"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Genre : Roman historique
Avis : VIBRANT
Rendez-vous avec les artistes des Années folles…
La France après la première guerre mondiale revit et panse ses plaies. Pierre est le fils d’un modeste artisan bourrelier, mais aussi l’amoureux transi de Joss, la fille du propriétaire d’un grand groupe sucrier. Elle veut le voir seulement quand il peut lui être utile, mais sa présence lui devient de plus en plus indispensable pour traverser les années durant lesquelles elle va s’étourdir auprès des artistes perpétuellement en fêtes. Comment survivra-t-il à l’amour qu’il lui porte ? Sera-t-il payé de retour ? Comment cet amour fou transformera-t-il sa vie ?
Philippe Lemaire a su m’emporter dans un tourbillon qui m’a fait côtoyer Cocteau, Picasso, Hemingway, les girls du Moulin Rouge et toute une faune aux yeux hagards qui ne vit que la nuit. À côté d’eux, Pierre, intelligent et sérieux mais sans le sou va de rencontre en rencontre pour améliorer une situation matérielle difficile, et vivre auprès de celle qu’il chérit depuis l’enfance.
Si l’on évolue dans un milieu artistique et argenté, l’accent est mis aussi sur le monde du travail et celui de la lecture qui permettent d’avancer et de se faire une place dans la société. Les blessures de guerre et leur incidence sur la vie de ceux qui sont retournés à la vie civile sont évoqués sans pathos mais avec réalisme, ces rapports s’articulant autour d’une amitié entre gens qui ne sont pas du même monde.
Le roman tourne autour d’une femme, maîtresse des sentiments de tous les hommes autour d’elle, qu’ils soient son père, son frère, son soupirant ou son amant. Elle est magnétique et l’auteur qui pourrait en faire une personne sans intérêt, sait nous la rendre attachante par touches dérobées mettant en doute sa liberté.
Sombre et néanmoins très vivant, ce roman est en parfait accord avec la couverture qui m’a donné dès le départ l’ambiance que j’allais trouver au fil des pages.
Je remercie De Borée Editions et Virginie pour leur confiance et l’envoi du livre papier en Service presse.
Octobre 1664. Louis XIV, toujours aussi avide de montrer au monde le rayonnement et la puissance de son royaume, veut ravir aux Vénitiens les secrets de fabrication des grands miroirs qui font la gloire et la réputation de la Sérénissime. Et quand le roi veut, tout le monde s'agite pour satisfaire ses désirs le plus rapidement possible. Après l'échec de son ambassadeur, Louis s'impatiente. Et quand Louis s'impatiente, la cour tremble. La seule solution serait de faire venir dans le royaume des maîtres verriers vénitiens. Sauf que la peine encourue pour un ouvrier déserteur est cinq ans de galère, et des représailles contre sa famille.
Colbert a alors une idée qui pourrait les sortir de cette impasse: il charge le jeune François Guilbert de Soulac de se rendre à Venise, de dérober les secrets de fabrication et les rapporter en France. Mission délicate et périlleuse. Mais le jeune Soulac, accablé de dettes, n'est pas en position de refuser. Avec toute l'ardeur et la naïveté de ses vingt ans, il se lance dans l'aventure. Sans se douter un seul instant des nombreux périls qui vont se dresser sur sa route.
Venise: mise en scène vivante et réaliste, décrivant avec minutie l'ambiance, la richesse, toutes les facettes d'une ville sombre et lumineuse à la fois: "Toute cette rive du Canal Grande était bordée d'échoppes, d'éventaires, d'étals qu'on garnissait de fruits, de légumes, de fleurs à mesure que l'on déchargeait les embarcations." (Page 21)..."Le Castello était un quartier tranquille à l'écart des grands ruées de voyageurs et d'aventuriers de toutes espèces qui débarquaient dans la Sérénissime en quête de fortunes rapides ou d'aventures galantes. La réputation de certains lieux de grande polissonnerie les attirait comme la lumière attire les papillons de nuit." (Page 36)=> Tableau enrichi par des détails de la vie quotidienne, comme la mode du chocolat chaud, introduit en Italie par le voyageur Francesco Carletti.
Situation politique: délicat et fragile équilibre sur lequel repose la Sérénissime, menacée par les ambitions des Etats pontificaux, toujours désireux d'étendre leur suprématie, et par les Ottomans qui occupent la Crète, dont la possession assure une position stratégique au sud de la Grèce. =>Venise, malgré sa puissance commerciale, ne peut se passer de la bienveillance de Louis XIV, seul capable de contenir les ambitions de ses adversaires. Cela dit, la révélation des secrets de fabrication des grands miroirs sonnerait le glas d'une partie non négligeable de sa richesse, et donc de sa puissance.
Un passionnant roman historique dont l'intrigue dévoile un épisode méconnu de notre histoire, brillamment mis en scène: des péripéties, une histoire d'amour, des dangers, des rebondissements. Difficile de ne pas se laisser entraîner dans cette captivante aventure sur les traces du sympathique François de Soulac.
Genre : Roman historique
Avis : RICHE
Rendez-vous avec les secrets des maîtres-verriers.
Philippe Lemaire a réussi à captiver ma curiosité concernant le travail du verre et particulièrement ici, l’expertise des ouvriers pour faire des miroirs. Je savais que c’était une spécialité italienne mais j’avais oublié combien il fallut de tentatives pour récupérer ce savoir en France.
Venise au 17ème siècle. François, jeune homme de pauvre noblesse, est mandaté par Colbert pour découvrir les secrets des maîtres-verriers vénitiens. Ce qu’il croyait facile va se révéler quasiment impossible et de plus très dangereux, surtout quand une charmante jeune femme va créer des émois irresponsables. Même s’il arrive à ramener des hommes passionnés, comment fera-t-il pour les garder sans que les liens entre la France et l’Italie se distendent ? Quelle sera sa vie gangrénée par le danger ?
