Cette semaine, suivez Cécile Boyer-Runge, PDG de Robert Laffont et Betty Mialet codirectrice des éditions Julliard.
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Une sale française de Romain Slocombe
Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, une femme est interrogée par un commissaire. C’est un vieux dossier d’archive reçu un matin sur sa messagerie qui vont l’emmener sur cette enquête hors du commun. Deux femmes y figuraient. Elles n’auraient pu n’en faire qu’une seule. Elles avaient le même prénom Aline, les mêmes initiales de leurs noms de famille, l’une est Aline Beaucaire, née Hoffert le 6 février 1911 0 Wittelsheim (Haut Rhin). L’autre Aline Bockert née le 5 février 1916 à Lucerne en Suisse. Leur nom bien que s’orthographiant différemment, se prononce de la même manière. Au point que lors de la période de l’épuration après la seconde guerre mondiale, la Direction de la Sureté du Territoire les a confondues. L’une est une vraie garce nazie, l’autre une fille d’une famille de concierges sans histoires.
Dans ce livre parfaitement documenté par des rapports déclassifié de la DST Romain Slocombe nous entraine sur ces deux destins. Aline Beaucaire employée d’hôtel est tombée amoureuse d’un sergent pilote, Cat, trop beau pour être honnête et l’a suivi en franchissant la ligne de démarcation de nuit pour rejoindre la zone libre. Ce couple rêve de rejoindre Alger via Marseille, la ville de tous les dangers, de tous les trafics, de collaboration avec l'ennemi. Est-elle aussi innocente qu’elle laisse croire ?
L’autre Aline Bockert est-elle la panthère rouge qui a activement collaboré avec la Gestapo. Est-elle vraiment cette sale française.
Le document daté du 29 mai 1951, signé par l’inspecteur OPJ Féréol Chaumont était la dernière pièce de cette affaire Beaucaire/Bockert. A partir de cet instant, précise Romain Slocombe, j’ignorais qu’en ouvrant ce dossier cela devait me donner le sujet de ce livre.
Tapant dans la barre de recherche de Google Aline Beaucaire, l’algorithme lui proposa : « essayez l’orthographe avec Aline Bockert », celle est alors répertoriée comme étant la panthère rouge. Toutes les pages ne faisaient référence qu’à cette espionne Suisse jugée puis condamnée qui fascinait encore les gens plus de 75 ans après.
D’Aline Beaucaire, aucune trace numérique. Ce n’est qu’en tapant Aline Hoffert que Romain Scolombe découvre une dame décédée à l’âge de 69 ans. Fausse piste. Pourtant dans les documents lus dans les rapports de la DST, Aline Beaucaire existe bien par sa photographie, ses empreintes digitales. Les documents qui lui ont été adressés étaient authentiques certains signés par Roger Wybot grand patron de la DST.
C’est toute cette recherche à l’ancienne, autrement dit par courrier, entreprise par Romain Slocombe que vous découvrirez dans ce roman pour identifier Aline Beaucaire.
Des recherches qui le conduiront à la retrouver sur le site Libra Mémoria en septembre 2023. Aline Bridel 1911-1978, décédée dans l’anonymat le 23 juin 1978 à l’âge de 67 ans.
« Une sale Française est une fiction, inspirée de faits réels » dit Romain Slocombe. « « Merci à celle qui m’a inspirée ce livre dont le prénom n’était pas tout à fait Aline. »
Comme à son habitude, Romain Slocombe par la lecture d’une documentation importante, nous entraine dans ce roman captivant, dans le monde en noir et gris des sombres années de l’occupation en France. Vous retrouverez dans ce livre les documents des sources policières notamment celle d’Aline Bockert reproduits sous leur forme et leur graphie d’origine y compris les coquilles et fautes du dactylographe tels qu’ils ont été découvert par Romain Slocombe dans un carton d’archives déclassifiés de la DST.
Un livre que je vous invite à découvrir, loin de ceux de l’inspecteur Léon Sadorski du même auteur. Bien à vous.
Sadorski chez le docteur Satan de Romain Slocombe.
