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A côté du cadavre découvert dans un appartement du Sud-Ouest de la France, la police trouve un cahier. Il s’agit du journal d’un dénommé Rodrigo Ganos, né en 1945 à Buenos Aires. De l’Argentine à la France en passant par le Maroc, s’y dévoile le parcours mouvementé d’un homme faussement accusé dans une vaste affaire, où s’entremêlent inextricablement les intérêts privés et les ingrédients de l’Histoire. Mais, si la narration finit par faire tomber les faux-semblants un à un, il en est un tout dernier, exclu du cahier, dont le lecteur sera un des rares complices…
Roulés dans la farine : c’est le sort que nous réserve Régis Bégué, en jouant d’un principe narratif que ne désavouerait pas Romain Puértolas. Autrement dit, si le déroulé de l’intrigue tient en haleine au long de ses intrications pleines de mystères et de surprises, il est une donnée de départ sans laquelle la perspective du récit reste faussée, et dont la découverte ultime stupéfiera le lecteur tombé dans le panneau. Cette pincée finale de malice vient couronner le long dessillement d’un personnage cerné depuis l’enfance par le mensonge, et qui, sans un incident l’amenant à en effeuiller toutes les couches une à une, aurait bien pu ne jamais perdre ses illusions.
Ainsi, les aventures dramatiques du narrateur n’en finissent plus de le faire tomber de Charybde en Scylla. Et si, lors de l’interrogatoire musclé du début, l’on ne peut d’abord complètement se défendre d’un certain scepticisme quant à la réelle crédibilité de l’intrigue, l’on se laisse vite emporter par les tribulations de ce personnage obligé d’ouvrir les yeux sur les terribles ambivalences de son entourage. Il faut dire que l'auteur s’en donne à coeur joie, multipliant comme à son habitude les protagonistes ni chair, ni poisson, en gros tous capables du meilleur comme du pire en fonction des situations et de leurs intérêts. Malgré tout, dans cet imbroglio où le mal et le bien s’interpénètrent souvent, entourant d’un certain trouble la notion de culpabilité, émergent quelques pépites de vraie humanité préservée, la plus belle étant indéniablement la solidarité désintéressée d’une poignée d’habitants d’un misérable village marocain.
Sans jamais cesser de s’amuser, lorsqu’il nous mène en bateau ou parsème son texte de ses petites madeleines des années quatre-vingts, Régis Bégué nous livre un polar réussi, plein de vrais et faux tiroirs, où bien des secrets se dérobent sous la surface de la normalité. Mais les pires salauds ne sont-ils pas aussi des hommes ordinaires ?
Sylvie Mansard a créé S.N.O.W. pour commercialiser une bactérie qui ralentit la fonte de la neige, et a fait fortune. Lorsque la société a rencontré des difficultés, Jean-Baptiste, un ex amant de Sylvie, s'est enrichi en spéculant à la baisse sur son cours en bourse, précipitant la faillite. Quand Jean-Baptiste est assassiné, Sylvie devient donc la principale suspecte ; mais elle a un alibi solide.
Un an plus tard, l'alibi tombe. Le commandant Papadakis de la PJ met alors la jeune femme en garde à vue. Commencent 48h de face à face presque ininterrompu au bout desquelles la vérité verra le jour.
La qualité de ce roman tient pour l'essentiel à la forme narrative retenue : un face à face de 48h entre l'enquêteur et son suspect, où l'interrogatoire impose de nombreux flash back pour reconstituer toute l'histoire. Cela permet à l'héroïne de se remémorer de nombreux détails et de voir d'un autre jour le déroulement du drame, ce qui la disculpera.
Si le point de départ de l'affaire (la découverte et la commercialisation de la bactérie qui...) est sans doute un peu farfelu, l'histoire de la société S.N.O.W., de sa naissance à sa mort, et les jeux d'acteurs autour d'elle, sont assez réalistes. Les personnages sont nuancés, avec tous leur face ensoleillée et leurs zones sombres.
