Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
A 20 ans, Sandra Reinflet a cru mourir suite à un accident de voiture. Elle a alors décidé d’aller vars ce qi était essentiel pour elle. A 26 ans, elle partait avec Yuki , une amie, pour parcourir les cinq continents et découvrir 81 femmes qui « réveillent le monde ». Le livre est le récit de ce périple. Mais pas seulement…
C’est une suite de portraits de femmes. Mais pas seulement…
Sandra Reinflet en profite pour analyser ce que ces quatorze mois ont transformé en elle. Mais pas seulement…
Elle fait une analyse géopolitique du monde pertinent et fine.
Et tout cela sur un ton de proximité avec le lecteur, discrètement, simplement.
Et elle touche. Lorsque j’ai refermé le livre, j’avais l’impression de mieux connaître l’humaité, ses beautés, ses rudesses, ses tourments et ses bonheurs. Et surtout j’avais envie de me bouger, envie d’admirer : ce livre donne le sourire et réveille l’énergie.
La mort peut surgir à chaque instant, même quand on a 20 ans. Et qu'en est-il alors des projets toujours remis, des rêves non réalisés, de la vie qu'on n'a pas vécue tout-à-fait comme on l'aurait voulu ? Cette prise de conscience conduit Sandra Reinflet à vivre l'instant présent pour ce qu'il est : irréversible. Le voyage qu'elle a projeté lorsqu'elle était enfant, il lui faut le réaliser à 25 ans, avant qu'il ne soit trop tard. C'est ce périple autour du monde qu'elle nous raconte ici avec des mots lumineux de simplicité, de tendresse, de générosité. Une générosité qui imprègne le projet porté par ce voyage de quatorze mois qu'elle prépare et effectue avec son amie Yuki. Il s'agit de partir à la rencontre de 81 femmes nées, comme elles, en 1981, issues de toutes classes sociales, de toutes cultures, de toutes religions, mais intimement reliées par leur capacité à se battre pour faire vivre leurs rêves. Danseuse, sportive, guérisseuse, mère de famille, présentatrice télé, coiffeuse... on part avec les deux voyageuses à la découverte de femmes qui n'abdiquent pas, qui restent debout et luttent à leur niveau, avec leurs moyens, en pleine conscience.
Les péripéties du voyage, les surprises (bonnes et mauvaises !), les interrogations quant à ce que les deux jeunes femmes ont laissé derrière elle, les paysages, les moments suspendus... forment une extraordinaire mosaïque, pleine de couleurs, d'émotions, de rires et de larmes. L'écriture de Sandra Reinflet nous emmène énergiquement à la suite des voyageuses et met le monde à notre portée, nous en rapproche et nous donne conscience de lui appartenir. Les émotions affleurent sans jamais être lourdement décryptées. Elles sont et c'est tout et c'est bien et c'est beau.
Dès les premières pages, j'ai été happée par cette atmosphère dont la luminosité n'a rien à voir avec un angélisme quelconque. D'une rencontre à l'autre, c'est comme si Sandra Reinflet déployait devant moi toutes les possibilités du monde, comme si elle me plongeait au coeur des chatoiements, des flamboyances et des ombres d'existences lointaines mais rendues si proches par son écriture. C'est un livre qui nous donne tous les courages, toutes les forces, qui met au creux de nos mains la belle aventure d'être vivant et en éveil constant. Un engagement à partir vers l'inconnu.
Camille rêve de liberté et vient de réussir son BAC. Comme pour la plupart de lycéens, elle fête sa réussite avec ses amis. Mais la fête dérape et ne se passe pas comme prévu. Conséquence ou hasard, peu de temps après, Eva, l’artiste, l’amie et amoureuse de Camille disparait du jour au lendemain, abandonnant Camille à son quotidien à Thionville. Camille va se r »volter, tenter de la retrouver, traverser de façon un peu incohérente une Europe de l’Est un peu trop idyllique et bienveillante, pour se retrouver elle-même, et bien malgré elle revenir vers sa famille.
L’écriture de Sandra Reinflet est intéressante, son phrasé, bref et dynamique, ses mots, aussi vifs que l’adolescence, celle qui explose et veut exister loin des parents et des règles imposées, traduisent cette impatience à vivre pleinement ce passage imposé pour se construire. Camille a su me séduire et me donner envie de la suivre jusqu’au bout. Malgré quelques imperfections, quelques incohérences et un peu trop d’optimisme envers les humains, j’ai découvert un joli premier roman.
https://domiclire.wordpress.com/2017/07/11/ne-parle-pas-aux-inconnus-sandra-reinflet/
Lien : http://livresselitteraire.blogspot.com/2017/06/ne-parle-pas-aux-inconnus-sandra-reinflet.html
Décidément l’aventure des 68 premières fois recèle de belles, très belles découvertes. Les post-it à presque chaque page en témoignent. Je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps, Ne parle pas aux inconnus est un coup de cœur et je l’ai su dès les premières pages.