Il est des auteurs dont j’attends la parution de leur dernier livre avec une certaine gourmandise et impatience. Romain Slocombe que je suis depuis plusieurs années fait incontestablement partie de ceux-là. Depuis que j’ai découvert cet infâme salaud et le mot est encore gentil qu’est cet inspecteur Léon Sadorski je suis comme un enfant, attendant de découvrir ce qui se cache dans une grande pochette surprise. Souvent ce n’était que quelques babioles et le plaisir était moindre. Avec Romain Slocombe dans la série de Léon Sadorski, comme l’on dit, on n’est pas déçu. Dans ce dernier roman Sadorski chez le docteur Satan, une fois encore Léon, Sadorski démontre qu’il est toujours ce parfait salopard, cet opportuniste sans foi ni loi, ce profiteur, ce jouisseur, ce traitre navigant d’un côté du spectre collabo ou résistant de la dernière heure. Une seule chose compte pour lui sauver sa peau. Pour cela tous les coups même les plus tordus sont permis. En octobre 1944, toutes les polices Gaulliste, communistes, traquent Marcel Petiot, médecin de son état qui sous couvert d’une fausse filière d’évasion conviaient des personnes juives pour un départ vers l’étranger, à son cabinet dans une banlieue parisienne. En fait de départ celles-ci recevaient un vaccin concocté par bons soins par le Dr Petiot en vue de leur voyage à l’étranger. Puis à l’issue de cette injection elles étaient assassinées au cyanure, découpées méthodiquement, certains de leurs viscères prélevées et conservées. Leurs os étaient dissous dans de la chaux vive puis brûlés. En outre elles étaient dépouillées des biens qu'elles avaient emmenés avec elle pour financer leur nouvelle vie, sous le soleil de Buenos Aires. Dans le même temps et compte tenu de faits antérieurs ces mêmes polices recherchent activement Léon Sadorski, collabo en fuite qui leur a échapper en se joignant à des français pronazis qui avaient été parachutés en zone libre pour commettre de nombreux attentats. Alors qu’il rejoint la région parisienne en train avec ces complices afin de rejoindre une de ses maitresses, Sadorski est lâché par ceux-ci. Il trouve un asile chez un de ces anciens collègues ; un jeune et brillant enquêteur habitant un petit pavillon en banlieue. Sadorski arrive en fin de journée mal en point à cette maison. Retapé, il prend rapidement ses aises d’autant plus que son jeune enquêteur est fraichement marié à une jeune femme ravissante. Le vieux bouc de Sadorski, n’a qu’une idée : profiter lors des absences répétées de l’époux des charmes de la jeune femme. Tous les stratagèmes seront déployés. Dans cette traque du Docteur Petiot, Sadorski a un avantage sur les autres enquêteurs. Sadorski et Petiot ont été emprisonnés quelques temps ensemble. Sadorski en vue d’identifier le Docteur Petiot malgré son passé de collabo notoirement reconnu est réintégré dans la police sous couvert d’une nouvelle identité. Dès lors l’inspecteur Sadorski reprend ses vieilles habitudes mis en œuvre dans la chasse des résistants et des juifs. Il part à la traque du génie du mal le Docteur Satan non pas pour rendre la justice aux victimes du Docteur Petiot, mais pour mettre la main sur le trésor qu’il a amassé. Un trésor qui n’a pas été retrouvé et qui pourrait avoir été enterré dans une ferme dans la campagne. Outre ce thriller Romain Slocombe, donne dans ce roman, une photographie de cet automne 1944. Celle d’une France libérée en proie à une agitation politique entre les Gaullistes et les communistes. Chacun de ces groupes essayant de juger le comportement des uns et des autres pendant les années d’occupation.
« Bien qu’il s’agisse d’une œuvre de fiction qui ne prétend donc pas à une fidélité absolue de l’affaire Petiot, la chronologie et les détails de l’enquête ont été respectés » dit Romain Slocombe. Ce roman se veut être avant tout un portrait réaliste de Paris de cette période trouble ; une des plus noires qu’ait connues la capitale et sur laquelle les crimes de Marcel Petiot ont agi comme un révélateur. » Par la somme des sources citées, des archives, des livres, des journaux consultés, ce roman de Romain Slocombe est véritablement un thriller historique. Deux autres romans sont annoncés par Romain Slocombe : Les Revenants de l’inspecteur Sadorski et Sadorski est la mort subite. Nul doute que ceux-ci trouveront une place de premier plan sur ma Pile à lire. Bien à vous.
Je n’avais pas particulièrement envie de lire ce roman jusqu’à ce que j’assiste à une rencontre avec son auteur en juin dernier.
Romain Slocombe a présenté ce roman avec tellement de brio en expliquant la génèse de cette histoire que j’ai fini par ouvrir les pages de ce livre.
Après la seconde guerre mondiale, deux enquêtes ont été diligentées par la police sur deux femmes qui portaient le même prénom, un patronyme très proche, des initiales identiques et des dates de naissance très proches.
Le but de ces enquêtes étant de découvrir si ces deux Aline avaient collaboré avec l’ennemi ou si l’une d’entre elles n’était bien qu’une femme sans histoire qui avait gagné la zone libre pour y vivre avec son amant.
Les chapitres alternent entre le récit qu’Aline Beaucaire fait à un commissaire de police et les documents de source policière déclassifiés de l’époque.
Le tout raconté dans un style que j’ai beaucoup apprécié. Ce roman dresse un tableau édifiant des comportements de Français qui ont pu adhérer aux idées antisémites et nazies à l’époque, de ceux qui ne se posaient pas trop de questions et des opportunistes.
J’ai trouvé ce roman basé sur des faits réels particulièrement intéressant.
Retour du « pire des salauds et [du] meilleur des enquêteurs ». On avait quitté l’inspecteur Léon Sadorski en avril 1942, il était devenu informateur de la Gestapo au sein de la Préfecture de police. C’était « L’affaire Léon Sadorski ». Et voici que l’anti-héros de Slocombe est confronté à des désirs bestiaux pour une gamine de 15 ans, juive, sa voisine d’immeuble. Ça tombe bien, grâce aux arrestations nombreuses de juifs, avec ou sans prétextes, et à la mise en place de la grande rafle des 16 et 17 juillet, l’inspecteur se débarrasse de la mère. Parallèlement, il poursuit une enquête pour serrer des « terro » communistes.
On vous passe le vocabulaire fleuri des protagonistes de la Sûreté, les séances de malaxage des organes génitaux du héros au moindre bout de jambe un peu découvert, les discours antisémites qui rendent le bouquin indigeste.
Depuis qu’il s’est découvert, tardivement, une grand-mère russe juive, Slocombe s’est jeté à corps perdu dans la période de l’Occupation. Du mauvais côté cependant, peut-être d’ailleurs du côté de la majorité des bons Français de l’époque. Peu importe. Il en résulte un ouvrage qui n’est pas sans faire penser aux « Bienveillantes » de Jonathan Littell. Le talent d’écriture en moins.
Les salauds ordinaires et leur cortège de barbarie sont légion, on en la preuve chaque jour en lisant la presse. Les masses sont prêtes à accepter n’importe quel bouc émissaire dès lors qu’il y a péril (ou pénurie) en la demeure. Hier les juifs, aujourd’hui les musulmans, mais ce n’est pas avec ce genre de roman que les hommes deviendront meilleurs. Ni que la littérature se portera mieux.
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