"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Toujours à la pioche dans ma pile « boite à livres », j’ai exhumé le roman de Ron Carlson « Cinq ciels ».
Partons pour les grands espaces de l’ouest américain, plus précisément dans l’Idaho. Un bon bol d’air, ça ne peut pas faire de mal avec toutes ces actualités anxiogènes.
Je ressors de ma lecture avec un avis mitigé. Pas par le style, du nature writing que j’affectionne, dans la veine des Ron Rash, Pete Fromm et consorts, ni par l’histoire que je vais m’efforcer de vous résumer, mais gâchée par des descriptions techniques, trop nombreuses à mon goût, du chantier entrepris par nos trois héros. Moi qui ne sais pas enfoncer un clou sans me taper sur les doigts et très peu attiré par le bricolage, ce monde m’est un peu abscons.
Darwin Gallegos, contremaître, revient travailler sur le vaste ranch de son ex-patron Curtis Diff. Pas au ranch, lui-même, qui lui rappelle un trop mauvais souvenir, après la mort accidentelle de son épouse Corina. Non, il doit réaliser, sur le domaine, une prouesse technique, une étrange construction au-dessus d’un canyon.
Pour ce faire, il recrute à Pocatello, petite ville voisine, au hasard, deux ouvriers Arthur Key, un colosse, qui sera utile pour les travaux de force, songe-t-il, et un gamin, Ronnie Pannelli, courageux d’après les dires d’Arthur. Ils dressent un campement au bord du canyon, sur le plateau (mesa) du Rio Difficulto, site grandiose aux vastes étendues de sables parsemés de buissons de sauge, domaine que se sont octroyé des familles de lapins sauvages.
Nous sommes conviés à la vie intime du camp, la journée de labeur, les repas. Au fil des jours les langues se délient, la valeur travail cimente une amitié qui va tourner en vraie camaraderie, pour finalement créer une sorte de famille. Darwin s’attendrit au contact des deux employés, lui qui vouait aux gémonies Dieu et les hommes, suite au décès de son épouse. Arthur s’épanche sur un drame, également, familial pour lequel il se sent responsable et qui l’a fait fuir Los Angeles et enfin Ronnie, petit voleur à la tire qui retrouve goût à la vie, il va devenir un véritable fils tellement il met de la bonne volonté à apprendre et exécuter les différentes tâches, il force l’admiration.
Quant au chantier en lui-même, on le découvre progressivement, une folie américaine…
Un décor somptueux, de beaux portraits, de l’humanité jusqu’à la chute finale qui va réduite à néant tous les efforts entrepris.
On dit de Ron Carlson qu’il écrit à la façon d’Hemingway, je suis tenté de lire un autre ouvrage pour me faire vraiment une idée. Connaissez-vous, sauriez-vous me conseiller ?
Pendant 9 ans, tous les ans, en septembre, Mack et Vonnie ont parcouru les mêmes chemins montagneux du Wyoming pour camper et pêcher. Mais cette année quelque chose a changé. Ils ne sont plus un couple.
Maintenant Vonnie se fait appeler Yvonne et partage la vie de Kent, un avocat friqué.
Mack, lui, vient de sortir de prison. L'année qui s'est écoulée n'a été qu'un tourbillon de mauvaises décisions. Il est bien décidé à reprendre sa vie en main.
Ils partagent une dernière fois ce voyage, ces sentiers qu'ils connaissent si bien. Pour Vonnie ces cinq jours sont une façon de clôturer leur histoire. Pour Mack, il y a l'envie d'avoir seconde une chance avec cette femme qu'il a déçu mais c'est aussi l'occasion d'une dernière mission foireuse, celle qui lui permettra de sauver le ranch familial: dix mille dollars pour récupérer une balise tombée d'un avion.
Cette histoire, que la 4eme de couv m'annonçait pleine de suspens, a su vraiment me séduire mais pour des raisons n'ayant rien à voir avec l'intrigue policière à laquelle je reproche un manque d'intensité.
Il y a bien sûr les descriptions de la nature. L'environnement sauvage des montagnes du Wyoming et les lacs d'altitudes sont un cadre magnifique. On randonne aux côtés des personnages et on découvre la faune et la flore. C'est la partie nature writing pur jus du roman.
Ensuite et surtout il y a ce couple qui m'a touché. Ron Carlson met beaucoup de sensibilité et de finesse dans l'évocation de ce mariage qui s'est effrité. On découvre leur histoire au fur et à mesure de la randonnée et on souhaiterait tellement qu'ils fassent marche arrière.
L'auteur fait preuve de la même profondeur quand il évoque la relation entre Mack et son père. C'est cette capacité à scruter et à restituer les sentiments humains qui fait toute la force de ce livre.
Traduit par Sophie Aslanides
Six jours pour se dire adieu. Six jours pour une virée en forêt et un peu de pêche à la truite.
Six jours, six chapitres, pour un roman qui accélère progressivement le rythme, qui gagne en intensité, transformant ce coin idyllique du Wyoming en piège dangereux.
Dans des paysages magnifiques, au milieu des prairies ou des pins centenaires, on croise certes quelques truites fario sauvages, des cerfs, un bouvillon, des ados en vadrouille mais aussi deux braconniers pas sympas du tout et un avion salement amoché.
De belles pages de nature writing, une course-poursuite implacable, un couple dont la complicité n'a pas empêché la séparation, des souvenirs égrenés, l'hommage d'un fils à son père, voila ce qui nourrit ce roman !!
Avec des personnages attachants (j'ai beaucoup aimé Mack et ses remords, ses erreurs, son caractère obstiné, sa façon de conter l'histoire du "cannibale" et des oies, son amour sincère pour Vonnie) et une narration souvent poétique (les descriptions de la partie de pêche donneraient envie de plonger sa canne dans un lac de montagne), Ron Carlson construit un chouette roman qui m'a donné très envie de lire Cinq ciels ou Retour à Oakpine.
Premiers chapitres décevants...je les ai lus sans ressentir d'empathie pour les personnages évoqués, à part peut-être pour Craig ou pour son fils...Même Jimmy, malade, n'attire pas spécialement la compassion. D'ailleurs, avant que je n'abandonne le roman à la page 153, il n'est dit nulle part qu'il est atteint du sida, bizarre non ?
Pourtant, j'ai cru que j'allais me suis laisser prendre au piège de ce portrait d'une bande d'amis, devenus quinquagénaires, à l'évocation de cette petite ville du Wyoming, à ce parfum de nostalgie que dégage le roman. Mais justement, la nostalgie emporte tout sans qu'il ne paraisse rien en sortir de positif, pas de gaieté, chaque évocation de souvenir semblant au contraire infuser de la tristesse.
Alors on pourrait penser que la perspective de perdre un ami secoue tellement cette ex-bande de potes que cette tristesse est voulue par l'auteur ? Sauf que seuls deux d'entre eux évoquent vaguement la perspective d'une visite au malade à la page 152 ! Super les copains !!
Bref, ça m'a achevée !
A noter : page 40, une phrase incompréhensible (erreur de traduction ?) sur laquelle j'ai dû revenir plusieurs fois avant de renoncer :
"Le miroir biseauté se composait de trois grands panneaux ; sur le bord supérieur du panneau central, trois trous causés par des tirs datés de la préhistoire, même s'ils étaient concluaient un millier d'histoires, qui toutes tournaient autour de féroces jalousies et d'erreurs sur la personne, et qui toutes passaient pour vraies et très récentes, on le jurait."
Un roman qui ne m'a pas touchée, pas émue, et que je garde pour plus tard, persuadée qu'on est quelquefois moins réceptifs à certaines histoires qu'à d'autres moments ou qu'on attend trop d'un roman...dommage !
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