"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Page 206 : « Il décline son identité : Alfred Nakache, né le 18 novembre 1915 à Constantine. Français d’origine algérienne, juif, nageur de haut niveau, professeur d’éducation physique et sportive. Une femme, Paule, un enfant, Annie. Arrêtés à Toulouse le 20 décembre 1943. Déportés à Auschwitz le 23 janvier 1944. »
Alfred Nakache, dès sa plus tendre enfance a la phobie de l’eau, phobie qu’il parvient à surmonter. L’eau devient son élément. Il ne cesse de progresser et ses qualités de nageur vont lui permettre de réaliser des performances, lui faire gagner de multiples titres nationaux et internationaux, de battre de multiples records. Ce palmarès important va le conduire aux jeux olympiques de 1936.
Arrêté, avec sa famille, par la Gestapo en 1943, suite à une dénonciation, il est d’abord emprisonné à Toulouse, puis au camp de Drancy, et déporté au camp d’extermination à Auschwitz. Séparé de sa femme et de sa fille il ignore complétement ce qu’elles sont devenues. Dans ce camp, il va connaitre l’humiliation que lui font vivre les gardiens en le faisant nager dans un bassin de retenue d’eau. Il va connaitre l’horreur, l’horreur physique et moral. Victime de la persécution antisémite, il va vivre avec l’espoir de retrouver sa femme et sa fille. L'eau est sa résistance, sa force. En janvier 1945 il rejoint le camp de Buchenwald, camp qui sera libéré en avril de la même année.
A son retour des camps il reprend son combat pour la victoire, multiplie les titres et participe même aux jeux olympiques de Londres en 1948.
Un film documentaire, dit par Pierre Arditi, lui sera consacré en 2001 puis une pièce de théâtre en 2022 lui rend hommage.
Ce roman émouvant, est écrit avec des qualités historiques, les chapitres sont courts mais s’enchainent naturellement, tout est dit. Je ne peux que conseiller l’histoire de ce champion méconnu, qui, tout au long de sa vie, dans les moments les plus joyeux ou les plus sombres va servir les valeurs du sport.
Surnommé le nageur d’Auschwitz, il s’appelait Alfred Nakache né dans une famille juive traditionnelle de Constantine le 18 novembre 1915. Il fut sacré vice-champion d’Europe en 1938.
A 13 ans, il avait une peur de l’eau. » Alfred a 13 ans et la mer l’effraie, tout comme les bassins moins profonds. Il ne sait pas d’où vient cette phobie. «
Le jeune Alfred a vaincu sa peur, et devient peu à peu un champion de natation. En 1931, il devient le champion d’Afrique du Nord.
En 1933, il arrive à Paris, et participe aux Championnats de France. Il arrive deuxième. Son but est alors de se préparer pour les Jeux Olympiques de 1936 à Berlin. En finale du relais quatre fois 100 mètres nage libre, les Français finissent quatrième, devant l’équipe allemande, sous les yeux d’Hitler et de Goebbels présents dans les gradins. Il réussit en 1939 l’examen pour devenir professeur d’éducation physique. Il intègre par la suite l’École normale d’éducation physique, futur Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, comme son épouse Paule , également juive avec qui il s’est marié le 6 octobre 1937. Lorsque Philippe Pétain abolit le décret Crémieux, Alfred Nakache, en tant que juif d’Algérie, est déchu de sa nationalité française. Professeurs et juifs, lui et son épouse, doivent partir pour continuer de travailler et s’installent avec leur fille à Toulouse en zone libre.
Cela n’empêchera pas qu’ils soient dénoncés comme juif et arrêtés par la Gestapo.
Les Nakache partent le 20 janvier 1944 dans le convoi 66, direction Auschwitz.
Surnommé « Artem » (le poisson), il est aussi connu sous le surnom de « nageur d’Auschwitz », où il a été déporté durant la Seconde Guerre mondiale.
L’auteur alterne des passages de vie d’Alfred, avant la guerre et les périodes difficiles dans les camps. Durant sa captivité, le nageur a subi beaucoup d’humiliations. Nakache va échapper à la mort. Sa passion le sauvera des camps d’extermination. Mais quand il sort des camps, il a beaucoup maigri.
Auschwitz, Février 1944
A l’eau, Nakache ! Ne nous fais pas attendre, tout l’état major est là pour t’admirer , mon vieux.
L’officier Muller, responsable d’Auschwitz, du bâtiment de l’infirmerie, jubile. Nakache recordman du monde de 200 mètres brasse , est son divertissement préféré.
