"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Thriller pas reposant du tout. Si je commence à lire pas mal de polars, j'avoue ne point trop apprécier les thrillers souvent trop rouge sang pour moi. Mais là, Pierre-Yves Tinguely, à part plusieurs scènes de tueries assez glauques nous épargne l'hémoglobine à toutes les pages. Il construit son intrigue sur des faits et sur une croyance fantastico-religieuse ou religio-fantastique, c'est comme on veut. Et ça fonctionne très bien. Ceci étant, ne nous fâchons pas, on n'est pas dans le DaVinci Code (je dis ça, mais en fait je n'en sais rien, je ne l'ai pas lu ni vu et n'en ai absolument pas l'envie !). La croyance dont il parle est celle qui "justifie" le modus operandi des meurtres, mais pas la raison d'iceux.
L'auteur ne fait pas la part belle qu'à son intrigue sur laquelle je reviendrai, mais aussi à ses personnages, même secondaires : "La soixantaine certifiée Bourbon, maigre comme un clou. De petits yeux noirs occupés par une partie de tennis imaginaire, et une bouche en lame de rasoir. Sa tignasse d'un gris jaune tentait d'échapper à l'emprise d'une casquette rouge vif, brodée à la gloire des Mets. Quelques mèches rebelles matées par la bruine lui collaient sur le front tandis que son visage glabre présentait une foule d'éruptions cutanées." (p.11/12)
Les personnages principaux sont évidemment eux-aussi décrits et on peut s'intéresser à leur vie personnelle lorsqu'ils en ont une. Il ne me paraîtrait pas inconcevable que beaucoup d'entre eux reviennent pour d'autres aventures : Jason Reeds a formé une équipe solide composée de flics, d'un détective, de spécialistes en informatique ; beaucoup de personnes très aisément identifiables sans effort pour le lecteur.
Venons-en à l'intrigue maintenant, si les motivations du tueur ne sont pas très différentes de ce qu'on peut lire ou voir par ailleurs, PY Tinguely a su les mettre en mots efficacement. La tension est là dès les premières pages et ne vous quitte plus, pire, elle augmente même jusqu'à la fin, soit 367 pages plus loin. Le contexte mystico-religio-fantastique est présent mais point trop (et tant mieux) : "Cet ouvrage est une marche à suivre, Marc. Il permet d'invoquer sur terre des forces qui n'ont rien à y faire.[...] C'est l'ouvrage le plus rare, le plus ancien et le plus dangereux jamais conçu par l'homme. Son nom est le Codex Lethalis." (p.222/223). Mais ce qui rend ce livre captivant, c'est à la fois qu'on voit que les enquêteurs progressent, resserrent les liens autour du tueur, mais que dans le même temps, il continue à agir, et à chaque fois, on apprend de nouvelles horreurs commises par lui, de nouveaux pièges : il prévoit tout.
Malgré cette atmosphère étrange et inquiétante, quelques plaisanteries émaillent les dialogues voire même le texte comme celle-ci par exemple, mais je ne sais pas si elle est voulue ou fortuite :
"- Non, il se trompait. Il est mort après que son cerveau et ses globes oculaires ont bouilli.
Les yeux de Reeds s'arrondirent, Harris se pencha en avant.
- Quoi ? s'écrièrent-ils de conserve." (p.46)
Cette note comique (?) pour finir mon billet sur ce thriller loin de l'être -comique- lorgnant plutôt vers le fantastique, le rapide, l'efficacité voire le flippant. Un premier roman de PY Tinguely que, si vous avez la chance de l'ouvrir, vous ne pourrez plus lâcher.
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