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Il y a quelques années de cela, maman est revenue de la bibliothèque municipale avec ce livre … Quelques minutes plus tard, j’étais affalée sur le canapé en train de le dévorer, littéralement. La couverture me promettait à la fois un ouvrage sur l’autisme - sujet qui m’intéresse depuis fort longtemps - et la présence de chevaux - ma passion de toujours. Ce témoignage m’avait alors terriblement émue, et je m’étais promis de le relire un jour, à tête reposée. L’ayant trouvé sur les rayonnages de la bibliothèque spécialisée sur l’autisme que je fréquente depuis quelques mois, j’ai immédiatement sauté sur l’occasion pour procéder à cette relecture tant attendue. Autant vous prévenir tout de suite : il m’a tout autant bouleversée que la première fois, et j’ai toutes les peines du monde à organiser mes idées pour rédiger cette chronique !
Au premier abord, Rowan était un bébé des plus agréables à vivre : pas de réveils intempestifs, pas de pleurs incompréhensibles … Toutefois, plus le temps passait et plus sa maman, psychologue de formation, s’inquiétait : Rowan ne parlait pas mais répétait inlassablement les mêmes extraits de dessins animés, il ne pointait pas du doigt, ne réagissait pas à son prénom. Et puis commencèrent les colères, des déferlements impromptus et atroces de hurlements de rage et de douleur, inexplicables et inexpliqués. Peu après avoir fêté le deuxième anniversaire de Rowan, Rupert et sa femme se retrouvent confrontés au diagnostic : autisme. Désespérés, prêts à tout pour aider leur enfant à sortir de cet enfermement, ils vont tenter thérapie sur thérapie, méthode après méthode, sans le moindre résultat, sans la moindre amélioration … Seul le contact avec Besty, la vieille jument du fermier voisin, semble apaiser le petit garçon … ainsi que sa brève rencontre avec des guérisseurs africains. Rupert se met alors à imaginer un projet fou : emmener Rowan en Mongolie, terre natale du cheval et terre ancestrale de chamanisme …
Ce livre, c’est avant tout la déclaration d’amour inconditionnel d’un père à son fils. Un père complétement désemparé, qui n’en peut plus de voir son fils souffrir et s’enfermer progressivement dans son propre esprit, qui ne sait pas comment faire pour l’aider, qui n’a aucun moyen de l’aider à son propre niveau et qui en souffre. Imaginez : cela fait cinq ans que vous regardez, complétement impuissant, votre enfant se tordre de douleur, hurler de désespoir, sans que vous ne puissiez rien faire pour lui car le simple contact le rend plus hystérique encore. N’auriez-vous pas envie, besoin, de tenter quelque chose, juste pour avoir le sentiment d’être utile, pour avoir l’impression d’être présent pour ce petit être qui dépend de vous ? Rupert, lui, ne peut plus rester planté là, à accueillir ces dizaines de thérapeutes plus ou moins compétents et compatissants qui défilent, à attendre avec crainte la prochaine éruption de fureur douloureuse de Rowan, à voir cette enfance volée par cette étrange maladie qui semble n’avoir aucune cause définie … Rupert aime son fils, voilà ce que montre ce livre en tout premier lieu.
La seconde chose que l’on peut retenir de ce livre, c’est bien évidemment l’aspect « témoignage d’un papa d’enfant autiste ». Ce livre montre ainsi l’incompréhension et le désarroi que connaissent bien des parents face aux premiers signes de l’autisme, ces signes que même les médecins ne savent pas détecter et reconnaitre. Ces signes qui diffèrent d’un enfant à l’autre et qui rendent le diagnostic tellement délicat à établir. Et une fois celui-ci définitivement posé, une nouvelle terrible question nait : que faire ? Que faire face à cette maladie que l’on ne guérit pas ? Que faire face à cet enfant que l’on ne comprend pas ? Comme beaucoup de parents dans cette situation, Rupert et sa femme vont s’en remettre aux « professionnels », vont laisser leur petit garçon déjà tellement malmené par la vie entre les mains de thérapeutes aux méthodes plus ou moins efficaces mais surtout plus ou moins humaines. On entend parler d’énormément de méthodes basées sur la « sur-stimulation permanente » … Le problème est que l’autisme rend toute stimulation, même la plus infime, très douloureuse et très agressive, alors rapidement ils décident de mettre fin à ces thérapies plus cruelles qu’autre chose … Sans toutefois savoir par quoi les remplacer.
Arrive alors le troisième élément important de cet ouvrage : le cheval. Comme énormément d’enfants avec autisme, Rowan est très proche des animaux, et tout particulièrement des chevaux. A leur contact, il s’apaise et semble même faire d’énormes progrès : il parle « pour de vrai » et ne se contente pas de répéter inlassablement les mêmes bouts de phrases complétement inintelligibles et incongrues entendues dans divers dessins animés, il montre du doigt les animaux qu’il rencontre en les nommant … et surtout, il semble heureux. A travers ce livre, Rupert Isaacson remercie Betsy et tous les autres chevaux qui ont contribué à aider Rowan … mais pas seulement. Car la « guérison » de Rowan - je reviendrais plus tard là-dessus - ne résulte pas uniquement du contact avec les chevaux, mais également de la rencontre avec différents chamans et guérisseurs rencontrés tout au long de leur périple en Mongolie. Pour les Occidentaux que nous sommes, tout cela peut sembler complétement absurde, mais toujours est-il que Rupert - qui n’osait pas y croire tout à fait, de peur d’être déçu - est intimement convaincu et persuadé que leurs interventions ont aidé son petit garçon. Ils ne l’ont pas guéri, car l’autisme fait et fera toujours parti de son être, mais ils ont été à l’origine de bien des progrès inespérés : à l’âge de six ans, Rowan est enfin en mesure d’aller aux toilettes, est capable de jouer avec d’autres enfants et de se faire des amis, arrive à monter seul sur un cheval sans perdre l’équilibre et en sachant mener sa monture … Un vrai bon en avant qu’aucun médecin ne croyait possible !
Ce livre, au final, est une lueur d’espoir pour tous les parents d’enfants autistes : bien évidemment, l’auteur ne conseille pas à tous ces parents de se ruer en Mongolie pour aller voir des guérisseurs et des chevaux, mais il les invite à garder foi en l’avenir et à oser sortir des sentiers battus pour aider leur enfant. Il est aussi un très beau récit de voyage : c’est un vrai régal que de lire les descriptions de Rupert Isaacson, on a vraiment l’impression d’être avec eux au cours de ce délicat périple. Sentiment renforcé par le petit dossier photos au milieu du livre : les paysages sont grandioses, mais surtout, les sourires qui naissent progressivement sur le visage du petit Rowan réchauffent le cœur ! En bref, vous l’aurez bien compris, je vous conseille fortement de vous procurer ce magnifique témoignage, écrit avec beaucoup d’honnêteté et d’émotions. Pour ma part, je compte non seulement le re-relire dans quelques années, mais j’espère également me procurer le second témoignage de l’auteur, L’enfant et le cheval de vent, écrit quelques années plus tard, et visionner le film-documentaire qui accompagne L’enfant cheval …
https://lesmotsetaientlivres.blogspot.fr/2018/02/lenfant-cheval-rupert-isaacson.html
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