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Les écrits concernant le vécu de la guerre m’ont toujours interpellée : comment l’homme peut-il se montrer aussi cruel envers ses semblables, comment les victimes peuvent-elles faire face à tant de cruauté, de barbarie, qui aurai-je été à Liedenstadt en 17 comme l’a si bien écrit Goldmann ?
Aussi ai-je saisi ce livre sans trop hésiter.
Avant même de commencer sa lecture, j’appréhendais cependant l’écriture de ce compte-rendu, comment puis-je traduire ce que je ressens lorsqu’une telle lecture me travaille, me pousse à réflexion et me laisse en état de contentement.
Rosine Crémieux avait enterré son passé de résistante, confrontée au massacre des blessées de la grotte de la Luire dans le Vercors et déportée à Ravenbruck, affectée au travail forcé ; même lors de son analyse, jamais elle n’avait évoqué ces épisodes de sa vie.
En 1994, elle participe à une émission de télévision à laquelle étaient conviées les infirmières survivantes de la grotte de la Luire.
Cette commémoration suscite en elle le désir de transmission mais sous quelle forme peut-elle confier ce legs ?
Cet écrit prendra donc la forme d’un dialogue littéraire, madame Cremieux s’entretient avec monsieur Pierre Sullivan et retranscrit leurs entretiens, monsieur Sullivan réagit par écrit, sont intégrées à ces dialogues des notes prises par madame Cremieux lors de sa déportation.
J’avais donc entre les mains un récit à deux voix pour livrer l’indicible.
La voix de celle qui avait traversé ses évènements relate le vécu, retrace les faits, montre les lieux et souligne les stigmates
La voix du témoin accueille avec tendresse et respect cette relation.
Ces deux voix entremêlées permettent de revenir sur le passé, d’explorer le présent et de tisser l’à venir.
J’ai reçu cette lecture comme si j’avais été conviée à assister au dialogue entre ces deux amis.
L’intimité entre eux est partagée avec le lecteur et tout comme l’écriture de ce livre leur a permis d’intégrer un passé douloureux, sa lecture nous ouvre à cette mémoire exemplaire qui intériorise, s’approprie et partage.
Je remercie les deux auteurs et les éditions Signes et Balises pour l’accès à ce témoignage.
Je vais le déposer dans ma bibliothèque et souvent, j’y reviendrai.
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