"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce livre est une pure merveille. Écrit avec tant de justesse mais aussi de mystère, l'écrivain a su trouver les mots pour nous emporter dans cette folie tout naturellement. Il se dévore en très peu de temps et se lit avec facilité. Le choix du papier est également un régal : il glisse entre les doigts et amplifie l'aspect féminin de ce livre.
2017 : Sylvia Wren est une artiste contemporaine majeure. Exposée dans les plus grands musées, elle vit pourtant en recluse dans sa maison au Nouveau-Mexique, évitant toute apparition publique. Lorsqu'une journaliste se met en tête de déterrer son passé, elle se retrouve confrontée à celle qu'elle était autrefois : Iris Chapel.
Ainsi commence pour le lecteur le voyage dans les années 50 avec les six soeurs Chapel, un nom connu pour être celui d'un des plus célèbre fabricant d'armes. Aster, Rosalind, Calla, Daphne, Iris, Hazel, 6 filles au prénom de fleurs. 6 qui vont devenir 5, puis 4, puis 3….
Un parfum d'étrangeté plane sur cette histoire avec des morts mystérieuses qui s'enchaînent, une mère torturée par des fantômes, persuadée pouvoir prédire l'avenir et une grande maison victorienne qui ressemble à un gâteau de mariage.
Fresque familiale aux accents gothiques, « Les voleurs d'innocence » est une très bonne surprise. Pas du tout friande de ce genre d'ambiance, je me suis totalement investie dans cette lecture. Je voulais savoir !
Derrière l'intrigue proche de celle d'un thriller psychologique, Sarai Walker, nous convie très habilement à scruter les normes sociétales et la perception des femmes dans les années 50. Une époque où les filles aspirant à s'échapper de leur famille n'ont pour seule issue que le mariage. La vie de Sylvia Wren, qui emprunte à la fois à celle de Georgia O'Keeffe et à celle de Sarah Winchester, vient à l'opposé célébrer la liberté et une certaine forme de féminisme.
« Tu ne comprends pas ce qu'est réellement le mariage. Comment, une fois mariée, tu appartiens à un homme et cesses d'être toi-même.
Une Belle découverte de ce roman gothique, qui questionne sur les conditions féministes, du mystère, l'art, l'identité sexuelle, l'innocence et la désinvolture.
Une plume prenante, poétique, le lecteur peu avoir différentes interprétations, on n'arrive pas à lâcher cette histoire car elle nous tient en haleine. Sororité, héritage aucune concessions sur cette société américaine et patriarcale.
"J'ai grandi en pensant que notre mère était hantée et comme mes sœurs et moi avions toutes vécu à l'intérieur d'elle durant neuf mois, je me demandais si nous aussi étions hantées."
Je sors de ma lecture encore toute chamboulée. Imaginez une famille sur laquelle pèse une malédiction et pour laquelle vous savez à l’avance qu’ils vont tous mourir dans le roman, les uns après les autres. Je ne pensais pas avoir envie de e genre de lectures en ce moment et pourtant j’ai été happée par la vie de la famille Chapel.
C’est un roman où l’amour est synonyme de mort et pourtant il y a une attirance irrésistible car l’histoire est belle, un peu poétique et fantastique. Ce roman interroge aussi sur la place des femmes dans la société. J’ai beaucoup aimé la fin et le dénouement de cette histoire.
Sur certains aspects, ma lecture m’a fait penser à la série BlackWater de Michael McDowell que j’avais beaucoup aimé.
A lire sans hésiter si les 600 pages ne vous font pas peur :-)
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