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A la fin du XIX siècle, le jeune Johan de Winkler quitte sa Lorraine natale pour prendre le chemin de la capitale avec la ferme intention de marcher sur les traces de Rimbaud. Un destin malicieux et les rudesses de la vie se chargeront de faire voler ses ambitions en éclats. Si la littérature perd un poète, l'époque y gagne un témoin : devenu journaliste, Johan rendra compte de la construction de cette Tour Eiffel qui va célébrer à la fois le centenaire de la révolution de 1789 et le triomphe du génie industriel français, mais aussi des scandales qui secouent alors la France.
A Montmartre où il vit, tandis que s'affirme l'impressionnisme, il croise marlous, peintres sans le sou et modèles à la si charmante vertu. D'un côté les forçats de l'acier, de l'autre la Butte, ses artistes, ses cabarets, son esprit libertaire. Deux mondes que tout oppose en apparence. Johan de Winkler parviendra-t-il à les rapprocher, le temps de cette virevoltante histoire d'amour et d'amitié, authentique épopée de l'âme humaine ?
Février 1887. Après une énième dispute avec son père qui l'oblige à étudier le droit contre sa volonté, Johan, sur un coup de tête, quitte sa Lorraine natale pour conquérir Paris. Pourtant, dès son arrivée, ses rêves sombrent: il se fait rosser et dépouiller. Décidément, la capitale n'est pas telle qu'il l'imaginait.
Mais heureusement, si elle abrite des voyous, elle abrite également des personnes altruistes et généreuses, comme Malou et sa famille qui n'hésitent pas à partager avec lui le peu qu'ils possèdent, sans rien en attendre en retour.
Juin. Johan, malgré ses déconvenues, commence à s'adapter à sa nouvelle vie. Paris le fascine. Mais l'érection de la tour Eiffel est loin de faire l'unanimité. Le jeune homme, grâce à son ami Moriarty, sur vit comme il peut quand il fait la connaissance du baron Hippolyte Richemond qui, venant de fonder le journal Le Phare, a besoin de journalistes afin de raconter l'épopée de la construction de la Tour.
Une reconstitution du Paris et de ses lieux mythiques des années 1887-1888 convaincante, bien documentée, un monde aujourd'hui disparu où, pour seulement quelques sous, les nécessiteux et la bohême pouvaient manger une soupe chaude, boire un bock de bière.
Le Paris de 1887: pour ceux qui connaissent la capitale d'aujourd'hui que nous imaginons difficilement avoir été autrement, on regarde les décors dressés par Philippe Lemaire les yeux écarquillés de tant de changements: "Il passa devant la gare d'Austerlitz. Au-delà, il se retrouva dans d'immenses terrains vagues qui s'étendaient à perte de vue, parsemés de cabanes en bois où s'écoulaient des vies sans horizon." (Page 39)...
Montmartre: "Il longea l'impressionnant échafaudage en bois de la nouvelle église que l'on construisait à Montmartre. Les fondations sortaient à peine de terre. Des môles de pierres blanches que des tombereaux avaient déchargés pendant la semaine s'élevaient à intervalles réguliers." (Page 63)...A cette époque pas si lointaine, le butte n'était qu'un village sis dans les faubourgs de Paris, avec ses vignes, ses cabanes où les habitants élevaient des poules, ses lopins de terre où ils cultivaient légumes et fruits, ses pâture où les dernières vaches paissaient en paix: "Johan avait retrouvé avec plaisir les femmes qui bêchaient leur jardin, l'odeur de terre mouillée, les chevaux en liberté, les chants d'oiseaux, tous ces signes qui laissaient croire qu'on était en pleine campagne." (Page 186).
