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Ce roman saisissant nous plonge dans l'enfer de quatre femmes, quatre africaines débarquées à Anvers dans l'espoir de vivre une vie meilleure et qui se retrouvent exposées comme de la marchandise dans les vitrines du quartier rouge d'Anvers.
Autour de la disparition de Sisi, l'une d'entre elles, l'autrice nigériane Chika Unigwe tisse les histoires des unes et des autres, nous raconte la réalité crue de ce trafic humain, l'écart entre les rêves de richesse et la réalité violente de la prostitution, et distille avec parcimonie quelques touches d'humanité et de solidarité inespérées.
L'autrice dévoile avec précision et sans voyeurisme le pari de ces femmes, qui font le choix volontaire d'une vie de prostitution à l'étranger plutôt qu'une vie de misère au Nigéria. Pauvreté, inégalités, chômage, corruption, les maux de la société nigériane évoqués par l'autrice sont nombreux, et ce sont les femmes qui en paient le plus fort tribut. Comment expliquer autrement que la prostitution puisse représenter la seule alternative pour de très nombreuses femmes ?
La narration repose sur une alternance entre le présent, celui de la disparition de Sisi et le passé de chacune de ces femmes, leur enfance, leurs amours, leurs désillusions, la décision d'émigrer, et puis la prostitution, la soumission absolue dans laquelle ces femmes se retrouvent face aux trafiquants, dont elles sont les débitrices. Soumission oui, mais jamais résignation, parce que Efe, Sisi, Ama et Joyce nous démontrent également la force de volonté dont elles font preuve, cette envie irrépressible de vivre pour s'en sortir, peut-être.
Un récit dur souvent mais toujours digne, qui interpelle et donne à voir une réalité trop peu médiatisée. Par ailleurs, j'ai beaucoup aimé le parti pris de Chika Unigwe d'intégrer dans ses dialogues des expressions nigérianes, notamment dans les dialogues, qui confèrent au texte originalité et vivacité. Une très belle réussite et une autrice à suivre.
Très heureuse aussi de lire une autrice africaine, trop rare encore dans mes lectures!
Les Editions Globe ont fait très fort avec cette rentrée hivernale 2022. Premier roman publié en France de Chika Unigwe, celle-ci est pourtant considérée comme l’un des cinq auteurs africains les plus importants de ces dix dernières années. Après avoir lu « Fata Morgana », je comprends mieux le pourquoi de ce constat.
Sur les thèmes difficiles de la migration, de la prostitution, des violences faites aux femmes, Chika Unigwe en tire un magnifique roman, à la fois terriblement réaliste mais aussi émouvant.
On y fait la rencontre de 4 jeunes femmes nigérianes qui se retrouvent à devoir se prostituer dans le quartier rouge d’Anvers. Lors de la mort de l’une d’entre elles, elles reviennent petit à petit sur le passé. Car malgré leur cohabitation dans un logement sordide, elles ne se connaissent pas ou prou. Hormis leurs différences, elles ont un point commun : avoir cru en un rêve européen qui au final, à virer au cauchemar.
Qui n’est jamais passé par ces rues où des jeunes femmes s’affichent dans des vitrines ou sur des trottoirs et dont la seule chose que nous faisons est de baisser les yeux comme si elles n’existaient tout simplement pas?
L’auteure ne fait aucun ambage sur la vie que ces femmes, venant de milieux très différents, doivent vivre, souvent désillusionnées face à leur quotidien, dans la misère sociale. Au travers d’un travail de rencontres avec ces travailleuses du sexe, c’est une immersion totale dans ce milieu, souvent glauque et oublié et pourtant, en ressort un roman lumineux.
On ne peut être que stupéfait par la force mentale qu’ont ces femmes, devant cette adversité de la vie. On est bien loin des stéréotypes qu’on peut avoir à leurs sujets, vues comme de simples victimes de la traite d’êtres humains. Elles sont maîtresses de leurs vies malgré le manque d’étendue pour de réelles perspectives. Le lecteur ne peut que s’attacher aisément à ces personnages.
La plume de l’auteure est très fluide à lire, qui est parfaitement retranscrite par la traduction de Marguerite Capelle. Elle a fait le choix de garder certaines phrases en dialecte pour « faire entendre la couleur et la texture de ceux-ci ».
Pour ceux qui se demanderaient ce que veut dire le terme de « fata morgana », il s’agit d’un phénomène optique qui résulte d’une combinaison de mirages.
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