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Je n'aime pas les grands
Pierre Léauté
Éditions Mu
Davy Athuil
En librairie
Augustin Petit porte bien son nom. Petit, anti-héros, le numéro cinq d'une fratrie un peu décalée, son père le somme de s'engager : la guerre de 1914 frappe à la porte de la France.
« Augustin, la France compte sur toi. »
Ne vous attendez pas à une histoire classique, ordinaire. « Je n'aime pas les grands » est une comédie. Néanmoins, le loup est dans les bois prêt à mordre.
«Ah vous êtes verni vous ! cinq centimètres plus haut et c'était la caboche qui prenait !
Augustin apprend la capitulation de la France durant sa convalescence. Gueule cassée, la vision mutilée, notre homme est abattu.
« Une larme coule. »
Augustin Petit se métamorphose. Il devient une caricature, les reflets caustiques, l'envers du décor. le symbole déformé de toutes les affres nauséabondes des intolérances extrêmes. Bref un vrai « petit » démon ! (Suivez mon regard !).
Il se rend fébrile chez un éditeur.
« Les Boches ? Gardez vos insultes pour vous, monsieur Petit. Les Boches comme vous dites achètent beaucoup de nos livres. Que dira-t-on si je publie les folies d'un anarchiste ? » « Ce sont les ennemis de la France, rétorquai-je buté… « Le propriétaire m'avait jeté à la rue comme un malpropre. Peu m'importait cependant, j'étais de la race des petits bruns. »
Augustin Petit va bousculer les codes. Changer la donne. Faire bloc avec les petits. Les Grands (tous) doivent être éliminés. La satire prend son envol. Pierre Léauté tient les cartes en main, prouesse, prouesse, prouesse. Délectation, oeuvre : « Je n'aime pas les grands » est un pied de nez, un grand éclat de rire, la dérision exaltée. Cette richesse de ton est la preuve d'un auteur surdoué affûté aux anecdotes historiques. Ici, tout est savoureux et dans un même temps d'une gravité extrême. Pierre Léauté tire les ficelles tel un marionnettiste. Augustin Petit va connaître une ascension faramineuse mais perfectible. Il va créer « le Parti des plus Petits. » Petit dictateur devenu fou, son parti est une parabole. Une page détournée de l'Histoire. Tout est chamboulé, chaises bousculées, la trame est majesté, si vous suivez des yeux à chaque instant Pierre Léauté vous avez le brillant d'un passionné d'Histoire au travers des allusions, des pertinences, des inversions. Pierre Léauté pointe du doigt là où ça fait mal. Ce récit est crissant, amusant, sérieux, jubilatoire.
Les nationalismes ne sont pas la normalité. La bête peut mordre toujours une deuxième fois. « Je n'aime pas les grands » est un avertissement. La double lecture est une sacrée leçon de vie : « Homo homini lupus » « L'homme est un loup pour l'homme. »
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