Le 11 avril 1945, les Américains libèrent le camp de Buchenwald et découvrent toute l’horreur de la Shoah. Rapatrié, Alfred a du mal à retrouver ce monde qui le croyait mort . Il croit toujours pouvoir retrouver sa femme Paule et leur fille, Annie, déportées en même temps que lui. Il se rend chaque soir sur les quais de la gare, et attend en vain.
e 8 août 1946, Alfred Nakache remporte le record du monde aux championnats de Marseille, un hommage en mémoire de tous les déportés, de sa fille et de sa femme. Il continue de nager pour le plaisir chaque jour.
Il est mort en nageant, d’ une crise cardiaque et le 4 août 1983 à 67 ans.
A la fois documentaire et romancé, ce livre m’a plu. Il évoque un pan de l’Histoire que je ne connaissais pas. L’histoire est poignante et enrichissante. Merci à l’auteur pour son travail de recherche, pour nous présenter un livre à la portée de tous.
Une bibliographie complète ce récit ainsi que les titres des extraits de récits, de témoignages ou de romans qui permettent aux lecteurs de compléter cette lecture.
Le nageur toulousain Alfred Nakache a fait son entrée au Panthéon mondial de la natation – le Swimming Hall of Fame de Fort Lauderdale en Floride en mai 2020. Une cérémonie officielle a eu lieu en aux Etats-Unis.
Le 12 mars 2021, le gouvernement français lui rend hommage à travers les portraits de 318 personnalités représentatives de l’histoire de la diversité française.
Un vrai coup de cœur pour ce nouveau titre bientôt incontournable pour parler du contexte de la seconde guerre mondiale en France.
Ce récit parle de l’histoire vraie et bouleversante d'Alfred Nakache. Cet homme naît en Algérie française, venu en France pour parfaire son entraînement, multimédaillé qui, parce qu'il était juif, va connaître l'enfer du camp d'Auschwitz.
Cette histoire est bouleversante d'autant plus qu'elle est vraie. L'auteur nous expose des faits réels mais sans tomber, ni dans un côté trop "documentaire", ni dans un récit qui sombrerait dans le pathos. Un peu comme si nous, lecteurs, nous éprouvions, à travers ce livre, un peu de la force d'Alfred Nakache. Car, toujours ce sera la nage qui le sauvera et lui permettra de survivre. Et dire qu'il craignait l'eau lorsqu'il était un jeune ado ! Mais, toujours , sa persévérance lui permettra de franchir de nombreux obstacles.
Le roman est très bien construit grâce à une alternance entre des passages de la vie de Nakache et des passages qui se situent dans le camp d'Auschwitz. Au-delà de l'horreur, une scène en particulier m'a glacée le sang, il y a surtout la force d'Alfred qui me restera marqué, une force qu'on retrouve dans sa façon de nager. C'est aussi l'histoire d'un nageur hors pair que nous raconte l'auteur, une partie de l'histoire de la natation avec les débuts de la nage "papillon" dans laquelle Alfred se surpasse, l'Histoire avec un grand H entre les JO de Berlin, l'invasion nazie, la jalousie de ses pairs qui ne voit dans sa façon de nager aucune grâce.
Mais dans le contexte de l’époque, il subira dénonciations et rafles pour lui, sa femme et sa fille. Une fois encore c'est par sa persévérance qu'il survivra à Auschwitz en nageant dans les cuves de réserves d'eau boueuse, sous les quolibets des nazis qui le menacent du pire s'il ne réussit par leurs "épreuves". C'est aussi, au sein même de l'enfer, une solidarité, un pied de nez aux nazis lorsqu'il va nager avec un copain sans autorisation, risquant ainsi la mort. C'est l'amitié avec d'autres prisonniers qui essaient, comme lui, de redonner un peu d'espoir aux plus faibles.
Cet ouvrage fascine car il montre comment certains hommes sont parvenus à sauvegarder un peu de leur liberté même au sein de l'un des plus terribles camps d'extermination. Ils sont une preuve de courage, de résistance face à l'horreur. Je n'oublierai jamais Nakache, ce petit gringalet qui avait peur de l'eau et dont l'endurance viendra à bout de tout. Une magnifique leçon d'histoire, un récit poignant et inoubliable
#NetgalleyFrance #lenageurdauschwitz
Il y a toujours des livres utiles, ce récit fait parti de ceux là.
Alfred Nakache, champion de natation français, déporté sur dénonciation d’un de ses concurrents….voilà, à quoi tient la vie d’un homme…à la jalousie.
Pour d’autres, l’enjeu, aura été un appartement plus grand…il y a tellement de récits sur cette période noire.
Le mental fait pour beaucoup, et Alfred, se battra pour retrouver sa famille et résistera, en retrouvant même, au camp d’Auschwitz, le moyen d’être dans son élément…l’eau
Une formidable histoire de survie et de vie, que vous pouvez également retrouver en adaptation théatrale dans Sélectionné, que je vous conseille vraiment, pour le jeu impeccable d’Amir Haddad et la belle et sobre mise en scène de Steve Suissa
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !