"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un roman lu dans le cadre de la sélection du Prix des lecteurs 2024 Le Livre de Poche.
Un très gros coup de coeur.
Un roman noir qui est à la fois une aventure et un polar. Un père qui recherche sa fille dont il a été séparé, un lien père et fille. Mais le récit nous mêne aussi dans une lutte entre militant d’ONG environnemental face au croyance et traditions ancestrales des chasses au baleines et dauphins. Une enquête haletante et violente mais aussi de la mélancolie et du chagrin avec Raphaël et Maude, entre les regrets, le temps passé. Un western moderne aux îles Féroé. Une plume sensible, enveloppante, une atmosphère, un livre intimiste, écologiste, lumineux et généreux. On parlera aussi du deuil et de l’engagement. Une intrigue haletante et captivante. Gros coup de coeur pour ce livre.
"Il y a des mots qu’on aimerait ne jamais avoir à prononcer, des choses que l’on voudrait ne jamais entendre et des situations auxquelles on ne devrait jamais avoir à faire face. Vivre, c’est être sur ses gardes en permanence, c’est ce que je me suis dit."
"On était d’accord pour dire qu’il en allait du grindadráp comme les religions : ils invitent une communauté à se livrer à des rites, en dehors de toute logique, dans le seul but de rendre la barbarie respectable au nom de ce qui serait sacré."
Découvert dans "de silence et de loup", je retrouve Patrice Gain avec bonheur, cette fois-ci dans les îles Féroé, amarrées entre Norvège et Islande. Découverte de leur nature préservée, authentique même si parfois fort hostile, de leur beauté sauvage et toujours époustouflante.
Raphaël Chauvet, violoncelliste de renom s'y rend précipitamment; son ex-femme lui ayant signalé la disparition de leur fille Maude sur l'île. Sa fille qu'il n'a pas vue depuis 11 ans, mais qu'il va rechercher frénétiquement, furieusement, désespérément.
Sa fille, militante activiste au sein de l'organisation internationale Ocean Kepper lutte contre le Grindadrap, cette chasse traditionnelle aux baleines et dauphins dans les eaux de l'île, abattage qui a encore éliminé plus de 2000 globicéphales et dauphins à flancs blancs en 2021, alors que la viande pourtant consommée est reconnue contaminée aux métaux lourds. Et la lutte est d'une violence inouïe, entre les pro-chasse insulaires et les actils : la fureur des combats est à l'image de la barbarie des combattants. Et la nature s'en mêle, âpre et austère, les tempêtes, la neige et le fameux kjaftsvart i mjorka, ce brouillard noir qui en rajoute à l'inquiétude et à l'insondabilité de l'île.
Ce roman est certes un polar, il y a chasse à l'homme et mort, il dégage une atmosphère étouffante et stressante Mais il est aussi l'observateur privilégié de ce phénomène propre aux îles Féroé, cette chasse traditionnelle aux cétacés avec cette question qui se pose alors : faut-il maintenir ce patrimoine culturel ancré dans les traditions féroïennes ou ne s'agit-il pas plutôt du vestige cruel d'un passé qui devrait disparaître ?
C'est aussi un roman intimiste et émouvant : l'histoire d'un père oublieux de sa fille pendant si longtemps , qui cherche à rattraper le temps perdu; cette quête qui le transcende, dans une sombre adversité qui le rapproche d'elle.
Et enfin, comme dans "de silence et de loup", c'est un roman totalement immersif et terriblement sensoriel, d'où sa puissance évocatrice.
Vous y sentirez l'odeur de la viande boucanée, les effluves du vent, l'odeur de Maude au fond d'un sac de couchage; vous y verrez la lune-nuage, les brouillards noirs, les geysers de sang, la mer qui moutonne et la marée écarlate du sang des globicéphales abattus.
Vous y entendrez le souffle torturé du vent, le gémissement des baleines agonisantes, le piaillement des goélands au-dessus des cadavres...
Violent. Intense. Emouvant.
Et le coeur de l'homme-violoncelle finalement plus proche que jamais de sa fille.
Patrice Gain nous propose ici un roman d’atmosphère poignant, noir et glaçant tout à la fois. Pour cela, il a judicieusement situé son intrigue sur les Iles Féroé à la météo tumultueuse et aux brouillards sombres et denses propices à camoufler pistes et indices.
