"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Si vous aimez les polars et si vous êtes en plus cinéphile, alors, n'hésitez pas et lisez sans délai La fille qui se faisait des films !
Yannick Dubart, l'auteure ne peut qu'être, elle-même, passionnée de cinéma. Un signe avant-premier : tous les chapitres, relativement courts, ce qui est agréable à la lecture, portent le titre d'un film et le dernier, s'intitule comme il se doit … « le verdict ». Quant au titre La fille qui se faisait des films, il est en complète adéquation avec le contenu, tout comme la très belle couverture.
L'histoire se déroule principalement autour d'Orchies, au cœur de la Pévèle, cette partie de la Flandre romane, au sud de la métropole lilloise.
Quand Emma, jeune quadragénaire, professeure d'histoire se retrouve hospitalisée, suite à un AVC, elle est complètement désemparée, sa vie a basculé…
Elle partage sa chambre avec Marie-Ange, une vieille personne atteinte d'une forme d'Alzheimer. Quand celle-ci lui déclare qu'elle sait qui a commis le meurtre, Emma pense qu'elle fait référence à Navarro, diffusé quelques heures plus tôt sur le petit écran accroché au mur, mais en fait, elle apprend ultérieurement qu'il s'agit de la mort d'une certaine Chantal décédée en 1958 qui était mariée avec un jeune veuf qui travaillait pour la Chicorée Leroux, ancestrale industrie nordiste.
En quittant l'hôpital, Marie-Ange a laissé un message à Emma lui disant que Chantal n'est pas morte accidentellement, et la prie de chercher l'assassin, car l'affaire n'a en fait, jamais été résolue.
Ayant fait connaissance avec Nathalie et Orlane, lors des visites à Marie-Ange, leur mère et grand-mère, Emma va chez elle à sa sortie et lui promet lors de ses derniers moments de vie de tout faire pour trouver la vérité.
Elle va donc faire des recherches, non seulement pour respecter sa promesse, mais aussi pour oublier tous les dysfonctionnements de son corps, ses problèmes de mémoire, sa terreur de la récidive et tenter de retrouver une vraie vie, obnubilée par ce sentiment de non maternité qu'elle éprouve pour sa fille Clara dont la charge a été confiée à son ex-mari Julien, lors de leur divorce.
Emma se prend très vite au jeu. Elle a toujours aimé se mettre dans la peau des gens et est passionnée de cinéma. Les articles de la Voix du Nord qu'elle consulte aux archives puis sa rencontre avec différents témoins de l'époque l'emmènent à chaque fois sur des traces de films ou d'acteurs et son frère Christophe, son père Valentin ou ses amies Lucy et Pascale, même s'ils comprennent bien que cette imagination débridée l'aident à surmonter les angoisses et la dépression, s'obligent à la réfréner et à la mettre en garde envers ce qu'ils pensent être plus ou moins des élucubrations. Mais de découverte en découverte, la vérité va se révéler plus que surprenante et m'a complètement scotchée tant elle est inattendue.
Yannick Dubart, dans ce roman policier original et non conventionnel, non dénué d'humour, où l'amour et l'amitié ont une place importante, sait maintenir le suspense de bout en bout. Mais elle trace avant tout un portrait psychologique d'Emma très touchant, très réaliste et en même temps un peu angoissant.
Elle pose les questions existentielles, que tout un chacun peut être amené à se formuler après une grave maladie. En voici quelques-unes : y a-t-il un futur possible, peut-il être agréable, vais-je retrouver tous mes moyens, quand les gens vont-ils à nouveau me regarder comme quelqu'un de sain ? Pour Emma, la question principale est de savoir si elle va arriver à retrouver un compagnon de vie, vœu qu'elle chérit par-dessus tout, après ce premier mariage raté. En effet, elle a besoin d'attentions et surtout d'amour, d'autant que ses relations avec sa petite Clara la perturbent beaucoup, et là, c'est un sujet presque tabou qui est soulevé.
La fille qui se faisait des films est un thriller, mais aussi un roman psychologique dans lequel le cinéma, surtout celui des années 50 – 60, est vraiment le fil conducteur et parvient à mêler avec maestria la fiction du cinoche à la réalité. Mieux vaut cependant avoir une petite culture cinématographique pour l'apprécier pleinement.
Je remercie Au coin du feu chez LBS Éditions pour cette belle découverte !
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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