"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Nouvelle racontant une relation amoureuse.
« Être amoureux à cinquante ans peut passer pour un ridicule, sauf si vous rencontrez Nathalie. »
Le narrateur et Nathalie se rencontre lors d’un colloque où il est intervenant et elle photographe.
Lui est un célibataire désabusé avec un regard plutôt condescendant sur la société qui l’entoure et dont sa seule préoccupation est son rang sur la grille salariale.
Elle, est jeune et jolie, très préoccupée par son look et l’image d’un statut conformiste qu’elle renvoie en tant que professionnelle, mère et épouse, tenant à garder précautionneusement secret son comportement décalé.
Le cinquantenaire célibataire vit une phase de dépression quand Nathalie rayonnante va soudainement ensoleiller sa vie par une relation sexuelle sans interdits qui répond à toutes demandes érotiques avec plaisir car avec « ses beaux mollets » et « belles jambes musclées », « C’était pratique. Elle était faite pour faire l’amour. D’ailleurs, elle adorait faire l’amour. Tout peut être classé les femmes comme les animaux ou les pipes d’écume. Je les rangeais en quelques catégories qui pouvaient faire l’objet de sous-ensembles. Il y avait des beautés qui, dès le premier soir, affirmaient qu’elles ne léchaient pas et ne se faisaient pas sodomiser. Il fallait les fuir sans remords. Il y avait les beautés qui mettaient du temps à carburer mais qui pouvaient se révéler des affaires passables. Il y avait enfin les beautés qui faisaient tout en permanence. Et il y avait les mochetés qui ne m’intéressaient pas. Nathalie était une femme de la troisième catégorie, le haut du panier. »
Il va tomber amoureux et elle va le mener par le bout du nez, soufflant sur le chaud et le froid. Leur relation sera néanmoins intense.
Pas du tout à mon goût, ces 56 pages furent vite lues et déjà oubliées.
Cependant, je comprends que ce texte de confidences, désabusé, cynique et chargé d’érotisme cru, puisse plaire à d’autres lecteurs.
Sombre et empreint d’une ambiance digne d’un huis-clos âpre et acide, « Dénouements » est une nouvelle captivante qui accroche immanquablement son auditoire à l’évènementiel qui va enfler subrepticement. À l’instar d’une porte que l’on ouvre et que l’on entend grincer.
Le narrateur est en proie à la mélancolie, aux questions existentielles. Il pressent l’abîme. Anti-héros, terne et dépressif, il semble l’un des personnages de « Mes amis » de Bove.
« Je n’avais rien, je ne voulais rien. Je croyais ne rien attendre, pas même la mort. »
« Les Pères du désert ont théorisé l’acédie comme un manque de soin de la vie spirituelle. »
Il va louer une maison au Mont-Saint-Michel, entre vagues et ressacs. Nathalie, une conquête, va venir. Une amante, un dérivatif pour lui, voire salvateur. Elle est mariée côté ville. Inconstante, c’est elle qui mène le jeu.
« Nous croisions le regard des vitraux des chapelles, interrogatifs devant ce désir de bâtir des rectangles de pierres. Elle avait une grâce spéciale. Chaque femme en possède une. »
Nathalie cherche une aventure. Une éclaircie dans sa vie, pourtant elle semble terriblement superficielle. Lui, imagine la solidité d’une falaise à flanc de mer. Il est soumis à cette femme glissante et libre.
« Elle avait eu du mal à cerner mon intrusion. Personne n’était à la portée de personne. » « Elle était restée gaie, ne s’ennuyait jamais et les petits riens lui procuraient un cantique d’elle-même. En un mot elle était mon exact opposé. »
la trame est un bonbon fondant en bouche. Résolument douée, d’une vive intelligence. Valéry Molet écrit en dressant des chapelles de toutes beautés.
Ce mélo-drame, contemporain, à la minute même est cinématographique. Les bouleversements relationnels sont la somme de nos vies. Le narrateur un peu nihiliste, défaitiste est un manteau gorgé de pluie. La nouvelle est pourtant lumineuse car sincère et confidente. Nous sommes pris dans cette narration et l’on entend la plume crisser. L’exutoire d’un amour édifiant pour lui parlera à beaucoup.
« Elle m’ignorait et, de superbe que j’étais quand elle se trouvait avec moi, je devenais une loque sans elle. La clochardisation me fascinait. »
« Dénouements » est une nouvelle serrée comme un café fort. Tragique et réaliste, profonde et intuitive, elle est le Complexe de l’Albatros. L’effet dominos à grande échelle.
Remarquable quant au fond qui perce les murailles de nos existences insatisfaites. On ressent un homme fragile, masochiste en proie à l’existentialisme. Une quête perdue d’avance.
« Dénouements » est à l’instar du doute même de sa propre vie. Magnifique, tant ses pistes sont immenses.
Écoutez : « Dans la vraie vie, seuls les actes comptent. »
Publié par L’Échappée Belle Édition.
Délicat. S'excusant d'être brillant. A lire de toute urgence.
Entre ironie mordante et sarcasme généreux. Jouissif !
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