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Du 10 juin 1940, quand le gouvernement s'enfuit de Paris, au 17, où Pétain annonce la demande d'armistice, huit jours qui ont défait la France.
« Le niveau d'essence dans le réservoir baissait dangereusement. Mme Perret se plaignait en permanence, se disputait avec Bernard qui voulait lui prendre la carte. À l'horizon en face de la colonne montaient de grandes lueurs orangées : un bombardement ? des dépôts de carburant en flammes ? Exténuée, sentant le mal au coeur revenir, gênée dans ses vêtements moites de transpiration, sa combinaison trop serrée, Jacqueline a fini par s'endormir, la tête sur l'épaule de la domestique et le chien sur ses genoux, bercée par les grincements d'essieux, les hennissements et le claquement des sabots, et un choeur de filles qui, quelque part derrière, chantaient du Tino Rossi... » Jetés sur les routes de l'exode, une famille de grands bourgeois, un soldat, un avocat fasciste, une femme seule et beaucoup d'autres, dans une vaste chasse à courre à l'échelle d'un pays où nul ne sait encore qui sonnera l'hallali.
Avec La Débâcle, tout à la fois fresque au vitriol, road-trip hyperréaliste, chronique d'une débandade et récit initiatique, Romain Slocombe ajoute une pièce maîtresse à son grand roman noir national.
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La débâcle de Romain Slocombe
De Romain Slocombe, je connaissais Monsieur le Commandant, première station avant l'abattoir et les Léon Sadorski, lorsqu'à la bibliothèque de mon village est arrivé La débâcle de Romain Slocombe.
En 7 jours du 10 juin au 17 juin 1940, la France, voit le gouvernement fuir la Capitale, Pétain capituler « Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur » sur les routes des milliers de personnes condamnées pour beaucoup à une mort atroce. Romain Slocombe, nous entraînent dans cette fuite en avant des familles vivant à Paris et partant loin en campagne en raison de l'avance des Allemands en territoire Français. Juin 1940, c'est la débâcle, terme particulièrement bien choisi. Les livres d'histoire relatant ces événements rappellent que : « l'Allemagne en mai 1940, lance une grande offensive contre la Belgique, la Hollande et la France. L'armée française en quelques jours est en déroute. » C'est l'exode, la pagaille et les populations fuient l 'avancée Allemande.
A la lecture de ce livre, nous sommes au cœur de cette débâcle au milieu des civils jetés sur les routes encombrées. Sous la violence des attaques aériennes des Stukas, des bombardements, des colonnes militaires qui se replient sous l'injonction d'ordres de soumission. Avec une plume toujours acérée Romain Slocombe, fait revivre des destins individuels ou la peur, la résignation, l'espoir et la collaboration se conjuguent. Nous suivons particulièrement la famille Perret. Paul avocat bien placé dans les instances gouvernementales, Marie-Louise son épouse, qui a bord de son automobile, une magnifique Studebaker, part rejoindre les membres de leur famille à quelques heures de Paris en ayant entassé dans leur véhicule, objets personnels, bijouterie, argenterie, victuailles, le chien, et leur bonne et posé sur le toit de cette magnifique Studebaker un matelas. Sur la route les péripéties ne vont pas manquer avec la crainte de tomber en panne de carburant, les voitures arrêtées, celle qui sont stationnées sur les bords des routes les charrettes à chevaux, les brouettes, les vélos, et toutes ces personnes hommes âgés femmes et enfants marchant droit devant. C'est alors qu'au cours de ce roman les destins vont être intimement liés. Alors que la mort vrombi dans le ciel, la mitraille et les bombes sèment la mort au sol et dévaste les corps meurtris par les explosions. Les descriptions de Romain Slocombe, démontre une étude attentive des différents documents consultés notamment en terme de traumatologie de guerre. Dans cette débâcle, Jacqueline Perret qui vient d'avoir 14 ans, mais qui en paraît 16 ouvre alors ses yeux jusque-là innocents sur un autre monde peuplé de violences, d'émotions et de relations fugitives. Lucien soldat déserteur se lance à la recherche de sa fiancée Hortense, qui elle même court à la recherche de Lucien évacué par en train militaire ayant été blessé. Chemin faisant nous rencontrerons des Français, qui profitant de la débâcle s'enrichissent en vendant, une bouteille d'eau, un fauteuil pour dormir, ou à prix d'or quelques litres d'essence soutiré dans les véhicules abandonnés par les soldats. Ces soldats, sans chef, sans ordre, partent eux aussi droit devant eux dans l'espoir de se regrouper et être en mesure de mener une contre offensive. Les blessés graves militaires dans les ambulances sont laissés sans soin, et ceux qui meurent enterrer à la va-vite sur le bord des chemins.