L'écriture est simple. La narration ne manque pas de rythme, grâce notamment aux nombreux flash back .
C'est donc un bouquin dont l'intrigue est astucieusement conduite, avec lequel on passe un bon moment de lecture détente.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2020/11/05/s-n-o-w-regis-begue-editions-lucien-souny-un-intrigue-astucieusement-conduite/
Dans une Europe légèrement dystopique devenue dépendante des énergies renouvelables, se produit soudain un black-out général. Le narrateur, numéro deux de la FrogAmber, leader sur le marché français de l’énergie, n’a rien vu venir. Il faut dire qu’il a déjà d’autres préoccupations, tout empêtré qu’il est dans ce qui pourrait devenir une affaire de mœurs et lui coûter la succession à la présidence de sa société. Ses tentatives pour s’en échapper ne feront que l’entraîner dans l’engrenage d’évènements toujours plus graves, où l’attendent bien des surprises.
Après ma lecture de S.N.O.W. il y a quelques mois, j’ai retrouvé avec plaisir l’ironie acidulée de Régis Bégué, qui sait si bien restituer l’ambivalence de tout être humain, capable, selon les circonstances, du meilleur comme du pire. Dans un univers où spéculation rime avec corruption, chantage et manipulations, l’auteur nous tend, mine de rien, un miroir qui nous renvoie à nos propres compromissions quotidiennes, à nos stratégies d’adaptation et de survie dans une société pas si différente que çà d’une forme de jungle, où l’éthique est par nature une donnée toute relative.
Avec un humour qui fait passer en douceur une vision au final sans grande illusion sur la nature humaine et les phénomènes de société, Régis Bégué nous embarque dans une intrigue aux allures de spirale infernale, où chaque révélation ouvre sur une nouvelle chausse-trappe, dans un suspense qui tient le lecteur de la première à la dernière ligne. Savamment entortillée et riche en rebondissements inattendus, l’histoire réserve surprise sur surprise, et mène peu à peu à une conclusion à la moralité plutôt trouble, tant rien n’est binaire dans ce récit.
Ce nouveau roman de Régis Bégué pousse un cran plus loin mon appréciation de cet auteur, dont les thrillers, piquants et intelligents, révèlent avec malice une vision tranquillement lucide du monde et de l’ambivalence humaine, enrichie de quelques arguments et observations qui lui donnent un certain sel. Un auteur qui mérite d’être découvert par de nombreux lecteurs.
Cela fait un an que Sylvie est la principale suspecte de l’assassinat de Jean-Baptiste, ce financier qui s’était traîtreusement enrichi de la faillite de la S.NO.W., la société qu’elle dirigeait. De nouveaux éléments décident soudain le commandant de police Papadakis à l’arrêter et à la mettre en garde à vue. L’interrogatoire de Sylvie est l’occasion de revenir sur les trente dernières années et de découvrir peu à peu l’engrenage qui mena au crime : mais réussira-t-on enfin à identifier et à confondre le meurtrier ?
Lui-même professionnel des marchés de la finance, l’auteur s’amuse à exploiter l’univers qui lui est familier pour nous livrer une histoire bien troussée, non dénuée d’humour, qui réussit à maintenir le suspense d’un bout à l’autre, et, qui plus est, s’avère intéressante quant aux mécanismes et pratiques évoqués. Des personnages ordinaires, et d’autant plus attachants, s’y retrouvent les victimes malheureuses de requins n’ayant pour sentiment que le seul appât du gain. L’on y comprend très bien comment les marchés financiers et la spéculation peuvent aussi bien soutenir que détruire l’activité économique.
Voici donc un petit polar sympathique, truffé de piquantes et ironiques réflexions, pour un moment récréatif agréable et tout sauf bête, que j’ai quitté avec le sourire et le sentiment d’avoir appris deux ou trois choses.
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