Chine, 1969. Zhu Xiao-Mei est cataloguée « être de mauvaise origine » car elle est la fille de bourgeois cultivés.
Chine, 1969. Zhu Xiao-Mei est cataloguée « être de mauvaise origine » car elle est la fille de bourgeois cultivés.
Un document certes indispensable et qui satisfera les amateurs d'histoire contemporaine ou de grands destins personnels (la fameuse petite histoire dans la grande) mais dont le style maladroit décevra les autres.
J’ai découvert cet écrit et son auteure avec grande émotion.
Le récit d’une pianiste chinoise qui a vécu les camps de mao, leur « rééducation », les séances d’autocritiques, la dénonciation ; en clair le système totalitaire destructeur tel que décrit par Hannah Arendt. L’auteure y fait d’ailleurs référence dans un passage.
C’est avec simplicité, intelligence, émotion, humour que Xiao Mei nous transmet son témoignage comme si elle parlait à chaque lecteur personnellement de ce que elle a été amenée à traverser, des conséquences sur son développement psychologique, ses études, sa vie.
J’ai apprécié l’écrit et, en même temps, son auteure à travers le filtre de son histoire.
On perçoit son authenticité, sa force de caractère, l’amour de la musique, l’esprit opiniâtre, la ténacité…toutes qualités qui ont permis à madame Zhu de se reconstruire et de devenir une grande artiste malgré l’handicap constitué par ses années de séjour dans les camps de Mao.
Les considérations de l’artiste à propos de la musique, de la vie m’ont touchée, émue, portée à la réflexion également.
Ainsi, je note dans ma liste à lire « Les critiques du totalitarisme » d’Hannah Arendt.
Je vais également me procurer un enregistrement des Variations Goldberg par madame Zhu, impossible de faire autrement.
Un roman exceptionnel dans lequel la musique sauve une femme…
Si l’on veut avoir une petite idée de ce que les Chinois ont vécu sous le joug de Mao, cette autobiographie en donne la pleine mesure sans grands cris ni mots dévastateurs. Nous sommes en 1969, Zhu Xiao-Mei est cataloguée « être de mauvaise origine » car elle est la fille de bourgeois cultivés. En plus, elle est douée quand elle joue du piano et elle aime les œuvres des musiciens de nations décadentes. Pour cela, comme des millions de Chinois, elle passera sa jeunesse en camp de rééducation. Comment la vie lui apportera-telle l’opportunité de vivre un jour sa passion sur les scènes internationales ? Que devra-t-elle faire pour sortir de son pays d’enfer ?
L’auteur ne nous parle d’elle, dans ce livre fort et riche en références musicales, que pour nous décrire ce que vivaient les anciens bourgeois ou catalogués comme tels, ce que les enfants de ces derniers devaient faire contre eux pour ne pas susciter le courroux des nouveaux maîtres. Il n’y a pas de sentimentalité, d’émotions personnelles, juste la démonstration de ce que l’on devient quand la pression est permanente, quand plus aucune liberté n’existe. C’est poignant et vrai.
C’est la démonstration quotidienne de ce que veulent dire : gages de comportement exemplaire, séances de dénonciation et d’autocritique, hypocrisie des « yanbangxi » œuvres modèles composées sous l’égide de Madame Mao, reniement des parents.
Si la plus grande partie du livre nous relate les persécutions régulières auxquelles est confrontée Zhu Xiao-Mei, l’autre nous entraîne dans les voyages d’une pianiste talentueuse, arrivée aux Etats-Unis, puis installée à Paris.
La profondeur de son art, source de vie, s’exprime quand elle nous explique comment aborder une œuvre musicale (tempo, sens), son regard politique nous montre sans fard comment la relance du mouvement de Shangshan Xiaxiang a envoyé des milliers de jeunes citadins instruits dans les campagnes.
Il est question de courage, de résilience, de dignité, de passion salvatrice dans ce témoignage ; c’est écrit finement, facilement lisible, humainement expliqué. Aujourd’hui, sur les scènes internationales, titrée comme Professeur au Conservatoire de Pékin, la pianiste virtuose donne vie à une musique qui n’a jamais quitté son oreille.
Je remercie la Fondation Orange avec Lecteurs.com qui m’a choisie pour recevoir et chroniquer la réédition de ce témoignage ayant reçu le Grand Prix des Muses en 2008, ce témoignage qui informera chaque lecteur souhaitant savoir ce que veut dire au quotidien « conditionnement psychologique ».
Zhu Xiao-Mei est une pianiste chinoise désormais reconnue, mais avant de connaître, un peu tardivement par rapport à ses collègues musiciens, une gloire méritée, elle a passé toute son enfance et sa jeunesse en Chine, aux pires heures de l'histoire de ce pays. En effet, née à Shanghaï en 1949, elle va grandir sous la férule impitoyable du grand Timonier, Mao Zedong. Ses parents sont cultivés, un piano a sa place dans le minuscule appartement parental. Très vite, la petite fille va montrer de réelles dispositions pour cet instrument, à tel point qu'elle entre à l'École nationale de musique pour enfants surdoués, à Pékin, à l'âge de 10 ans. Elle progresse vite, mais son apprentissage sera bloqué aussi très vite, à cause de la Révolution culturelle. Commencent alors des années plus que difficiles pour elle et ses parents, considérés comme des "Shushen Buhao" c'est à dire des bourgeois, des gens de mauvaise origine. Elle sera envoyée en camp de rééducation, bien loin du conservatoire, connaîtra les séances interminables d'auto-critique, se tiendra éloignée de ses parents car ce n'est pas une bonne attitude que d'aimer sa famille, deviendra même, à force d'endoctrinement, une bonne petite révolutionnaire. Cependant, l'amour de la musique reste ancré, enfoui en elle, et cela la sauvera au long terme. Elle réussira à faire venir son piano, qu'elle cachera dans une petite pièce froide et reculée, au camp de rééducation, à la frontière de la Mongolie. Xiao-Mei, à force de ténacité, de rêves peut-être, et aidée par certains de ses compagnons d'infortune, ou par des professeurs de musique, reviendra à Pékin et aura la chance de quitter la Chine pour les États-unis. On est en 1979, et commence alors la deuxième partie de sa vie de pianiste. Vie qui sera difficile aussi, car sa vie matérielle n'est pas florissante. Cependant, la volonté, le travail et la recherche constante de jouer le mieux possible lui feront rattraper les étapes d'une carrière entamée à 30 ans passés.
Ce récit autobiographique se déroule en deux parties, d'abord la Chine, l'enfance, l'adolescence au moment du grand bond en avant, puis la découverte de la liberté, les États-unis et bientôt le monde entier, de par les concerts. Zhu Xiao-Moi raconte simplement, sans fard ni exagération, ses tourments à la fois psychologiques et matériels, ses difficultés hors de son pays natal dues à la langue mais aussi à sa culture, très différente de celle des pays occidentaux, ses peurs, ses regrets par rapport à sa famille qu'elle a été obligée d'ignorer longtemps (sa grand-mère, notamment). C'est un récit limpide, à la fois témoignage historique sur les années Mao et intime, expliquant comment l'amour de la musique et du piano a pu sauver une jeune femme. C'est raconté dans une langue simple, chronologiquement, à grands traits peut-être, mais c'est un récit qui veut donner de l'espoir, montrer que l'on peut, si une passion nous anime, arriver à réaliser nos rêves les plus fous a priori. Jolie lecture, et je remercie Lecteurs.com de m'avoir permis de la faire.
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