"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Second recueil de nouvelles de Thierry Covolo que je lis, après Le plus jeune des frères Crimson. J'y ai retrouvé la qualité d'écriture de l'auteur, fine, alerte et dynamique ; un régal à lire. J'ai également reconnu le goût des grands espaces, même si les lieux sont ici moins fréquemment typés "grands espaces américains".
Petite nouveauté me semble t'il, l'auteur aborde, par petite touche et sans vraiment les nommer, des sujets de société, par exemples : le viol ou l'homosexualité féminine, avec beaucoup de pudeur ; le monde d'après (l'apocalypse climatique)...
- J'ai beaucoup aimé : La mer pour mon anniversaire ; La traînée de la colline ; Passer au niveau supérieur ; Le premier orage de l'été ;
- J'ai bien aimé : Une fille avec un nom du nord ; La prochaine fois ; Le voisin de Jo Campo ; Un petit coq rouge ;
- J'ai moins aimé : Du lait pour la petite ; Il ne se passe jamais rien, ici.
Un recueil de nouvelles à lire, pour le plaisir, et pour les questions que posent certains textes.
http://michelgiraud.fr/2020/08/24/il-ne-se-passe-jamais-rien-ici-thierry-covolo-editions-pneumatiques-un-recueil-a-lire/
De toute évidence, Thierry Covolo aime les USA et la littérature américaine. Le plus jeune des frères Crimson est son premier recueil de nouvelles, qui toutes se déroulent aux USA, en des temps souvent peu déterminés, mais au 20ème siècle.
C'est souvent tendre et touchant, avec une pointe d'humour, dans les dénouements notamment ; parfois un peu plus caustique et acide, mais pas trop.
L'écriture est alerte et fait preuve de beaucoup de finesse. En peu de pages et de mots, elle nous fait partager le vie de personnages, souvent des laissés-pour-compte qui s'assument ou qui s'ignorent et qui traversent des aventures qui les dépassent.
La comparaison va paraître énorme, mais en lisant ces textes, j'ai pensé aux romans d'Erskine Caldwell (La Route au tabac, Le petit Arpent du Bon Dieu).
Thierry Covolo est régulièrement publié pour ses nouvelles et plusieurs ont même été primées. Mais c'est la première fois que 10 d'entre elles sont réunies dans un recueil.
J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ces nouvelles qui nous emmènent à travers l'Amérique profonde et dans des époques différentes. Les personnages sont comme tout le monde, en proie à la difficulté de la vie, au quotidien, à la solitude… Toujours attachants.
J'ai particulièrement aimé Les bottes de Bob, La dernière fois qu'on a vu Sam, Dernière illusion, Les cailloux du Petit Poucet, Hugo et Train de vie.
Pour moi, un auteur à suivre!
Dix nouvelles composent ce recueil au titre énigmatique. Dix histoires qui se déroulent aux Etats-Unis, au siècle dernier, à différentes époques et dans différents endroits du pays.
- Billy Rank est un type super : Quand Sam traverse le pays du sud au nord pour retrouver son vieux copain Billy, les retrouvailles ne sont pas forcément à hauteur de ses espérances.
- Les bottes de Bob : lorsque sa voiture tombe en panne, Emerich est secouru par une menue jeune femme Anna-Lisa qui, étrangement, porte des bottes nettement trop grandes pour elles. Ce sont celles de Bob explique-t-elle.
- La dernière fois qu'on a vu Sam : gamins, le narrateur, sa sœur Millie et Sam sont inséparables. Ils sillonnent la forêt, les lacs de leur village. Puis, le jeune homme doit bientôt aller travailler avec son père et délaisse le trio, Sam et Millie se retrouvent souvent seuls.
- Une fille à marier : Lorsque Honk, fêtard, buveur et dragueur invétéré voit Lissia, jeune femme s'approcher de sa cabane, il ne s'attend pas à la proposition qu'elle va lui faire.
- Ma' Grossman, ça va être ta fête ! : Mo sort de prison aidé par ses deux frères aînés eux-mêmes incarcérés. Il doit s'acquitter d'une mission que les deux autres lui ont confiée, délicate et peut-être même dangereuse.
- Dernière illusion : Tom travaille dans un bar sur la route de Vegas. Amoureux éternel de Cassie qui, tous les matins vient prendre son café avec un cookie cuisiné spécialement pour elle, il ne supporte pas l'idée que Dark, son patron veuille vendre le lieu.
- Les cailloux du Petit Poucet : en panne de voiture en pleine nuit Sally est secourue par Gus, un type étrange qui espère sans doute pas mal de cette rencontre fortuite. Il écoute les fréquences de la police qui vient de découvrir la septième victime d'un tueur en série surnommé le Petit Poucet. La tension monte dans la voiture, Sally se sent en danger.
- La plus jeune des frères Crimson : Nera et Alba sont sœurs et vivent ensemble. Mais cette nuit, encore une fois, Alba découche au grand dam de sa sœur qui subodore une relation sérieuse avec un garçon.
- Hugo : un vieux gendarme est chargé de convoyer un déserteur jusqu'à un lieu de départ vers la guerre. Pour cela, ils doivent emprunter un itinéraire très dangereux.
- Train de vie : dans cette ville du sud, Sonny, jeune homme noir, après le travail aux champs, prend sa guitare et joue du blues pour tout son quartier peuplé exclusivement de noirs. Un jour, Donald Staunton, jeune homme blanc descend du train et demande une chambre en plein milieu du quartier de Sonny, puis il vient l'écouter jouer et chanter.
Très bonnes nouvelles étasuniennes écrites par un Lyonnais qui nous le ferait presque oublier au point d'aller chercher le nom du traducteur. Il décrit les ambiances, les paysages, les stéréotypes des classiques Américains : tueurs en série, filles perdues, taulards revanchards, serveurs dans des cafés au bord des routes, ... On visualise parfaitement les lieux et presque les visages. Mais, parce qu'évidemment, il y en a un, Thierry Covolo en joue. Il pirouette, retourne les situations d'une simple phrase, d'un simple mot, et nos a priori explosent. J'ai beaucoup aimé l'écriture décontractée, oralisée, parfois tendue mais toujours avec un goût d'ironie, d'humour, un ton léger : "Mon Impala m'a lâché entre deux de ces bleds paumés qui jalonnaient mes tournées. A une bonne centaine de kilomètres de chez moi. La voiture a hoqueté, comme quand un truc vous reste en travers de la gorge, puis elle s'est arrêtée. Impossible de la faire repartir. J'ai soulevé le capot et ça m'a confirmé ce que je savais déjà : je n'ai jamais rien compris à la mécanique." (p.23)
Des gens simples chez Thierry Covolo, des paumés parfois, des personnes qui ne se rêvent pas un avenir radieux tant ils sont ancrés dans leurs vies paisibles, mais qui, à la faveur d'un événement changeront du tout au tout. Les nouvelles n'ont pas toujours de chute, ou alors très ouvertes, ce qui permet aux pessimistes et aux optimistes de ne pas envisager la même fin.
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