Fin du lycée. Camille, dix-sept ans, passionnée de dessins et plus particulièrement de BD vient d’obtenir son baccalauréat. Comme pour tout diplôme obtenu, la fête va battre son plein. Au programme : rock, ivresse, amour. Amour avec Eva, une jeune polonaise venue vivre en France avec ses parents dont Camille est folle. Entre elles c’est passionnel, fusionnel, c’est un premier amour. Un premier vrai grand amour. Celui qui vous imprègne d’une odeur, qui vous tatoue d’une caresse. Celui qui ne s’oublie pas, qui se vit à 200 à l’heure. Qui se vit en apnée.
Mais voilà la soirée ne va pas se dérouler comme prévue, Camille, jalouse, va partir en vrille. Le réveil du lendemain lui laissera des haut-le-cœur de souvenirs. Camille n’a plus qu’une idée en tête : contacter Eva, s’expliquer, se faire pardonner, glisser son nez dans son cou. Recoller les pots cassés. Eva… Eva… trois lettres obsédantes. Des sonneries qui sonnent dans le vide, des SMS perdus dans les méandres du réseau. Eva, aux abonnés absentes. Où est-elle ? Pourquoi ne répond-elle pas à Camille ?
Camille comme un insecte qui se heurte à l’ampoule. Un oiseau qui à peine sortie du nid pour s’envoler se cogne à une baie vitrée. Camille, sans sa polonaise, c’est comme une fleur sans eau.
Bien décidée à comprendre, elle décide de prendre la route pour la retrouver. Malgré les « ne pas » de ses parents. Ne pas sortir de la maison toute seule. Ne pas faire de bêtises. Ne pas parler aux inconnus. Mais pour Eva, elle enfreint toutes les règles.
Un voyage au cours duquel Camille rencontrera des inconnus, se laissera embarquer dans des ailleurs et des aventures avec eux. Et même une fois rentrée, l’aventure ne sera pas terminée.
Et si les inconnus n’étaient pas toujours ceux que l’on rencontre en chemin ? Et si au bout du chemin, l’essentiel n’était pas de retrouver Eva, mais de se trouver soi-même ?
Comment trouver les bons mots pour parler de ce roman vibrant de jeunesse ? Vibrant de liberté et d’amour ? Je crains qu’aucun ne soit à la hauteur. Mais il faut en parler, il faut faire découvrir ce roman dévoré, croqué à pleine bouche, comme Camille embrassant Eva. Comme Eva embrassant Camille.
Ne parle pas aux inconnus c’est se laisser fondre dans l’histoire de Camille, dans celle d’Eva, dans celle d’une famille où les parents brident leurs rêves et ceux de leurs enfants. C’est se prendre en plein figure une écriture tourbillonnante. Une écriture qui claque, qui happe. Concise, précise, parfois trash faite de passages prenants, vibrants où les mots sont ciselés. Où ils ondulent, dansent. En transes. Une écriture qui secoue et vous fait tourner les pages les unes après les autres, oubliant l’heure (et la crème solaire aussi aïe mon nez et mon front !).
Une écriture qui n’est pas sans me rappeler celle de Sacha Sperling dans Mes illusions donnent sur la cour. Aussi vive, aussi intense et poétique.
On sent dans ce roman la connaissance du voyage, la débrouillardise qui habite l’héroïne, insufflée par l’expérience de l’auteure. On sent la peur, présente face à cet inconnu. Cette inconnue qu’elle est, cette inconnue qu’est sa mère. Ces inconnus. Oui bien sûr cette jeune fille est inconsciente de partir ainsi, quitter le nid familial. Les parents en frissonneront en lisant ce roman. Mais ce roman c’est la liberté de choisir sa destinée, choisir qui l’on est. Car bien au-delà du voyage, l'auteure donne à lire au lecteur une découverte de soi à travers des choix de vie : l'ambition professionnelle, les désirs, la sexualité. On s’immisce dans les émotions tenaces qui se sont logées dans les veines de Camille, les mots acerbes dont elle a été victime, cette différence – si tant est que l’homosexualité soit une différence – qui lui vaut moqueries, mépris et incompréhension.
Sandra Reinflet ne laisse rien au hasard, elle aborde des sujets d’actualité, de controverse, des maux que taisent adolescents, parents, société avec un réalisme frais et moderne. Et puis moi je n’y peux rien, j’aime ces romans qui parlent de l’homosexualité de manière si ouverte, si libérée et avec tant de beauté. Il devrait en être ainsi au quotidien. Et plus globalement, j’aime ces romans qui cassent les barrières, qui enfreignent les codes, qui osent. En définitif, dans ce premier roman tout sonne avec justesse.
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