"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'avais lu et apprécié "Lemon" de cette jeune auteure sud coréenne. Et je n'ai donc pas hésité à découvrir ce premier texte, avec un si beau titre et une belle couverture.
J'avais déjà apprécié le caractère un peu décalé de l'écriture et des personnages.
Cette fois, Son Mi-ok est une jeune femme qui va essayer de trouver sa place dans sa famille, dans ses amitiés, dans son travail. Elle se questionne alors qu'elle va quitter son appartement. En faisant ses cartons, elle va nous raconter son enfance, sa jeunesse (les années d'étudiante et l'auteure décrit les mouvements étudiants, avec les manifestations, les réunions entre étudiants).
L'auteure mêle des légendes, contes coréens (le conte "échanger une vache contre une marmite" raconté par son grand père), des lectures (la lecture des Mille et une Nuits l'initie à la sexualité, et guérit temporairement ses malheurs).
L'auteure décrit très bien le rapport de son personnage avec son corps (nourriture, sexualité), les relations avec les autres, membres de sa famille (en particulier les femmes omniprésentes de sa famille), étudiants lors de ses études...
A nouveau, la découverte de textes qui nous font découvrir des pays, leurs histoire et un sacré portrait de femme.
#Unéclairbleuazur #NetGalleyFrance
Lorsque Son Mi-Ok s’apprête à quitter son appartement, une vague de nostalgie l’envahit, la poussant à une profonde introspection. C'est ce récit intime et poétique que nous découvrons, à travers lequel se dessine une vision plus large du peuple sud-coréen et de ses difficultés.
Ce roman, à la fois social et tourmenté, aborde les mouvements contestataires étudiants des années 1980, ainsi que la pression écrasante qui pèse sur le chef de famille dans cette société. Le chômage y est perçu comme une disgrâce, conduisant à la honte et à l'exclusion sociale. L’héroïne, dans sa quête de sens, prend du recul et enrichit son parcours d'œuvres littéraires, qui l'aident à analyser et digérer les événements marquants de sa vie. Souvent, elle paraît confuse, plongée dans une profonde observation de son environnement.
Son ancrage et son identité semblent se construire dans la sensorialité : l’art culinaire et l’éveil de la sexualité lui offrent des repères concrets. Ce roman d’apprentissage témoigne des prémisses d'une mutation culturelle, avec une héroïne qui cherche à naviguer entre tradition et modernité.
Entre lumières et ombres, un éclair bleu azur se dessine, offrant à chacun l’espoir de s’y accrocher...
Un étrange roman coréen, qui est à la fois un roman policier, un roman psychologique sur la jeunesse coréenne.
Durant l'été 2002, la lycéenne Hae-on a été assassinée et son corps a été retrouvé dans un parc. Le coupable n'a jamais été retrouvé. 15 ans plus tard, dans l'esprit de sa jeune sœur Da-on, trois suspects de l'époque demeurent : un garçon de bonne famille, un jeune homme pauvre et méprisé de tous, et une camarade de classe obsédée par son apparence.
La jeune sœur va essayer de résoudre cette énigme, ce meurtre.
Avec seulement huit chapitres, l'auteure va nous entraîner dans cette recherche, dans cette enquête. Elle va aussi raconter la jeunesse coréenne, la vie des lycéens, puis des étudiants à l'université. C'est le portrait de plusieurs femmes. La jeune sœur va essayer d'avancer dans sa vie, nous allons alors en apprendre un peu plus sur sa relation avec sa sœur assassinée, puis sa façon de vivre ce deuil. Elle va avoir recours à la chirurgie esthétique pour retrouver l'image de cette sœur disparue. Il y a aussi cette amie de sa sœur, qu'elle retrouve plusieurs années plus tard. Ce jeune homme qui a été soupçonné et qui la recevoir pour lui expliquer sa vie de précaire.
Un texte court, étrange mais avec de belles pages poétiques et des images qui restent en mémoire.
A nouveau, la découverte d'une auteure du "pays du matin calme" et la situation des enfants, des jeunes filles et femmes. Elle décrit la société sud coréenne, le monde des écoles, de la place des femmes dans cette société.
#Lemon #NetGalleyFrance
Les Éditions La Croisée proposent ce 12 avril un titre venant d'un pays, la Corée du Sud, qui nous devient de plus en plus familier, en ce qui concerne la littérature, notamment par ses nombreux auteurs de polars. Ce roman a tout du roman policier, notamment avec ce chapitre liminaire qui est l'un interrogatoire d'un suspect par un policier local, mais ce n'est pourtant qu'un faux-semblant. Yeo-sun Kwon est une écrivaine aguerrie, puisqu'elle a débuté sa carrière, il y a près de vingt-ans avec un premier roman Niche of green qui lui a valu un prix dans son pays. Lemon est le premier de ses titres à avoir été traduit non seulement en français, ici par Kevin Jasmin Hamard, mais aussi en anglais.