Les détails et les les lieux sont si criants de vérité et crédibles que l'on aurait presque l'intention d'abandonner ce romain pour ce plonger dans la liste d' ouvrages et de documents consultés par Romain Slocombe, pas moins de 7 pages de référence. L'idée de rechercher les lieux ou se sont passés les événements décrits, comme par exemple le massacre des soldats Sénégalais et d'Afrique du Nord par des soldats de la Werhrmacht drogué à la pervitine, puissante méthamphétamine. Un conseil n'en faite rien ! C'est à la fin de ce livre que j'ai pris connaissance de la notre de Romain Scolombe, en début de cet ouvrage. « Ce roman comme le mot le signifie est une œuvre d'invention et ses protagonistes principaux sont imaginaires. En revanche les événements militaires, politiques qu'il relate sont réels parfois dans le plus petit détail. Les noms, grades des officiers , numéros d'unités, mouvements de troupes durant la bataille de France, lieux et date des bombardements, conditions météorologiques sont vrais. Par contre, les noms des villages ou de l'hôtel sont du domaine de la fiction. Quant aux massacres et exécutions sommaires de tirailleurs africains par l'armée allemande ils ont bien eu lieu mais sur d'autres communes que celles-citées.
La débâcle de Romain Slocombe est un livre fort que je vous recommande vivement. Vous le lirez comme moi, en état d'urgence en étant au cœur de tous ces moments décrits avec beaucoup de réalisme. Bien à vous !
Entre le 10 juin et le 17 juin 1940, la France a flanché et a remis son destin entre les mains de l’ennemi.
Ces huit jours ont vu l’exode d’une partie importante de la population, cherchant le salut à travers un pays bombardé, détruit, souffrant dans sa chair et son âme.
Romain SLOCOMBE s’attache aux pas de certains de ces français (grands bourgeois, soldat, femme seule, avocat fasciste…), les accompagnant sur les routes de ce qu’il faudra bien nommer une « débâche », un sauve-qui-peut général qui engendrera un épouvantable carnage (qu’il soit humain, animal ou matériel) et révèlera le courage et la lâcheté des hommes.
J’ai admiré Lucien, ce photographe-soldat désertant parce qu’il vaut toujours mieux capturer l’âme d’un être humain par le biais d’un Leica que par une balle dans le cœur.
J’ai frémi avec Jacqueline, cette jeune-fille de la bourgeoisie habituée à un certain confort et qui grandit d’un coup, découvrant tout à tour la mort, la beauté dans la laideur (et l’inverse), les émois du corps et la tentation aveugle de l’armistice.
J’ai suivi avec intérêt les « tribulations » d’Hortense qui, de train en train, poursuivra son rêve de retrouver Lucien, son fiancé.
Le cas de Marie-Louise m’a interpellé.
Cette veuve d’un avocat fasciste, effacée, se révèle sensuelle et libérée au milieu des combats avec un seul objectif : rentrer chez elle pour retrouver une famille… un peu spéciale.
J’aime l’écriture de Romain SLOCOMBE, hyper réaliste et malgré tout agréable, fluide.
J’aime son érudition, sa manière de décrire, de raconter.
Il m’a embarqué facilement dans son univers aux couleurs nuancées (les héros ne sont ni tous blancs ni tous noirs). Sa description sans concession d’une époque et des gens qui l’ont traversée m’a réconcilié avec cet auteur dont j’avais détesté le précédent héros (Léon Sardorski), ce qui m’avait empêché d’apprécier à sa juste valeur la trilogie qui lui était consacrée.