Le chantier de la Tour: illustre la devise du monde moderne sortant à peine des décombres de l'Ancien Régime, abattu un siècle plus tôt, désireux de célébrer ce premier centenaire avec brio et audace: "Toujours plus haut!". Au moment où débute le roman, les ouvriers sont en train de réaliser les fondations: "D'énormes presses hydrauliques étaient entrées en action la veille afin de soulever les centaines de tonnes de chaque arbalétrier pour qu'il vienne s'ajuster avec une précision d'horloger aux traverses qui allaient porter la plate-forme du premier étage à une hauteur supérieure à celle des tours de Notre-Dame. Une prouesse technique sans précédent célébrant à la face du monde la capacité des ingénieurs français à relever les défis les plus incroyables." (Page 157).
Des nerfs d'acier offre une reconstitution politique, littéraire, artistique, journalistique et sociale de la capitale de la fin du 19e siècle, avec ses conflits, ses rêves de grandeur, ses échecs et ses réussites. Il constitue un hommage vibrant aux ingénieurs audacieux qui ont cru en leur idéal d'une ville moderne, faisant usage de matériaux nouveaux tels que l'acier afin d'ériger une société jetant aux oubliettes vétusté et archaïsme. Stephen Sauvestre, architecte, Gustave Eiffel, Maurice Koechlin et Emile Nouguier étaient de ceux-là. Grâce à sa plume, Philippe Lemaire les fait revivre pour nous.
Le +: les nombreuses allusions littéraires, les progrès techniques tels que les lampadaires électriques, les anecdotes concernant le projet Eiffel et ses difficultés donnent toute sa richesse à Des Nerfs d'Acier. Une lecture intéressante, divertissante qui nous en apprend beaucoup.
Février 1887, Johan de Winkler, jeune poète, débarque à Paris bien décidé à vivre de sa plume, il n'a aucune idée de la vie qui l'attend, il est livré à lui-même pour la première fois. Son rêve : écrire dans un journal, c'est le seul moyen d'impressionner son père qui le méprise. À Montmartre, il se fait dévaliser par des voyous. Il est recueilli par Moriaty, un ouvrier qui vient de se faire embaucher sur le chantier pharaonique de la tour Eiffel. Devenu journaliste au « Phare » un journal nouvellement crée, Johan va mêler dans ses articles le quotidien des ouvriers avec celle de l'aventure que représente une telle construction.
Philippe Lemaire nous conte donc l'histoire de la construction de la tour Eiffel qui doit être l'apogée de l'exposition universelle de 1889. À travers son récit nous comprenons les trouvailles techniques nécessaires pour mener à bien cette tour démesurée pour l'époque.
Une plume qui rappelle parfois celle de Zola, d'ailleurs comme un clin d'oeil, deux personnages se nomment Coupeau et Lantier que l'on retrouve dans l'Assommoir. Comme Zola, Philippe Lemaire sait faire revivre le Paris des ouvriers, certains sont venus pour faire vivre leurs rêves, d'autres pour faire vivre leur famille. Mais aussi Montmartre, ce quartier à l'humeur joyeuse, avec ses rues étroites et gouailleuses, ses gosses braillards, ses cafés de deux sous où l'on mange une soupe à l'ail gratinée en compagnie de peintres sans le sou et de leurs modèles à la vertu fluctuante. Au fil des pages, nous croisons Toulouse Lautrec, Rodin, Camille Claudel, Van Gogh, et bien sûr Gustave Eiffel.
Mais le personnage principal reste le chantier de la tour. L'humidité qui est partout, la fatigue qui transforme les muscles en plomb, mais aussi pour chacun l'impression de participer à une aventure exceptionnelle, d'être l'un des rouages de cette oeuvre grandiose symbole du triomphe de l'industrie. Philippe Lemaire nous indique avec précision toutes les prouesses techniques mises en oeuvre pour faire d'abord les fondations des quatre piliers et ensuite monter étage par étage cette tour incroyable pour l'époque.
Philippe Lemaire a parfaitement réussi à recréer le Paris de la fin du 19ème siècle, dans un récit où se mélangent amours et amitiés.
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