Huit sections, aux perspectives différentes, composent ce roman. Elles pourraient se lire, indépendamment, comme huit nouvelles selon le magazine américain Publishers weekly. Sauf que ces sections sont interconnectées par le meurtre irrésolu de la lycéenne Hae-eon. Pourtant tout l'art de l'auteure Yeo-sun Kwon, c'est de nous mener l'air de rien, cahin-caha, vers des soupçons qui ne seront jamais vraiment étayés par le biais de preuves indirectes. Toutes ces sections sont succinctement nommées : Short/Poème/Lemon/Corde/Genoux/Dieu/Sarcome/Crépuscule. Ils réunissent tous des gens qui ne se fréquentent pas forcément, mais qui sont en relation avec la jeune fille assassinée. Han Man-u, le garçon qui subit l'interrogatoire, le principal suspect, celui avec lequel on revit l'une des ultimes scènes de vie de Hae-eon. Shin Jeong-jun, l'ami qui accompagnait la lycéenne en voiture. Yun Tae-rim, la passagère du scooter qui suivait la voiture. Da-eon, la soeur cadette de Hae-eon, celle qui veille sur elle. Tous centrés autour de cette ultime scène, une Hae-eon pendant les dernières heures de sa vie, dans la voiture de son ami.
Nous passons d'une partie à l'autre sans la moindre indication méta-narrative, le changement donne lieu à un changement de focalisation et à chaque fois, il nous faut le temps de comprendre la perspective sous laquelle nous abordons l'histoire et, pas le moins important, à quel moment de la narration nous nous situons. Changement de perspective, changement de temporalité, il faut sans cesse s'adapter à un nouveau pan de l'histoire, et si au moment de notre lecture, le morcellement de cette histoire paraît très accentué, l'auteure referme sa boucle et finalement tout nous apparaît comme un tableau plutôt homogène et uniforme. Ou chaque section est nécessaire à la compréhension de l'histoire en sa globalité, et surtout à se faire une idée sur l'identité du coupable. Et très franchement, si on isole les huit sections concernées, on y perd beaucoup en épaisseur.
Ainsi, on se rend peu à peu compte à quel point l'auteure maîtrise à la perfection sa narration : elle disperse des indices ici et là, qui seront repris et utile dans une section ultérieure. Rien n'est laissé au hasard. Autant la faiblesse du personnage de Han Man-u, son existence est l'un des drames de ce roman très acide, qui en renferme plusieurs. Une addition de réactions en chaîne qui aboutit à un gâchis absolu, bien plus qu'une vie, qui rayonnage bien au-delà du cercle familial, par lui-même pas mal amoché. Avec en-deçà, l'histoire d'une vengeance terrible, l'histoire d'un prêté pour un rendu, comme l'écho d'une douleur primaire née avec le meurtre de la lycéenne. Ce sont des histoires de vie, terribles autant que personnelles, où seul le narrateur est conscient de ses ramifications, l'histoire d'un deuil qui n'en finira jamais, car les enfants doivent porter les fautes de leurs parents.
Nous avons une auteure qui réussit à mettre de la poésie là on l'attendait pas vraiment : cette poésie inhérente à certains personnages, inhérente au texte, inhérente à l'identité de cette composition de textes. Dans l'identité même de ce texte, ou tout en suggestion, jamais rien dans l'expression, suggestions dont le lecteur doit faire les interconnections, relier les fils qui mènent au dénouement de cette histoire. Et toujours cette couleur, ce jaune vif, cette lumière franche, comme un fil conducteur reliant chaque section entre elles, cette luminosité qui, habilement, sert d'alibi à la noirceur dérobée des événements évoqués, aux actes commis, aux lâchetés des uns et autres, à la dépravation morale dans laquelle certains ont échus.
Ce roman est d'une qualité rare, cette auteure coréenne a transcendé les limites du roman noir, pour en faire une oeuvre à la portée plus universelle, dans cette étude particulière d'un drame et de ses conséquences, dans cette peinture minutieuse de psychologies, parfois bien abîmées, des protagonistes. Et remettre un peu de lumière là où la poésie a disparu, là où ne reste guère ressentiment, douleur, haine, le tout habilement dissimulé par un jaune lumineux et citronné. Mais sans jamais oublier l'acidité de l'agrume, qui ronge âmes et vies.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !