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Stéphane Emond est libraire, loin de la région de ses parents, L’Argonne aux confins de la Meuse et des Ardennes. C’est avec une certaine émotion, et infiniment de douceur, qu’il relate dans ce court récit, l’exode de de ses grands-parents en 1940, entre l’Argonne et l’aube.
Ils étaient des milliers, qui, face à l’invasion allemande, se sont retrouvés sur les routes, avec les moyens du bord, c’est-à-dire pas grand-chose, à fuir les blindés et les pilonnages ennemis, pour survivre. L’entreprise est périlleuse, c’est dans ces circonstances que la grand-mère de l’auteur décède sous les bombes, qu’une de ses tantes tombe malade.
L’auteur se souvient avec tendresse de son père paysan et menuisier, alors que pour sa part, il n’a pas suivi le chemin paternel, et s’en est allé suivre son propre destin.
Refaisant la route inverse, Stéphane Emond rend hommage émouvant à fa famille, et aux français déracinés par la guerre.
Le récit mêle le présent et le passé ; il effleure avec peu de mots les blessures d’un homme qui n’a jamais pu se libérer des traumatismes de son enfance.
Quatre vingt ans après, Stéphane Émond refait le chemin qu’avait fait sa famille pour fuir la guerre. Alors qu’il vit désormais très loin du berceau familial, il a ressenti le besoin de refaire le parcours sur ces pauvres routes de France depuis l’Argonne vers le département de l’Aube pour y trouver un peu des siens, de leurs angoisses, de leurs espoirs, de la mort et de la vie.
Armé de deux très vieilles photographies et de l’alliance si fine et fragile héritée du grand-père, l’auteur part sur les routes retrouver les siens, pour comprendre la peur, pour vivre les terreurs des femmes et des enfants, pour entendre les bombardements et la mort de la grand-mère. Refaire le chemin à l’envers pour se rapprocher du passé, imaginer les préparatifs, que garder, que laisser, reviendra-t-on un jour dans cette maison que l’on quitte. Partir sans s’arrêter, passer des villes en flammes, faire partie de cette cohorte de réfugiés qui fuient la guerre sous le fracas de la mitraille. Tant de questions, tant d’incertitudes, tant de craintes sans doute.
Ce pèlerinage au sources est ici raconté à la première personne par un auteur sans fard et d’une grande sincérité quant à ses propres interrogations, lui qui a quitté depuis si longtemps la terre des ancêtres. Alternant entre présent et passé, il fait le récit d’une introspection, mais également celui d’une fresque familiale avant l’oubli, pour que ceux qui viendront après sachent et connaissent. Stéphane Émond se fait passeur d’histoire avec un petit mais aussi avec un grand H, de l’histoire familiale à celle de cette région de France creuset de tant de combats, envahie par les conquérants et meurtrie par les guerres à travers les âges.
On retrouve ici le besoin de transmettre de cette seconde génération qui n’a pas connu directement les événements dont elle parle, et dont les parents, qui eux ont vécu l’exode et la guerre, n’ont jamais évoqué leur expérience.
chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/10/11/argonne-stephane-emond/
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