Ce nouveau roman écologique interroge tout à la fois l’intime et le public, le deuil et l’engagement, la tradition et l’environnement.
Raphaël est violoncelliste. Onze ans plus tôt sa femme Nathalie le quitte, emmenant leur fille Maude avec elle. Au lieu de se battre, il sombre dans une profonde dépression et ne vit plus que pour sa musique. Raphaël n’est pas un combattif, il se débat avec ses peurs et ses hésitations. Mais, quand après onze ans de silence son ex-femme l’appelle pour lui apprendre que leur fille a disparu lors d’un voyage aux Iles Féroé, il n’hésite pas une seconde et prend le premier avion pour se lancer sur les traces de son enfant qu’il ne connait plus et qu’il ne saurait reconnaitre sans les photos récentes que lui a envoyées Nathalie. Sur place il apprend que Maude était une militante écologique et qu’elle luttait aux côtés de l’ONG « Ocean Kepper » contre le « grindadrap » cette chasse ancestrale traditionnelle où on accule « les globicéphales » ces baleines pilotes, et les dauphins par dizaines afin de les massacrer. Autrefois vitale pour les familles qui vivaient dans le dénuement le plus total, cette chasse est aujourd’hui bien ancrée dans la culture féroïenne et contribue à maintenir les liens sociaux entre iliens.
La dernière grindadrap a dérapé et un pêcheur a trouvé la mort lors de la confrontation avec les militants de l’ONG. C’est dans ce contexte pour le moins électrique que Raphaël débarque et se retrouve confronté à une police locale qui fait peu de cas de cette disparition, à une Consule de France qui recherche Maude soit disant impliquée dans cette mort, et à l’hostilité d’une grande partie de la population.
Dans ce roman au style percutant, Patrice Gain a réussi à créer une atmosphère étouffante et inquiétante, qui ne nous lâche pas de toute l’intrigue. Entre les étendues sauvages, les éléments déchainés et l’hostilité des iliens, l’auteur malmène avec délice son héros tout comme son lecteur en nous maintenant sous pression jusqu’au dénouement.
J’ai personnellement trouvé ce roman sombre et lumineux à la fois extrêmement abouti et captivant. On le termine les larmes aux yeux et il continue à nous hanter bien longtemps après l’avoir refermé.
Raphaël, violoncelliste, est séparé de longue date de sa compagne et ne voit plus sa fille Maude, devenue adulte.
Alerté par son ex-femme sur la disparition de sa fille aux îles Féroé, Raphaël n'hésite pas à sauter immédiatement dans un avion afin de partir à sa recherche.
Sur place, l'accueil des insulaires est au diapason du climat et de la nature : froid et hostile. Une terre âpre, sans arbre.
Très vite, Raphaël découvre que sa fille faisait partie d'une ONG militant contre une tradition locale : la grindadrap, ou grind, chasse séculaire aux cétacés qui cache un massacre de masse aux images difficilement soutenables.
Lors d'un grind, un militant a été égorgé. Quant à Maude, personne ne l'a revue.
Raphaël retrouve la paternité avec violence et fracas. La quête de sa fille disparue est aussi une quête à la recherche de cette paternité disparue, tout du moins endormie, en latence, mais qui couve, prête à se réveiller.
Le roman associe un judicieux suspense lié à l'enquête avec une réflexion approfondie mais sans parti pris autour de la relation entre l'homme et l'animal. Relation qui évolue selon les époques, les rites et traditions, la rudesse des conditions de vie et des croyances populaires.
Face aux traditionalistes, des ONG militant pour le bien-être animal, pour un respect perdu en route, pour enfin sortir de rituels archaïques.
Finalement, le discours pro ou anti s'illustre ici par la chasse à la baleine mais n'est qu'un exemple de ce qui se joue encore partout autour du globe avec de nombreuses espèces, sous de multiples latitudes. Mais gardons-nous de toute conclusion hâtive.
Car c'est bien ici de notre capacité à l'empathie dont il est question.
Le personnage de Raphaël m'a émue. La résilience de ce père face au drame et sa capacité à transformer celui-ci en une force collective force l'admiration.
Bilan :
Une enquête intéressante à la découverte d'un lieu méconnu. Un récit bien mené et réussi.
Lu dans le cadre du Prix des lecteurs Polar
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