J’ai trouvé une trame sérieuse et les connaissances qui me permettent d’apprécier un roman historique. Avoir la sensation de déambuler dans Venise et sur ses canaux, de découvrir les secrets des masques (Bauta, Moretta, Dottore della Peste) ou des conteries utilisées dans le commerce avec les pays d’Afrique, découvrir le mot « margaritaire », être au cœur des intrigues de Louis XIV, ont fait de ma lecture un apprentissage du monde. Complots, arrestations, menaces, histoires d’amour, manigances de la vie politique se succèdent à un bon rythme.
Si l’aspect technique tourne autour d’un savoir-faire unique au monde dont j’ai eu plaisir à découvrir quelques secrets, j’ai aussi apprécié la façon dont étaient décrites la jalousie et l’envie du Roi Soleil, et ce que cela entraînait pour tous ceux qui étaient à ses ordres.
Vif et attachant, ce roman se lit avec facilité malgré ou grâce aux rebondissements permanents qui font voyager entre France et Italie. Vous aimez les secrets des artisans, les histoires d’amours contrariées, l’Histoire, n’hésitez pas à vous procurer ce livre.
Je remercie De Borée Editions et Virginie pour ce SP qui m’a fait revenir en pensées sur les lieux d’un beau voyage fait à Venise et Murano, il y a quelques années.
Février 1887. Après une énième dispute avec son père qui l'oblige à étudier le droit contre sa volonté, Johan, sur un coup de tête, quitte sa Lorraine natale pour conquérir Paris. Pourtant, dès son arrivée, ses rêves sombrent: il se fait rosser et dépouiller. Décidément, la capitale n'est pas telle qu'il l'imaginait.
Mais heureusement, si elle abrite des voyous, elle abrite également des personnes altruistes et généreuses, comme Malou et sa famille qui n'hésitent pas à partager avec lui le peu qu'ils possèdent, sans rien en attendre en retour.
Juin. Johan, malgré ses déconvenues, commence à s'adapter à sa nouvelle vie. Paris le fascine. Mais l'érection de la tour Eiffel est loin de faire l'unanimité. Le jeune homme, grâce à son ami Moriarty, sur vit comme il peut quand il fait la connaissance du baron Hippolyte Richemond qui, venant de fonder le journal Le Phare, a besoin de journalistes afin de raconter l'épopée de la construction de la Tour.
Une reconstitution du Paris et de ses lieux mythiques des années 1887-1888 convaincante, bien documentée, un monde aujourd'hui disparu où, pour seulement quelques sous, les nécessiteux et la bohême pouvaient manger une soupe chaude, boire un bock de bière.
Le Paris de 1887: pour ceux qui connaissent la capitale d'aujourd'hui que nous imaginons difficilement avoir été autrement, on regarde les décors dressés par Philippe Lemaire les yeux écarquillés de tant de changements: "Il passa devant la gare d'Austerlitz. Au-delà, il se retrouva dans d'immenses terrains vagues qui s'étendaient à perte de vue, parsemés de cabanes en bois où s'écoulaient des vies sans horizon." (Page 39)...
Montmartre: "Il longea l'impressionnant échafaudage en bois de la nouvelle église que l'on construisait à Montmartre. Les fondations sortaient à peine de terre. Des môles de pierres blanches que des tombereaux avaient déchargés pendant la semaine s'élevaient à intervalles réguliers." (Page 63)...A cette époque pas si lointaine, le butte n'était qu'un village sis dans les faubourgs de Paris, avec ses vignes, ses cabanes où les habitants élevaient des poules, ses lopins de terre où ils cultivaient légumes et fruits, ses pâture où les dernières vaches paissaient en paix: "Johan avait retrouvé avec plaisir les femmes qui bêchaient leur jardin, l'odeur de terre mouillée, les chevaux en liberté, les chants d'oiseaux, tous ces signes qui laissaient croire qu'on était en pleine campagne." (Page 186).
Le chantier de la Tour: illustre la devise du monde moderne sortant à peine des décombres de l'Ancien Régime, abattu un siècle plus tôt, désireux de célébrer ce premier centenaire avec brio et audace: "Toujours plus haut!". Au moment où débute le roman, les ouvriers sont en train de réaliser les fondations: "D'énormes presses hydrauliques étaient entrées en action la veille afin de soulever les centaines de tonnes de chaque arbalétrier pour qu'il vienne s'ajuster avec une précision d'horloger aux traverses qui allaient porter la plate-forme du premier étage à une hauteur supérieure à celle des tours de Notre-Dame. Une prouesse technique sans précédent célébrant à la face du monde la capacité des ingénieurs français à relever les défis les plus incroyables." (Page 157).
Des nerfs d'acier offre une reconstitution politique, littéraire, artistique, journalistique et sociale de la capitale de la fin du 19e siècle, avec ses conflits, ses rêves de grandeur, ses échecs et ses réussites. Il constitue un hommage vibrant aux ingénieurs audacieux qui ont cru en leur idéal d'une ville moderne, faisant usage de matériaux nouveaux tels que l'acier afin d'ériger une société jetant aux oubliettes vétusté et archaïsme. Stephen Sauvestre, architecte, Gustave Eiffel, Maurice Koechlin et Emile Nouguier étaient de ceux-là. Grâce à sa plume, Philippe Lemaire les fait revivre pour nous.
Le +: les nombreuses allusions littéraires, les progrès techniques tels que les lampadaires électriques, les anecdotes concernant le projet Eiffel et ses difficultés donnent toute sa richesse à Des Nerfs d'Acier. Une lecture intéressante, divertissante qui nous en apprend beaucoup.
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