"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
**** Pop pop pop ****
Avec ce roman, lu pour les "Explorateurs des Polars", je me suis trouvée exactement sur la ligne qui m'a fait adhéré au genre : de l'esprit, de la culture, du ressort psychologique, pas trop d'hémoglobine qui dégouline et un policier aux heures de vol déclarées, enquêtant minutieusement avec l'aide impromptue d'une partenaire atypique.
L'auteur, William BAYER, après des études à Harvard en Histoire de l'Art et un passage à la CIA, s'est ensuite totalement consacré à l'écriture. Il est particulièrement incisif et performant lorsqu'il s’attarde à décrypter les tréfonds de l'âme humaine que ce soit celles de figures masculines, mais également féminines.
En plus de ses captivantes analyses, son environnement littéraire est riche et foisonnant. Il jongle avec les époques, les lieux et les caractères de ses personnages, en entrainant son lecteur dans sa tourmente psycho-culturelle.
Ce n'est pas un roman facile, il nécessite de s'accrocher dès les premières lignes pour bien en saisir tous les ressorts, l'ambiance est souvent étouffante, l'atmosphère limite angoissante.
Toutefois le tout est orchestré avec brio. Dès le lecteur ferré, cela varie sans nul doute en fonction de la capacité de chacun à s'immerger dans un univers déviant peut-être, différent certainement, il lui devient impossible de s' en extraire avant d'atteindre l’extrême dénouement.
Tess Berenson, jeune artiste performeuse, vient d'obtenir une bourse qui lui permet de se consacrer à son art et de quitter son compagnon pour voler de ses propres ailes. Elle s'installe dans un luxueux loft de Oakland, petite ville de la baie de San Francisco. Avant elle, c'est Chantal Desforges, une dominatrice BDSM, qui habitait les lieux. Il reste d'ailleurs encore des reliefs de son activité hors normes : une cage et une croix de Saint-André contre un mur. Tess est immédiatement intriguée par l'appartement et par son ancienne locataire qui est partie précipitamment sans laisser d'adresse. Quand elle apprend que Chantal a été assassinée, Tess ne peut s'empêcher de se lancer dans sa propre enquête.
A partir de cette situation, William Bayer brosse une intrigue très élaborée qui mêle performances artistiques, BDSM, psychanalyse, IIIè Reich, mémoires d'un psy juif allemand installé en Amérique et bien sûr la fameuse photographie de Lucerne qui donne son titre au roman. Sur ce célèbre cliché, pris en 1882, Lou Andreas-Salomé pose avec Nietzsche et Paul Rée. Debout dans une sorte de charrette, un fouet à la main, la jeune fille semble vouloir mater ses deux compagnons attachés aux bras de l'engin. A différentes époques, de 1882 à nos jours, tous les personnages, réels ou imaginaires, ont un rapport de près ou de loin avec la photographie. De Lou qui a posé à Chantal qui en a fait une interprétation personnelle, en passant par un jeune peintre autrichien qui l'a peinte selon sa vision ou le major allemand chargé de retrouver cette œuvre de jeunesse jusqu'à Tess qui va s'en servir dans sa propre performance.
Polar, roman noir ou thriller psychanalytique, La photographie de Lucerne est une œuvre compliquée qui ne s'appréhende pas facilement. Elle tire son originalité du savant mélange entre les époques et les personnages qui se répondent les uns aux autres, des liens tissés minutieusement par William Bayer qui en profite pour mettre à l'honneur Lou Andreas-Salomé, écrivaine, psychanalyste, intellectuelle, trop souvent réduite à ses amours célèbres avec Niezsche ou Rilke. Un roman documenté, imaginatif, original mais un peu difficile d'accès, parfois glauque et au rythme très lent.
Un grand merci à Lecteurs.com, les Explorateurs du polar et les éditions Rivages.
Lecture dans le cadre des Explorateurs du Polar.
De nos jours, Tess Berenson, une jeune actrice - performeuse, emménage dans un loft à Oakland en Californie. La précédente locataire, Chantal Desforges, était une dominatrice pratiquant le bondage, discipline sadomasochiste. Elle recevait des clients très particuliers. Elle a laissé dans l'appartement une croix de Saint André et une cage à hauteur humaine fermant à clés.
Tess est d'autant plus intriguée par Chantal Desforges, qu'elle est retrouvée assassinée quelque temps plus tard. Elle décide de fouiller dans le passé de celle-ci.
"La photographie de Lucerne" est, on peut le dire, un roman historique. L'auteur, William Bayer, fait d'incessants allers retours entre trois époques : 1913 à Vienne, 1937 en Allemagne et aujourd'hui à Oakland.
Cette photographie a vraiment existé. Elle a été prise en 1882 et inspire tout le livre. Elle représente Lou Andreas-Salomé (auteure et psychanalyste) dans une carriole avec une badine à la main et ses deux soupirants tirant cette carriole. Il s'agit de Paul Rée (physicien) et Friedrich Nietzsche (philosophe).
William Bayer bâtit, donc, une intrigue à plusieurs niveaux, dans laquelle il imagine deux autres versions de cette scandaleuse photographie : Tess est fascinée par Chantal qui était elle-même fascinée par Lou Andreas-Salomé.
"La photographie de Lucerne" est aussi un polar psychologique mêlant nazisme, psychanalyse, sadomasochisme, photographie, théâtre....
L'oeuvre de William Bayer, âgé aujourd'hui de quatre-vingts ans, ex-agent de la CIA, est hantée par l'art et la psychanalyse ; comme le démontre bien ce nouveau polar.
Explorateur du Polar.
Le point de départ de ce Polar est une photographie de Lou Andreas-Salomé, Nietzsche et Rée prise 1882. Lou debout sur un char un fouet à la main et les deux hommes attelés à l'avant. On évoquera cette photo encore et encore durant cette lecture .
Une jeune artiste contemporaine, Tess, s'installe dans l'ancien loft de Chantal, dominatrice professionnelle qui satisfaisait aux fantasmes des hommes devant les femmes. Tess découvre que Chantal a été assassinée et va se transformer en enquêtrice.
C'est un univers que je ne connaissais pas du tout. On enchaîne les chapitres historiques et contemporains. L'imaginaire et le réel se mêlent parfaitement. Il est question de psychologie, d'art, d'histoire et de sexualité déviante.
C'est un roman très bien écrit, fouillé, très documenté et riche en anecdotes.
Je ne m'attendais pas du tout à ce genre de récit, très particulier. Très surprise au début, j'ai adhéré complètement à cette histoire étonnante.
Merci encore et encore à lecteurs.com et aux éditions Rivages qui nous permettent de nouvelles découvertes.
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