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Un livre que j’ai mis longtemps à lire parce que j’avais envie d’aller à mon pas de promeneuse curieuse, saisissant ici une couleur, là une odeur, ailleurs, un bruit, me perdre dans les ruelles, les calli.
Carnet vénitien est un catalogue de tableaux impressionnistes racontant Venise, celle de l’autrice.
Je ne connais pas Venise. Entre elle et moi c’est l’amour et la peur d’être déçue par les touristes beaucoup trop nombreux qui m’empêcherais de rêver, de sentir, voir à mon rythme.
Alors, là, je suis ravie. Je vois les photos, les tableaux et mon imagination fait le reste.
« La lumière aujourd’hui sur la lagune est tellement épuisée que le blanc du ciel et de l’eau n’est qu’une absence de couleur, et contre la lumière, le vert de feuillages et le noir et la brique une seule obscurité cendrée ».
Maintenant que je l’ai terminé, il m’arrive d’ouvrir une page au hasard et la magie perdure.
« Le gris bleu de l’eau du Bacino et du ciel nocturne où la lumière légère de la lune semblait pulvérisée. S. Giorgio était d’une ombre épaisse et souple. Quand passait un vaporetto, quelques blanches lueurs de lune apparaissaient un instant dans son remous »… Et là, vous visualisez le tableau.
« Il n'est pas toujours facile d'aimer Venise, l'hiver. Il y faut parfois quelques efforts : et, toujours un cœur bien attentif. Elle n'y aide pas, dépouillée comme un théâtre en plein jour. Que le ciel colle, jaunâtre, aux maisons, ou qu'il soit haut comme aujourd’hui, d’un gris translucide, jamais une ombre, une lumière brisée ne distrait ou ne voile sa nudité. Ni l'eau : verte ou grise, elle n'est qu’un miroir qui projette sur la ville une clarté cruelle. Les jeux sont finis. »
Un livre d’images, d’impressions, de descriptions qui présente une Venise au quotidien, une Venise encore inconnue du tourisme de base, une Venise énigmatique, envoûtante.
Ce livre , Liliana Magrini, a traduit en italien Malraux et Camus, excusez du peu. Carnet vénitien, écrit directement en français, a été publié la première fois en 1956
Merci Serge Safran, de lui avoir redonné vie ; grâce à vous j’ai fait un beau voyage
L’ubiquité fabuleuse !
« Carnet vénitien » est une déambulation époustouflante, belle à couper le souffle tant sa magie est intrinsèque. Ce classique né est de loin le plus profond des guides de voyage pour visiter Venise. Écrit en 1956 par une Vénitienne, Liliana Magrini, depuis la France, il rassemble l’épars des souvenirs et les intériorités glorieuses et pavloviennes.
Son récit est une opportunité, une lagune d’attache. Ici, vous avez le palpitant de Venise, l’idiosyncrasie de cette ville-île, les habitus en noir et blanc, la cité lagunaire en diapason. Ce texte doté d’une écriture intuitive incite au miracle d’une visite inoubliable.
« Mais la nuit, c’est plus sérieux. Dans la rue : son propre pas, si net parmi d’autres, qui de temps en temps,le suivent, le croisent. Il était peut-être accompagné, puis on le retrouve, seul ; comme incertain d’abord, et presque entravé. »
« Carnet vénitien » macrocosme vivifiant dont chaque image est une renaissance.
« Avant de disparaître, le soleil est parvenu à envelopper l’occident d’un reflet mauve : mais, tout autour, au-dessus d’une eau prise dans une fixité verdâtre, la ville se ramassait de plus en plus dans son gris uni, travaillé de minces traits blancs…. Ce soir, à travers une brume où les maisons sont aussi bleues que le ciel, perce la blancheur aiguë des pierres. »
Rien n’est oublié. Ce texte encense Venise dans ces années où le temps avait une prise sur l’homme et son antre de vie. Scènes au ralenti, le Grand Canal mythique, Venise élève son souffle et s'offre à la trame pensive, nostalgique.
« Vers le soir, enfin baignée d’une ombre bleutée, Venise connaît une heure de repos, qui lui refait une trame douce et unie, dont on ne perçoit que la solidité apaisée ; ce qui s’inscrit dans le ciel encore clair en pointes fines, non plus d’une patiente précision artisanale, mais aiguës de pureté. »
Écrire en français, elle la Vénitienne, renforce l’authenticité. Le crucial d’une mise en abîme riche de sentiments loyaux et d’une connaissance extrême d’aucuns en sont capables. On ressent la mélancolie, l’amour pour Venise qui est une ode. Lagune essentialiste où pas une ombre n’échappe à Liliana Magrini est une photographie qui prend vie.
« Venise existe par les êtres qui la peuplent. »
Sociologique, culturel, mémoriel, philosophique, intellectuel, littéraire, « Carnet vénitien » est une balade confirmée.
Publié par les majeures Éditions Serge Safran éditeur.
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