"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Et la fureur tue les bêtes et les couleurs n’ont pas droit au mélange et les peaux s’accordent pourtant l’amour se moque de la bêtise en feu la haine sur les orchidées deux chatons jetés dans une piscine avalent la stupidité cruelle des hommes. Les femmes fortes résistent puis se vengent de ceux qui ne laissent pas l’autre exister.
Le lecteur en apnée dans la chaleur du Sud. On y est et c’est osé parce qu’engagé parce qu’écrit par une femme en 1965 pour donner des coups pour les droits civiques pour ne pas figer les possibles.
Grand roman avec rebondissements. Les personnages sont éloquents en peu l’essentiel dit le vivant multiple. Le début plus lent pose le décor, la dernière partie est plus aventureuse. Le tout est une très belle réussite.
Un bémol : J’aurais préféré que cette nouvelle traduction se passe de certains mots qui pourraient facilement trouver remplaçant sans dénaturer l’essence du texte. Les mots comptent et sans changer le récit, les rendre moins heurtant me semble une prérogative indispensable à une plus grande empathie sociétale.
Le descriptif nous donne vraiment de le lire ,l'esclavage et un sujet délicat, cruel , sa donne très envie de savoircomme elle va mener sa vie qui reste tre mouvementer à suivre
Le roman s’ouvre par un monologue qu’Abigail Howland tient sur la véranda de sa maison familiale. Une sorte d’adresse au lecteur où se mêlent un sentiment de solitude et une grande force combative. On comprend vite qu’Abigail compte se lancer dans une entreprise qui tient de la vengeance. Et ces premières pages captent déjà toute l’attention. Le récit revient ensuite en arrière pour nous conter l’histoire de la famille Howland et en particulier celle du grand-père d’Abigail, William. On comprend alors, petit à petit, comment toutes les pièces du puzzle se sont emboitées, quelles causes ont eu pour conséquences quels effets et comment on en est arrivé au discours d’Abigail sur sa véranda.
Dans cette riche famille du sud des Etats-Unis, le silence et les non-dits sont rois. Ainsi, lorsque William installe chez lui Margaret, une jeune fille noire, descendante d’esclaves affranchis avec qui il aura des enfants, personne ne dit un mot. Sauf que l’époque est à la ségrégation, que les alliances entre blancs et noirs sont implicitement proscrites, qu’être un enfant métis est un gage de mise au banc d’une société qui n’admet pas que les noirs puissent y occuper une place à égalité des blancs. Et que vouloir leur donner cette place vous désigne immédiatement comme un ennemi.
Etonnamment, et malgré les faits qu’il dénonce, ce livre est très feutré, presque doux et contemplatif. La nature y joue un grand rôle ainsi que la maison familiale, agrandie au fil des années et où Abigail viendra vivre avec ses quatre enfants. On y suit les années qui passent, la vie dans cette maison où rien n’est vraiment caché mais où chacun veille à rester à sa place pour ne rien heurter.
Mais sous ces apparences de tranquillité on entend la violence sous-jacente et qui ne demande qu’à s’exprimer. La moindre étincelle peut alors provoquer un incendie terrible, au sens propre comme au figuré. Si tout le récit se déroule ainsi sur un mode assez lent, la fin est à couper le souffle et la conclusion, qui nous ramène aux premières pages, nous montre une Abigail implacable dans sa soif de vengeance. Mais le récit nous montre aussi une femme face à ses contradictions et notamment vis-à-vis des positions politiques de son mari.
Ce livre, Prix Pulitzer en 1965 en pleine période de lutte pour les droits civiques, est aussi un très beau portrait de femmes avec un intéressant jeu de miroir entre Abigail et Margaret.
Encore une belle découverte à mettre au crédit de la collection Vintage des éditions Belfond.
Après Les saisons et les jours de Caroline Miller, c'est à nouveau les Editions Belfond que je remercie d'avoir réédité un Pulitzer « oublié », Les Gardiens de la maison, lauréat 1965.
Les premières pages, la voix d'Abigail nous faisant comprendre que quelque chose vient d'arriver, m'ont totalement happée.
Il faudra cependant remonter au grand-père d'Abigail et dérouler toute l'histoire de sa famille pour comprendre la teneur de ces évènements.
L'histoire de la famille Howland, c'est l'histoire d'un homme qui s'est emparé d'une terre qui n'appartenait à personne, qui en a fait son territoire, c'est l'histoire de ses descendants. Mais c'est aussi l'histoire de l'Amérique que l'on vit à travers eux, la Guerre de Sécession, la ségrégation, le Klu Klux Klan...
Alors forcément, une grande saga familiale sur plusieurs générations, ça fait toujours son petit effet sur moi. Là encore, ça n’a pas raté et j'ai dévoré cette fresque en un week-end "rocking-chair et rayon de soleil".
Je dois cependant reconnaitre que je n’ai pas retrouvé dans le corps du roman cette force qui m’avait attrapée dès les premières pages, l'histoire coule plutôt tranquillement, mais gagne en intensité jusqu'à la fin que j'ai trouvée magistrale. Et qui recoupe avec le début, procédé que j'apprécie particulièrement.
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