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Ayant bénéficié d’une éducation catholique, Pierre-Alban Delannoy trouve un premier accomplissement en s’engageant vers 20 ans dans un mouvement extrémiste et violent, la Gauche Prolétarienne, inspirée de la pensée du président Mao, revue et corrigée par Benny Levy. Son mot d’ordre principal, « Servir le peuple », peut donner une impression d’altruisme ou de philanthropie, mais quand on sait qu’il se réfère au grand bond en avant, aux « mille fleurs » et autres envois des intellectuels aux champs ou dans les camps de concentration du tristement célèbre « Lao-Gaï », le slogan paraît soudain nettement moins bienveillant. Ce groupuscule gauchiste s’étant finalement auto-dissout, ses membres ont intégré des « ateliers », soit en usine pour être au plus près des prolétaires, soit dans l’enseignement. Delannoy a donc été un temps instituteur en ZUP, puis agrégé de lettres. Il a appris l’hébreu, étudié le Talmud auprès d’un rabbin et a eu sa révélation, tel Paul sur le chemin de Damas, en découvrant l’horreur de la Shoah. Aujourd’hui, il vit à plein temps à la Grange de Saint Bernard de Clairvaux à 500 mètres du monastère éponyme. Membre d’une petite communauté de laïcs, il suit les préceptes de la règle de Saint Benoît, partageant son temps entre le travail manuel, la prière et la « lectio divinis ». D’agitateur maoïste, il est devenu une sorte de moine laïc…
Le sous-titre de l’ouvrage « Itinéraire spirituel d’un ancien gauchiste » en dit plus long que son titre sur la teneur de cet ouvrage qui n’est en aucun cas une autobiographie même partielle, mais plutôt une réflexion spirituelle, une vulgarisation théologale, basée principalement sur les écrits de Benny Lévy et les textes de Saint Bernard. Etrange cocktail, paradoxal en apparence seulement… Le lecteur reste sur sa faim en ce qui concerne le récit même de la vie de l’auteur, lequel aurait sans doute mieux aidé à comprendre cet itinéraire hors du commun, allant d’un extrême à l’autre, encore que chacun sait que le gauchisme peut mener à tout à condition d’en sortir bien sûr. Au détour d’une page ou d’une ligne, on apprend sans bien comprendre, qu’une jeune fille s’est suicidée par amour pour lui, qu’il a un fils et que lui-même a tâté deux fois de la prison. Cela ne l’a pas empêché d’intégrer l’enseignement privé dans un premier temps, puis public dans un second alors qu’un casier judiciaire vierge est exigé dans les textes (!) Autant de questions qui restent sans réponse et c’est bien dommage. L’auteur, sans doute par modestie, a préféré taire beaucoup de choses pour mieux s’étendre sur la spiritualité cistercienne dans une intellectualité assez accessible, avec, de-ci, de-là quelques fulgurances fort intéressantes.
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