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Un livre fort qui ne laisse pas indifférent.
La question posée par l’auteur n’est pas simple et les différentes personnalités qui ont apporté leurs avis en fin de livre sont pour la plupart unanimes sur le fait que la notion de pardon elle-même est compliquée non seulement à définir mais aussi de savoir s’il faut l’accorder ou non et ce d’autant plus dans les circonstances posées par Simon Wiesenthal, ancien déporté, devenu chasseur de nazis.
La plupart s’accordent sur le fait qu’on ne peut pardonner à la place d’autrui.
« Celui qui pardonne doit-être celui qui a subi le tort, et nul ne peut usurper cette place » (p153, Olivier Abel)
D’autres questions découlant de la principale, s’ajoutent forcément au débat.
Ce jeune SS n’en était qu’à son 1er acte horrible mais comme cela est soumis dans le livre, n’aurait-il pas continué s’il n’avait pas été grièvement blessé et à l’article de la mort ? Il en aurait eu l’occasion mais aurait-il eu la force, le courage de s’opposer à ses supérieurs pour y mettre fin ? Rien n’est moins sûr. Embrigadé comme il l’était, comme tous les autres, il aurait sans doute perpétué d’autres atrocités.
Alors ?! Impardonnable ? Le fait même que ce dilemme l’ai torturé encore longtemps après la guerre, Simon Wiesenthal ne montre t-il pas que l’acte horrible que ce SS a commis était en partie pardonnable à cause du concours de circonstance ? Il dit lui-même que l’époque et les circonstances ont créées des hommes capables de commettre des crimes atroces. Alors ? Pardonnable ? N’oublions pas que certains ont pourtant su s’opposer et ne pas tomber dans l’horreur au détriment de leur propre vie. Dans ce cas le pardon n’est peut-être pas permis pour les autres.
Arrive t-on mieux à se regarder dans une glace si on nous a pardonné un acte horrible ? Celui-ci est fait et irréparable, le pardon n’efface pas.
Simon Wiesenthal n’a pas répondu au SS, il a quitté la salle sans rien dire. Il a tout de même été, malgré lui, touché par ce jeune homme. La question se pose alors si ce n’est pas là la source d’un pardon possible comme il l’est dit dans le livre.
Selon une des personnalités qui s’expriment à la fin du livre, le simple fait de l’avoir écouté sans le maudire est peut-être le maximum que pouvait faire Simon Wiesenthal.
Simon Wiesenthal n’a rien dit non plus à la mère de ce SS lorsqu’il l’a rencontré après la guerre. Il a eu la noblesse de la laisser dans ses illusions de bon fils. A quoi aurait-il servi de rajouter à sa souffrance ?
Peu de SS ont regretté leurs actes au cours des différents procès d’après guerre. Ce jeune SS de 22 ans a pris conscience de son acte de bourreau. Georges Hourdin se prononce pour le pardon, il dit être porté à l’indulgence pour quelqu’un qui a été aussi, en un certains sens, une victime de la guerre, du moment qu’il était repentant.
Jacques Duquesnes et Elisabeth de Fontenay sont selon moi hors sujet. Aucun des 2 ne répondent à la question. Le premier traite davantage du fait que « Dieu était en congé » et la deuxième dit clairement que la question posée ne l’intéresse pas, l’incertitude seule de Simon Wiesenthal lui suffit…
En tant que professeur de philosophie je ne sais comment elle noterait une copie d’élève qui lui signifierait que la question du sujet ne l’intéresse pas… En philosophe qu’elle est, elle « disserte » donc sur plusieurs pages d’autres choses contenues dans le récit de Simon Wiesenthal faisant référence aux romains, à Van Gogh…sans toucher à l’essentiel et de manière qui ne m’a pas intéressée. A côté de la plaque à mon sens.
L’intervention de Mathieu Ricard est intéressante. Moine tibétain et interprète du Dalaï-lama, il explique sa vision du pardon. Il y a pardon et pardon. Si se faire pardonner est pour mieux recommencer, non. Pardonner signifie pour lui briser le cycle de la haine.
Il cite un proverbe bouddhiste : « le seul aspect positif du mal réside dans le fait qu’il peut être purifié ». En effet, « si l’on se transforme réellement, le pardon qui vous est accordé n’est pas indulgence à l’égard des fautes passées, mais reconnaissance de ce changement. La notion de pardon est intimement liée à l’idée de transformation.
Cependant, malgré le pardon, le criminel ne peut espérer échapper aux conséquences de ses actes. Un repentant sincère ne devrait même pas demander le pardon : l’important pour lui est de tout mettre en œuvre pour créer, en toute humilité et de tout son être, un bien équivalent au mal qu’il a commis. Comment peut-on demander pardon sans réparation ?
Pardonner n’est pas excuser mais abandonner la soif de vengeance. »
Je finirai sur les avis d’Anita Lasker-Wallfish et de Simone Veil.
Peut-être parce que toutes 2 déportées et rescapées des camps comme Simon Wiesenthal, elles sont les plus à même d’avoir le mieux perçu et pris pleinement conscience du dilemme posé. Simon Wiesenthal lui-même se doute que tout le monde aura un avis sur la question. Les pour, les contre, mais que personne n’ayant vécu ce que les déportés ont vécu ne saura prendre la véritable dimension de la situation.
Ce que ces 2 femmes en disent est très fort. Aucune des 2 ne se prononcent en faveur d’un choix plus qu’un autre. Elles comprennent que l’un ou l’autre est possible et je dois dire qu’elles l’ont toutes deux formulé de manière qui m’a émue.
Un livre que j’ai beaucoup aimé.
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