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Ondine est la petite-fille d'un industriel très en vue, qui fréquente du très beau monde jusque dans les hautes sphères du pouvoir. Il est aussi tyrannique et partouzeur. Il vit nu et impose la nudité chez lui, notamment dans sa maison de vacances, autour de la piscine -"haut lieu du libertinage français de l'époque". Les enfants, ses petits-enfants subissent, assistent à des scènes très déplacées, sont plongés dans une atmosphère où tout tourne autour du sexe, du libertinage voire de la pornographie. Les propos sont vulgaires, violents, mais ne restent que des propos. Pas d'inceste. De l'incestuel qui est selon Paul-Claude Racamier, psychiatre et psychanalyste, cité en exergue "un climat où souffle le vent de l'inceste, sans qu'il y ait inceste."
Ondine que l'on imagine sans difficulté être l'autrice, qui comme elle est médecin, guitariste et chanteuse et dessinatrice raconte son enfance, son adolescence et sa vie de jeune adulte à deux voix. Celle de l'enfant qui subit sans comprendre, qui sent bien que ce qui se passe chez elle ne se passe pas ailleurs, qui ne se sent pas à l'aise nue, entourée d'hommes et de femmes nus. Ces mots sont corroborés, expliqués par Ondine devenue adulte et médecin, qui écrit ce livre et qui s'adresse à son grand-père en disant "Monsieur". Les textes, courts, alternent et se distinguent aisément d'une part par le ton employé, le style et d'autre part par la police d'écriture. "Papie Martial n'est pas très beau. Il a un grand nez, les cheveux raides Il ne porte jamais de vêtements, sauf quand il va au bureau. [...] Par contre, il est effrayant quand il crie. Alors tout le monde est toujours d'accord avec lui." (p.37/38)
Très bien écrit, dans un langage direct et cru, sans être ni vulgaire ni grossier, qui tente de coller au mieux aux sensations de la jeune Ondine, ce livre évite le voyeurisme et raconte la difficulté de grandir dans cette ambiance, dans cette peur qu'un jour les jeunes gens soient eux-mêmes livrés aux instincts des amis de Papie Martial. Il dit également le manque des parents, sous la coupe du grand-père : la mère d'Ondine est la fille de Martial, elle participe aux journées échangistes, et son père travaille pour Martial et accepte tout, il participe lui aussi : "Chez nous, la caresse était sexuelle ou elle n'était pas. Le grand-père nous touchait, nos parents, non. Le manque d'un contact chaleureux, sincère et bien intentionné court encore sur ma peau, tant d'années après. L'absence de l'étreinte aimante et rassurante, qui donne à l'enfant l'envie de grandir, ne trouvera jamais réparation. La sensation de n'avoir aucune place dans le monde non plus." (p.71)
Un livre qui se lit assez vite, qui nous fait passer par des tas de sentiments ou sensations notamment le dégoût et la colère, mais qui au-delà de ça fait prendre conscience que beaucoup d'enfants encore aujourd'hui sont confrontés à ces dérives, avec des adultes qui ne comprennent pas que la vie intime doit rester intime et qu'exposée à tous et tout le temps, elle blesse et détruit ceux qui subissent. Des enfants qui auront du mal à construire leur propre vie intime.
"Un livre explosif et saisissant, qui lève le dernier tabou de la génération post-libération sexuelle." (4ème de couverture)
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