"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Couché par terre dans le gîte, entouré d’hommes puants la sueur, le ventre tiraillé par la faim, Salomon, se rappela ses jours heureux.Des images de roulades dans les champs verdoyants lui redonnèrent goût à la vie et il parvient à s’endormir. »
Le récit est caustique, crissant et dans un même tempo son originalité est une prouesse. Un courage d’écriture osé et risqué. L’histoire prend place dans de vifs millénaires étranges fantastiques et ubuesques. Deux figures se profilent : « Une mythologie de la violence avant J C et L’éternel retour de la machine à broyer l’humain. »
Vincent Kappeler est un écrivain qui à l’instar de Diogène est libre, immensément libre. Qu’importe le choc de lecture. « Les six vies de Salomon » est époustouflant, rare, l’ambiance magnétique, l’adrénaline fois mille.
Cette satire où règne un démiurge endoctriné, dérangé. Un monde ensorcelé dans le vertige de la folie et de la déraison.
Ce livre se lit par siècle. Immanquablement, des poupées gigognes qui tombent sur le sol frénétiquement. Des signaux se glissent entre les lignes. Nous sommes dans une ère post-apocalyptique. Le décorum de violence dans un paroxysme résolument troublant. Tout ceci enclenche des degrés qu’il faut décrypter. L’enjeu est beaucoup grave qu’il n’y paraît. Il y a la broyotine (suivez mon regard : la guillotine) mais en plus virulente. De l’ésotérisme qui se glisse subrepticement dans cette trame surdouée et déjantée. Le nihilisme est de haute voltige, revendiqué et assumé. Il ne faut pas lire ce livre en espérant trouver un conventionnel littéraire. Le summum de « Les six vies de Salomon se love dans une double lecture, celle de notre contemporanéité.
« Avant de se faire massacrer pour avoir refusé d’adopter les règles du nouveau mode d’emploi, le peuple des Youles coulait des jours tranquilles au bord du fleuve… Les journées étaient bercées par le bruit des appareils ménagers et les battements de bras des enfants faisant des ronds dans l’eau. »
La broyotine est un emblème. La traversée du miroir de nos égarements, des fléaux de notre vaste humanité et des dérives assassines.
Cette mise en abîme traversée par un nom de lumière : Salomon.
C’est une farce déguisée et beaucoup plus grave qu’il n’y paraît encore.
« De nouvelles consignes circulaient parmi les archivistes et les historiens. Ils pouvaient se réchauffer les mains, sur un bout de trottoirs avec les œuvres incomplètes. »
« On envoya les enfants du chœur sur une plage pour oublier ce qu’ils venaient de vivre. »
Percutant, intuitif, sombre, notre monde en quelque sorte. A noter une préface de Stéphane Babey. Prenez soin de « Manger une pomme ne fait pas venir la nuit. » Lisez ce roman pas de côté et vous comprendrez !
Publié par les majeures éditions Hélice Hélas.
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