Ce nouveau roman, très bien mené du début à la fin, devrait être d’utilité publique et, à ce titre, étudié dans les écoles. Cela vaudrait tous les manuels d’histoire.
Enfin, la conclusion –ouverte- peut faire espérer au lecteur une suite des aventures de certains des personnages principaux (à bon entendeur, Monsieur SLOCOMBE…).
Du 10 au 17 juin 1940, alors que l'armée française est en pleine déroute et que le gouvernement déserte Paris pour Bordeaux, Romain Slocombe nous emporte aux côtés de ces milliers de civils qui ont pris la fuite face à l'avancée des Allemands.
C'est à travers les destins croisés de plusieurs protagonistes pris en étau dans les routes de France, que nous devenons le témoin impuissant de cette débâcle et des bombardements qui causèrent de nombreuses victimes.
Le contexte historique est vraiment passionnant, l'immersion garantie. Je tire mon chapeau à l'auteur pour le remarquable travail de documentation qu'il a effectué, pour la qualité et la minutie de cette reconstitution. Mais parfois, ces détails trop abondants, notamment dans la première partie du roman, ont freiné ma lecture.
Néanmoins, la plume demeure fluide et l'intrigue se révèle être très bien ficelée, nous tenant en haleine jusqu'au dénouement qui m'a beaucoup surprise.
Les personnages principaux, quant à eux fictifs, sont attachants pour certains et plus détestables pour d'autres. Le changement de point de vue au fil des chapitres nous permet d'avoir une vision large de ces événements dramatiques et Romain Slocombe n'épargne pas le lecteur des scènes difficiles.
Une fresque historique qui nous restitue avec un réalisme saisissant le chaos qui a précédé l'appel de Pétain pour l'armistice. Une lecture forte, captivante de ces jours sombres et tragiques qu'a connus la France en 1940.
J'ai rarement lu un roman qui portait aussi bien son titre. La débâcle, oui, vraiment (mais précisons-le bien, au niveau de son sujet pas de sa prose).
Romain Slocombe nous entraîne sur les chemins de l'exode, du 10 au 17 juin 1940. Paris est sur le point d'être prise, la France ne va pas tarder à capituler et rendre les armes. Des bruits de couloir courent, vite, très vite, il faut fuir et tenter de rejoindre une France, si ce n'est libre, moins occupée par l'ennemi. Huit jours qui, s'ils ne changeront pas le cours de l'histoire, feront l'histoire, petite et grande, avec ces 100 000 tués sur les routes et les milliers d'orphelins qu'ils feront. Car si la guerre de 14 était avant tout une guerre de militaires, dans les tranchés, la guerre 39-45 a touché énormément de civils.
Voilà donc, en ce printemps 1940, des familles entières qui se mettent en route, en voiture, en train, ou tout simplement à pied. Elles pensent retrouver un peu de sérénité dans les campagnes, certains ne parviendront même pas au bout de leur périple. Car le chemin est long, très long sur cette route de l'exode, et semé d'embûches.
Romain Slocombe nous entraîne sur les pas de divers personnages, des anonymes parmi d'autres anonymes, des noms et des visages parmi d'autres noms et visages ; d'univers différents ou semblables, fuyant pour des causes aussi diverses que variées mais ayant pour point commun la peur au ventre et la volonté de s'en sortir sans trop de dégâts.
Nous rencontrerons alors la famille Perret, par le biais plus précisément de la jeune fille de la famille, qui loin d'être sotte comprend très vite ce qui arrive. Cette famille des beaux quartiers parisiens qui bourre la grosse voiture de choses aussi inutiles que futiles, persuadée qu'elle arrivera chez belle-maman à temps pour le souper, en ce 10 juin 1940. Que nenni...
Nous ferons très vite connaissance avec le frère de madame Perret, avocat de son état, pro-allemand, pas pressé de quitter la capitale avec son épouse, persuadé qu'il ne lui arrivera rien de bien grave à Paris. Il finira par partir, à tort, à raison ?
Viendra ensuite le tour de Lucien, soldat, qui ne cherche qu'une chose, retrouver rapidement sa bien-aimée, Hortense, à moitié-juive, laissée à Paris. Les amoureux parviendront-ils à se retrouver ?
