"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Afin que Louis XIV puisse se refléter dans des miroirs qui seraient enfin français, François est envoyé à Venise sur ordre de Colbert qui entend créer la Manufacture royale des glaces de miroir.
Sa mission ? Dérober aux Vénitiens les secrets de fabrication des grands miroirs qu'ignoraient alors les artisans français. Mais ce n'est pas tout ! Il lui faut aussi convaincre quelques grands maîtres verriers de venir à Paris pour y transmettre leur savoir. Le pont d'or qu'il est prêt à leur faire sera-t-il suffisant ?
Octobre 1664. Louis XIV, toujours aussi avide de montrer au monde le rayonnement et la puissance de son royaume, veut ravir aux Vénitiens les secrets de fabrication des grands miroirs qui font la gloire et la réputation de la Sérénissime. Et quand le roi veut, tout le monde s'agite pour satisfaire ses désirs le plus rapidement possible. Après l'échec de son ambassadeur, Louis s'impatiente. Et quand Louis s'impatiente, la cour tremble. La seule solution serait de faire venir dans le royaume des maîtres verriers vénitiens. Sauf que la peine encourue pour un ouvrier déserteur est cinq ans de galère, et des représailles contre sa famille.
Colbert a alors une idée qui pourrait les sortir de cette impasse: il charge le jeune François Guilbert de Soulac de se rendre à Venise, de dérober les secrets de fabrication et les rapporter en France. Mission délicate et périlleuse. Mais le jeune Soulac, accablé de dettes, n'est pas en position de refuser. Avec toute l'ardeur et la naïveté de ses vingt ans, il se lance dans l'aventure. Sans se douter un seul instant des nombreux périls qui vont se dresser sur sa route.
Venise: mise en scène vivante et réaliste, décrivant avec minutie l'ambiance, la richesse, toutes les facettes d'une ville sombre et lumineuse à la fois: "Toute cette rive du Canal Grande était bordée d'échoppes, d'éventaires, d'étals qu'on garnissait de fruits, de légumes, de fleurs à mesure que l'on déchargeait les embarcations." (Page 21)..."Le Castello était un quartier tranquille à l'écart des grands ruées de voyageurs et d'aventuriers de toutes espèces qui débarquaient dans la Sérénissime en quête de fortunes rapides ou d'aventures galantes. La réputation de certains lieux de grande polissonnerie les attirait comme la lumière attire les papillons de nuit." (Page 36)=> Tableau enrichi par des détails de la vie quotidienne, comme la mode du chocolat chaud, introduit en Italie par le voyageur Francesco Carletti.
Situation politique: délicat et fragile équilibre sur lequel repose la Sérénissime, menacée par les ambitions des Etats pontificaux, toujours désireux d'étendre leur suprématie, et par les Ottomans qui occupent la Crète, dont la possession assure une position stratégique au sud de la Grèce. =>Venise, malgré sa puissance commerciale, ne peut se passer de la bienveillance de Louis XIV, seul capable de contenir les ambitions de ses adversaires. Cela dit, la révélation des secrets de fabrication des grands miroirs sonnerait le glas d'une partie non négligeable de sa richesse, et donc de sa puissance.
Un passionnant roman historique dont l'intrigue dévoile un épisode méconnu de notre histoire, brillamment mis en scène: des péripéties, une histoire d'amour, des dangers, des rebondissements. Difficile de ne pas se laisser entraîner dans cette captivante aventure sur les traces du sympathique François de Soulac.
Genre : Roman historique
Avis : RICHE
Rendez-vous avec les secrets des maîtres-verriers.
Philippe Lemaire a réussi à captiver ma curiosité concernant le travail du verre et particulièrement ici, l’expertise des ouvriers pour faire des miroirs. Je savais que c’était une spécialité italienne mais j’avais oublié combien il fallut de tentatives pour récupérer ce savoir en France.
Venise au 17ème siècle. François, jeune homme de pauvre noblesse, est mandaté par Colbert pour découvrir les secrets des maîtres-verriers vénitiens. Ce qu’il croyait facile va se révéler quasiment impossible et de plus très dangereux, surtout quand une charmante jeune femme va créer des émois irresponsables. Même s’il arrive à ramener des hommes passionnés, comment fera-t-il pour les garder sans que les liens entre la France et l’Italie se distendent ? Quelle sera sa vie gangrénée par le danger ?
J’ai trouvé une trame sérieuse et les connaissances qui me permettent d’apprécier un roman historique. Avoir la sensation de déambuler dans Venise et sur ses canaux, de découvrir les secrets des masques (Bauta, Moretta, Dottore della Peste) ou des conteries utilisées dans le commerce avec les pays d’Afrique, découvrir le mot « margaritaire », être au cœur des intrigues de Louis XIV, ont fait de ma lecture un apprentissage du monde. Complots, arrestations, menaces, histoires d’amour, manigances de la vie politique se succèdent à un bon rythme.
Si l’aspect technique tourne autour d’un savoir-faire unique au monde dont j’ai eu plaisir à découvrir quelques secrets, j’ai aussi apprécié la façon dont étaient décrites la jalousie et l’envie du Roi Soleil, et ce que cela entraînait pour tous ceux qui étaient à ses ordres.
Vif et attachant, ce roman se lit avec facilité malgré ou grâce aux rebondissements permanents qui font voyager entre France et Italie. Vous aimez les secrets des artisans, les histoires d’amours contrariées, l’Histoire, n’hésitez pas à vous procurer ce livre.
Je remercie De Borée Editions et Virginie pour ce SP qui m’a fait revenir en pensées sur les lieux d’un beau voyage fait à Venise et Murano, il y a quelques années.
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