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Un séisme mental. Vertigineux, un livre de crête radical et captivant.
Intuitif, analytique, d’une implacable lucidité.
Véronique Presle traque le quotidien d’une femme lézardée par des troubles mentaux et sa descente aux enfers qui va advenir.
Pas maintenant, plus loin dans cette trame merveilleusement dépliée.
« On dira que c’était un accident » est un tour de force impressionnant par sa puissance évocatrice.
Implacable, frénétique et serré comme un café fort.
Aux nombreuses ramifications d’une haute contemporanéité, au réalisme avéré, tant ce roman crissant comme de la glace happe et active les forces vives d’un mélodrame psychologique et sociologique.
Ce récit est toujours dans le jour présent, une scène au ralenti qui avance ses pions subrepticement.
Ce pourrait être une critique sociale, un roman à lire au coin du feu. Ce genre de livre dont chacun (e) trouvera sa polyphonie. Tant il touche au cœur, lorsque l’on cerne sous son écorce les faillites parentales et sociétales.
Une mère aux ailes brisées. Jeune encore, instable, paranoïaque. Freddie pour la nommer.
Elle vit seule avec son jeune fils dont les dix-huit ans de demain seront le détonateur.
Sans père pour lui, et pour elle, un géniteur de passage.
Sans travail, une ancienne serveuse dans un bar, au RSA, dans une précarité affective. Elle est vulnérable.
Freddie ne supporte pas les médiations au CMP, avec la psychologue pour elle et Lior.
Depuis deux ans, les rendez-vous assomment ses doutes.
Envahissent ses pensées. Elle se méfie de Lior, de tous. Elle se sent une biche traquée et réagit au quart de tour.
Que raconte-il lorsqu’il est seul avec elle ?
Elle se sent piégée dans un protocole de soins et de paroles.
Dénoncée par ses voisins de cet immeuble où elle habite au quinzième étage. Une mauvaise mère mal aimante, qui vit dans un appartement si petit qu’elle dort sur le canapé. La chambre pour Lior depuis que les services sociaux ont appris que Lior dormait depuis tout petit dans un placard. L’enfance close avec des cernes sous les yeux.
Elle est jalouse, aux aguets, est en filature constance. Ne lâche pas son fils un seul instant.
Castratrice, dévorée de l’intérieur, elle est une bombe à retardement.
Elle surveille ses fréquentations, s’invente des tsunamis de problèmes.
Inquiète, dérangée, alcoolique, et cruelle, sans pouvoir de réfraction.
Jusqu’au jour où elle met du linge à laver dans la machine sans se rendre compte que le chat est lové à l’intérieur. Elle n’arrête pas le programme.
Le jour de l’anniversaire de Lior. Il va vite comprendre. Sa mère est glaçante, sadique. Ce mal qui la ronge est sans concession et fatal.
Et ce depuis si longtemps. Comment cet enfant a pu évoluer, devenir ce jeune homme mature dans cette ambiance sombre, sans tendresse ni amour maternel ?
Lior est calme, posé, protecteur, docile et malgré tout aimant.
Il sent l’étau se resserrer. Le roman attrape les mots, retient les regards. Une porte capitonnée au CMP, Lior parle, conte la ligne rouge. Le chat emblématique, cette folie qui fait trembler Lior, qui prend peur pour ses amis (es) et lui-même.
Elle est démoniaque et dans un même tempo elle fait semblant d’être une bonne mère. Elle se méfie. Elle se trompe de cible dans ses intentions malsaines aux affres tempétueuses. Elle se sait en danger. Se cache et voile sa propre misère humaine.
Jusqu’où Lior pourra t-il tenir sans flancher ?
« Lior est réveillé par un rayon de soleil. Pourtant il pensait avoir fermé les rideaux. Difficile de dormir dans cet appart. Cette nuit Freddie a commencé son bordel à 3 heures du matin, il rentrait de soirée. Il était clean, il a fait gaffe de ne pas faire de bruit. »
Malgré ses appels à l’aide, pour sauver sa mère. Ses demandes répétées pour que sa mère se fasse soigner même sans son consentement. Une cure pour évacuer cet alcoolisme foudroyant.
Le silence opaque, la mise en route d’un système aux diktats trop compliqués, sont ici subtilement démontrés.
« On dira que c’était un accident » est un livre qui ébranle, élève et sous ses faux-airs d’une première lecture digne d’un roman acide et caustique, ici l’efficacité d’un récit où s’articule toute la détresse humaine. Les infinies solitudes, dans une langue qui frappe, ose, et nomme la maladie mentale en la coloriant d’humanité.
« On dira que c’était un accident » est le visage et le titre des non-dits, des secrets de famille qui sont un jour certain les insomnies de l’amour.
Poignante dans ses douleurs, cette jeune mère dans le crépuscule de la raison, anéantie, victime collatérale d’une société où les antidotes sont des illusions. Le manque crucial de réactivité.
Ce livre hurle pour que tout change enfin.
Ce premier roman de Véronique Presle, tiré au cordeau, dépasse largement ses grands frères.
Une autrice à suivre des yeux.
L’impulsion d’un roman nécessaire. Publié par les majeures Éditions du Panseur.
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