"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une famille très riche dans l'ouest américain, au début du XXème siècle.
Leur ranch est tenu par les deux frères très opposés.
Phil, grand, beau, brillant, anti conventionnel, autoritaire, laissant peu de place aux sentiments.
Georges, bien enrobé, pas très vif d'esprit, sentimental, foncièrement bon.
Et malgré leurs différences ils se complètent à merveille dans la tenue du ranch.
Quand Georges, en toute discrétion, épouse Rose, une jeune veuve, ça ne semble guère convenir à Phil.
On est directement plongé dans une sorte de western au milieu des troupeaux et des cow-boys.
Dépaysement garanti.
Et après le décor, c'est l'analyse fine et précise de personnages opposés.
C'est carrément du grand art littéraire.
Du début à la fin on est pris dans une ambiance qui devient de plus en plus oppressante.
Les images restent en tête, on a du mal à revenir à notre quotidien .
Dans la famille Burbank, il y a deux frères : Phil, l’aîné, beau parleur, intelligent mais misogyne et misanthrope et George, de 2 ans son cadet, taiseux, rustre mais profondément bon et humain.
Issue de l’aristocratie, rien ne prédestinait cette famille, en ce début du XXème siècle, à diriger le plus gros ranch de cette vallée de l’Ouest américain.
A l’heure de la retraite, les Vieux parents laissent la ferme à leurs deux fils qui cohabitent dans un équilibre très consensuel. Mais George se marie avec une veuve, mère d’un adolescent et les installe avec eux. La famille va alors lentement s’effriter tout au long de ce suspens psychologique très tendu.
Une histoire de cowboys dans laquelle la vie du ranch n’est qu’une toile de fond et où les personnalités des 4 membres de cette famille recomposée vont s’affronter dans une lente et insidieuse destruction.
Ici tout s’oppose, la bonté et l’intolérance, le modernisme et les traditions, le charisme et la persécution. Ici, tout n’est qu’apparence et les vrais sentiments sont ceux que l’on cache.
La plongée dans ce Farwest des années vingt est passionnante et, après avoir vécu dans un ranch du Montana toute son enfance, Thomas Savage décrit à merveille les conditions de vie des ranchers et la dureté de leurs tâches. De plus, en créant une quantité de petites histoires à l’intérieur de la grande histoire, on sent qu’il est animé par une imagination très inspirée par son vécu et par sa connaissance historique des ranchs américains. Mais, comme des feux de paille qui s’éteignent aussitôt, ces nombreuses pistes sont souvent abandonnées et j’ai trouvé dommage qu’elles ne soient pas plus exploitées. Il me reste, au final, un certain sentiment d’inabouti.
Déçue par une construction un peu décousue et par une fin trop abrupte, j’attendais plus de ce roman au sujet glaçant et si je l’ai lu avec intérêt, il ne sera pas, pour moi, le roman culte dont j’ai tant entendu parler.
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"Les hommes ne portaient jamais de gants pour les tâches aussi délicates que la castration, mais ils en portaient pour presque toutes les autres....Tous, sauf Phil. Il ignorait les ampoules, les entailles, les échardes et il méprisait ceux qui portaient des gants afin de se protéger "
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Dans les années 20, au cœur des paysages sublimes du Montana, Phil et George sont les propriétaires du plus gros ranch de la région. Deux frères aussi dissemblables que possible. Phil, mince et athlétique, dominateur et brutal, brillant et doué de ses mains que, par orgueil, il ne protège jamais avec des gants, détail que l'auteur nous livre dès la première page. George, un peu le souffre-douleur de son frère (qui ne l'appelle jamais autrement que Gros Lard !)laborieux, trapu, taiseux, doux et effacé. Deux cow-boys atypiques. Lorsque George épouse Rose du jour au lendemain la veuve d'un docteur local, persuadé qu'elle en veut à son argent Phil va tout faire pour pourrir la vie de Rose et de son fils Peter, un jeune homme efféminé, sensible et effacé, une de ces "chochottes" que Phil déteste plus que tout...
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Si vous souhaitez lire un roman d'aventures, passez votre chemin, c'est plutôt d'aventures intérieures dont il sera question ici. Savamment, en prenant son temps, l'auteur installe ses personnages, décrit leur quotidien, leurs façons d'être au monde qui les entoure et distille des indices sur leur nature profonde. La tension déjà palpable en raison de la personnalité de Phil et de cette relation fraternelle passablement déséquilibrée, monte crescendo avec l'arrivée de Rose et de Peter pour transformer l'histoire en un huis-clos étouffant entre Phil et Rose, George et Peter se tenant en apparence en arrière-plan...jusqu'à l'affrontement final éblouissant.
J'ai adoré cette description fine de la psychologie complexe des personnages, tous fascinants, ce tempo très lent de l'histoire au rythme des travaux du ranch et de la nature, omniprésente dans le roman.
Lors de sa parution en 1967, ce roman offusqua la critique qui le jugea attentatoire au mythe du cow-boy rude et viril. Il fut redécouvert dans les années 90 et depuis lors considéré comme un chef-d'œuvre de la littérature américaine.
Tu la vois la pastille rouge ? Celle avec marqué « culte ». Ces pastilles, ces bandeaux que les éditeurs apposent, on sait bien qu'il faut s'en méfier. On sait que le marketing peut faire dire n'importe quoi à n'importe quel livre juste pour vendre.
Mais le problème c'est que parfois ils disent la vrai. Et concernant « Le pouvoir du chien », culte est vraiment le mot qui convient. Ce western avant-gardiste paru en 1967 fit son petit scandale à l'époque mais nous sommes en 2020 et il n'y a plus d'odeur de soufre entre ces pages, juste de la très très bonne littérature.
Phil et George sont frères, propriétaires du plus grand ranch de leur coin du Montana, ils travaillent ensemble, ils vivent ensemble.
Phil est le brillant, George le laborieux. Phil est grand et anguleux; George est trapu et silencieux. Phil est un brillant joueur d'échecs, un lecteur vorace, un conteur éloquent; George apprend lentement. Phil est un dur qui méprise la faiblesse et a soif de domination; George est bon et a une âme douce. le pauvre George est définitivement dans l'ombre de son frère. Ils dorment dans la chambre qu'ils partageaient enfant, et c'est ainsi depuis quarante ans.
Lorsque George épouse de façon inattendue une jeune veuve et l'amène vivre au ranch, Phil commence sans relâche un travail de sape pour détruire cette femme qui vient déranger l'ordre établi entre les deux frères. Mais c'est sans compter sur la venue de un protecteur improbable.
Reposant sur une intrigue purement psychologique, « le pouvoir du chien » s'ouvre sur un premier paragraphe brutal à se conclut par une fin incisive. Entre temps le lecteur est pris sous son emprise.
Un grand livre, riche en nuances, qui ne livre sa vérité qu'à la toute dernière page.
Traduit par Laura Derajinski
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