influencer sur le destin de quelqu’un ? C’est ce que Léa va se demander. Cette jeune fille, qui a dû se battre toute sa vie pour sortir des affres de l’anorexie, a décidé de reprendre son quotidien en main à tout juste dix-huit ans. C’est un long voyage qui va débuter pour elle, puisqu’elle a pour but de rencontrer quelques personnes habitant tout comme elle au 12, Avenue du Maréchal-Joffre, mais dans d’autres villes de France.
Si j’ai apprécié ce roman, j’en attendais malgré tout davantage, et j’ai eu des moments où l’intérêt pour cette lecture se délitait quelque peu. Le postulat de départ est des plus intéressants, constituant la promesse d’un voyage initiatique. C’est vraiment ce qui m’a plu dans ce récit. La reconstruction de Léa comme fil conducteur est très émouvante à suivre.
Au gré de ses voyages et de ses rencontres, Léa va apprendre à se remettre en question, à se redécouvrir et à se donner les solutions pour évoluer. Les rencontres ne se feront pas toujours en douceur et parfois, le chemin sera semé d’embûches.
J’ai donc fortement apprécié ce pan du roman, constituant un apprentissage poétique, mais là où j’émets quelques bémols, c’est quant aux questionnements internes trop présents de la part des protagonistes, et qui ont parfois émaillé mon plaisir de lecture. Je les ai trouvés trop nombreux et l’auteure m’a parfois perdue. J’aurais voulu davantage un côté romancé de l’histoire et non pas juste le pan initiatique du récit.
La plume de l’auteure est emplie de douceur et très poétique. C’est un style très plaisant à suivre et la beauté de la mélodie des mots est indéniable. Les chapitres sont bien partagés, suivant à tour de rôle les impressions des personnages. Les passages faisant référence à Léa sont narrés à la première personne.
Un beau roman sur la reconstruction. C’est un véritable voyage initiatique que va mener la protagoniste. Même si je me suis parfois un peu perdue dans les questionnements internes incessants des personnages, cela reste une belle découverte.
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