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Roman lent, mais c'est compréhensible, nous sommes au tout début du 17ème siècle et les déplacements se font à pieds, en bateau ou sont équitractés. Xavier Champenois décrit beaucoup les lieux, les paysages, les saisons, les personnes qu'Orso rencontre. Tout cela dans une langue riche, élégante, dense et très belle. Elle pourrait presque paraître désuète dans la production actuelle mais c'est ce qui fait tout son charme et son intensité. Car il est bien difficile de résister à ces 350 pages de beauté, d'aventures, de questionnements, de descriptions des régions et des mœurs de l'époque où l'Inquisition fait pas mal de victimes. L'auteur évoque aussi en toile de fond, les guerres de territoires dans les États italiens, l'influence des Habsbourg, des rois de France, des Suisses, du Vatican. Bon, je n'ai pas tout retenu, mais cela participe à la tension du roman, car Orso ne peut aller où il veut : il va sillonner les routes italiennes, séjourner dans le ghetto juif de Venise, dans des couvents, parmi les plus pauvres... Son parcours est semé d’embûches, de rencontres et de découvertes, notamment des sciences : l'astronomie, l'optique, les mathématiques... mais aussi du dessin.
Ce qui est très bien fait également dans ce roman, c'est qu'en tant que lecteur j'avance au rythme d'Orso, je n'en sais pas plus que lui. Je me pose donc pas mal de questions d'abord sur le bien-fondé de sa quête, mais aussi sur les raisons pour lesquelles il est recherché d'une part et protégé d'autre part très activement, par différentes personnes. Et Xavier Champenois est chiche en explications. Elles viendront, heureusement, il eut été frustrant qu'elles n'arrivassent point.
J'ai passé de très bons moments avec Orso dans ce roman dense qui se déguste assez lentement d'abord pour ne rien rater, ensuite, pour rester un peu plus sur les routes italiennes et enfin parce que l'écriture est un peu exigeante et demande -quelle joie- de ralentir le rythme. Un petit extrait pour finir, parmi les nombreux très beaux passages : "Lorsqu'il ouvrit les yeux, Orso fut en proie à l'émerveillement. Au-dessus de sa tête, sur une paroi crayeuse baignée de soleil, des ombres de branchages dansaient dans la brise matinale. Une danse chaude où balançaient les rameaux inégaux d'un pin que la perspective enchevêtrait. Ce réseau de stries formait une palette de gris, des dégradés aux lignes fluctuantes, où le noir intense des maîtresses branches au centre s'estompait vers les brindilles périphériques en filigrane doré, presque translucide." (p.25)
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