Sans oublier une kyrielle d'autres personnages, hauts en couleur, qui se croiseront en ces journées difficiles.
Il s'agissait du premier roman que je lisais de l'auteur qui est apparemment un spécialiste de cette période. Le roman est en tout cas très bien documenté, il n'y a qu'à voir la bibliographie en fin d'ouvrage. Historiquement, j'ai appris énormément de choses sur cette période trouble dont on n'apprend finalement pas grand chose à l'école.
L'écriture est soignée et riche même si j'ai trouvé pour ma part certaines scènes inutiles, d'autres quelque peu grand-guignolesques. Par contre, elle regorge de détails saisissants, je m'y voyais. Oui, je me voyais, moi, au milieu de cette foule qui ne peut plus avancer, de ce monde qui crie, pleure, hurle, a peur et faim, qui craint l'attaque à tout moment ; je sentais la sueur de toutes ces personnes qui n'avaient pas d'autre choix que de marcher la peur au ventre avec pour seul bagage l'espoir.
En résumé, un roman que j'ai trouvé particulièrement percutant sur cette période historique mais qui n'est pas d'accès facile. Si j'ai aimé globalement ma lecture, je reste cependant sur un souvenir d'un roman fastidieux qui ne plaira pas à tout le monde au vu de sa prise en main compliquée et de sa complexité. Les nombreux détails dont nous abreuve l'auteur peut en rebuter plus d'un même si, de mon point de vue, l'exercice est réussi. Mais si on s’intéresse un tant soit peu à l'histoire, particulièrement la deuxième guerre mondiale, ce roman est tout simplement passionnant.
Merci à lecteurs.com pour l'envoi de cet ouvrage
Seconde guerre mondiale, des français sur la route de l'exode.
Dans ce livre, on suit une famille, leur frère et belle sœur ainsi que la désertion d’un soldat qui va tenter de rejoindre son amie, loin du front. Ces personnages vont parfois se croiser entre embouteillages sur les routes de l’exode et mitraillages d’avions allemands ou italiens.
J'ai eu un peu de mal à suivre la mise en place des personnages, mais sinon j'ai apprécié lire ce livre.
Juin 1940, le gouvernement français quitte Paris. Cet abandon donne le signal d’un exode gigantesque qui jette les populations sur les routes. On retrouve dans ce roman, pêle-mêle, Jacqueline Perret embarquée avec ses parents, son frère et leur bonne dans la voiture familiale pour rejoindre la propriété des grands-parents ; Lucien Schraut, soldat déserteur qui veut rejoindre la femme qu’il aime ; Paul Guirlange, avocat fasciste accompagné de sa femme Marie-Louise ; Hortense Gutkind, la jeune femme dont Lucien est amoureux. Tous se retrouvent bloqués au milieu de ce vaste chaos où chacun cherche à sauver sa peau.
Ce roman est puissant par sa force d’évocation. Les scènes apocalyptiques qu’il décrit lors des bombardements, les morts et les blessés qui jalonnent la route sont montrés dans toute leur cruauté et leur crudité.
La psychologie des personnages auxquels l’auteur s’attache sont aussi extrêmement bien rendus avec leurs faiblesses, leurs petitesses, leur égoïsme et parfois leurs moments d’héroïsme.
Un roman qui rend compte avec force de ce que dut être cette période complexe, sans rien cacher des comportements humains.
L’auteur retrace par ailleurs avec beaucoup de détails passionnants la déroute des soldats, l’incompréhension générale et cette espèce de période où personne ne sait bien quoi faire au milieu de ce grand moment de déroute où rien ne semble maîtrisé.
La documentation est précise donnant encore plus de relief et de réalité aux événements.
C’est passionnant, on dévore ce roman page après page à la suite des personnages créés par Romain Slocombe jusqu’à l’annonce de la demande d’armistice annoncée par Pétain et à la perpétration de nouvelles atrocités, notamment le massacre des soldats sénégalais par les troupes d’invasion allemandes.
Un magnifique travail de reconstitution et de mémoire.
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