"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je me suis cognée dans les portes, je suis tombée dans l’escalier …..ce sont les explications que Paula donne aux médecins de l’hôpital où elle vient faire soigner les ecchymoses, coupures dues aux coups que lui assène régulièrement son époux Charlo « un mari qui se nourrissait de ma souffrance ». Mais comme cet époux l’accompagne aux urgences, comme elle sent l’alcool, alors on la croit……..
Le récit d’une plongée dans l’enfer de la violence conjugale, de l’alcoolisme, un récit sans souci de chronologie écrit deux ans après la mort de Charlo, qui croise des souvenirs d’enfance et d’adolescence, de l’enfer conjugal, de la période de 2 ans où Paula a chassé Charlo de la maison et de celle où elle est devenue la veuve d’un assassin. « Une veuve de 39 ans qui boit comme un trou. Une épave, avec des brèches à la place des dents et un souffle au cœur. Un débris, une épave, une ratée », mais un personnage attachant, lucide sur son état, sur ses responsabilités, qui résume ainsi les rapports bourreau/ victime:« Il m’aimait et il me battait. Je l’aimais et je l’encaissais »
La relation de cet enfer du couple et de l’addiction à l’alcool se fait sans pathos, grâce à une écriture précise, énergique, au rythme syncopé. De l’humour même, parfois, mais aussi des moments de tendresse, lorsque Paula évoque ses 4 enfants ou des passages oniriques, dans lesquels le rêve compensatoire permet de fuir un réel sordide « Je m’échappais dans mes rêves, ceux que je pouvais manipuler et contrôler. Mais je n’avais pas de vrais rêves, de rêves nocturnes ».
Un livre coup de poing .
Victor Forde récemment séparé retourne vivre dans un appartement un peu minable dans le quartier de son enfance. En mal de contacts, il décide de faire du pub d'à côté, sa cantine. Il y rencontre un certain Ed Fitzpatrick qui prétend avoir été au collège avec lui ; il n'en n'a aucun souvenir.
Sauf que sa présence déclenche une série de réflexions sur sa vie, son couple, son père mort alors qu'il était adolescent, sa scolarité chez les frères chrétiens. Tout cela est bien écrit. On essai de comprendre ce qui a échoué, ce qui s'est cassé, d'où vient toute cette nostalgie. C'est néanmoins un peu confus et le dénouement n'a pas été, pour moi, le choc annoncé par le Washington post.
https://lettresexpres.wordpress.com/2018/09/17/roddy-doyle-smile/
Centré sur les retrouvailles entre Victor Forde et son passé, remis en mémoire par un ancien camarade lourdaud, souvent vulgaire et peu diplomate, ce roman passe par des dialogues de bar criants de vérité, des moments où Victor se remémore son enfance ou sa vie avec Rachel, la brillante épouse qui l’a quitté. Il repense aussi aux émissions de radio où il s’est fait connaître, et qui lui ont fourni la matière du livre qu’il écrit. Cependant, le roman contient également des moments plus intrigants. Les différents éléments sans réponse distillés par l’auteur maintiennent un suspense non de type policier, mais psychologique, de même que la couverture et le titre permettent de se poser des questions.
Si on perçoit assez vite le traumatisme d’enfance que Victor essaie d’occulter, la fin du roman prend toutefois le lecteur complètement par surprise et éclaire avec virtuosité tout le reste du texte, donnant envie de relire au minimum certains passages pour mieux comprendre tout le tour de force réalisé ! Lequel tour de force ne doit pas dissimuler le fait que ce roman constitue aussi un portrait très parlant de l’Irlande des cinquante dernières années.
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