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Peu après la fin de la première guerre mondiale, Leif part avec un groupe de scientifiques en expédition. Arrivé en Mongolie, il se retrouve au cœur d’une expérience terrifiante où un groupe de ouïghours le considère comme la réincarnation du guerrier Dwayanu. Pour oublier cet épisode, il part en randonnée en Alaska, avec son ami d’enfance Jim, un cherokee familier du mysticisme. Ils découvrent un monde perdu et sympathisent entre autres avec la jeune Evalie. Rapidement, Leif est isolé et rattrapé par ce qui s’est produit en Mongolie. Il est aux prises avec la sorcière Lur et pour survivre, doit convaincre qu’il est Dwayanu. Ce besoin vital permet à Dwayanu de refaire surface et de prendre le pouvoir du corps. Leif/Dwayanu va prendre part à la bataille contre le peuple d’Evalie. Comment va-t-il gérer cette situation ? C’est à ce moment-là que l’intrigue quitte une aventure implantée dans le réel pour tendre vers ce qui deviendra l’heroïc fantasy avec un personnage fort et de la magie. Ce roman a un déroulé linéaire et très descriptif. C’est un procédé où le lecteur est pris par la main pour entrer facilement dans l’histoire qui est fréquent dans les pulps. L’écriture est puissante, même sans informations sur qui est aux commandes du corps, le lecteur sait à chaque instant s’il a affaire à Dwayanu ou à Leif, rien qu’à la façon dont l’histoire est rédigée. L’influence mutuelle entre Merritt et Lovecraft est évidente dans ce roman, en particulier avec le dieu pieuvre khalk’ru.
Il faut noter la présence de personnages féminins nombreux et plutôt bien construits. Si elles ont une fâcheuse tendance à être dénudées et à souhaiter mettre le héros dans leur lit, elles ne sont pas uniquement présentes pour servir de fantasme ce qui pour l’époque est une relativement bonne surprise et permet de considérer que malgré ses 90 ans ce récit est encore plutôt actuel.
Parler un peu du travail d’édition semble important car on est face à un magnifique objet-livre avec rabats, et dorures. Les illustrations d’origine de Virgil Finlay sont présentes dans le corps de texte et les illustrations de Sébastien Jourdain qui parsemaient la précédente édition française chez callidor sont reproduites dans le dossier à la fin de l’ouvrage. Cette édition regroupe la fin publiée dans le magazine pulps de l’époque mais aussi la fin alternative, celle qui avait la préférence de l’auteur mais n’avait pas convaincu l’éditeur. Je rejoins Abraham Merritt, sa fin était bien plus puissante.
Les écrits d’Abraham Merritt peuvent se séparer en deux groupes distincts, les textes d’horreur fantastique comme dans Brûle, sorcière, brûle ! et ceux dans la veine de la nef d’Ishtar. Les lecteurs ne sont pas forcément sensibles aux deux styles. Avec cette histoire, on se rapproche clairement des codes utilisés dans la nef d’Ishtar. C’est un récit plutôt onirique et qui laisse une place de choix à la sexualisation des personnages féminins.
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