Obs Justine

Louis donne son avis sur Je suis passée plusieurs fois par la porte des enfers de Obs Justine

En me lançant dans l'écriture, j'ai découvert une communauté de jeunes écrivains dynamiques et motivés et ai pu échanger avec nombre d'entre eux. À la clef, il y a eu (et il y a toujours) de belles rencontres et des discussions passionnantes. Parmi ces jeunes écrivains figure Justine Obs qui a...
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En me lançant dans l'écriture, j'ai découvert une communauté de jeunes écrivains dynamiques et motivés et ai pu échanger avec nombre d'entre eux. À la clef, il y a eu (et il y a toujours) de belles rencontres et des discussions passionnantes. Parmi ces jeunes écrivains figure Justine Obs qui a le bon goût de partager la même origine géographique que moi. Pourtant, si "Je suis passée plusieurs fois par la porte des enfers... Tome 1" s'est retrouvée entre mes mains, cela n'est dû qu'au hasard puisque j'ai gagné un exemplaire du roman lors d'un concours organisé par l'auteur.

Je vous rassure tout de suite, ma sympathie pour Justine n'entachera en rien l'objectivité de ma critique, cette petite introduction n'ayant seulement pour but que de vous raconter comment ce livre est arrivé jusqu'à moi.

Soyons honnêtes, "Je suis passée plusieurs fois..." n'est pas vraiment le genre de roman que je lis d'ordinaire. J'ai toujours eu beaucoup de mal avec l'auto-fiction et l'aspect parfois intimiste - voire pour certains voyeur - que ce genre revêt. À vrai dire, on ne peut pas réellement parler ici de roman, mais plutôt de témoignage. Comme le sous-entend le titre de l'ouvrage, Justine Obs a eu une enfance mouvementée, marquée par des épisodes traumatisants dont chaque détail nous est conté avec un réalisme si saisissant que l'on a l'impression de vivre avec la narratrice chaque nouvelle violence, chaque nouveau coup du sort. Justine souffre, Justine subit, mais surtout Justine se relève chaque fois, blessée, mais déterminée à avancer. "Quand on tombe sept fois, toujours se relever huit..." chantait une célèbre rousse.

Ce premier tome démarre avec la rencontre des parents de Justine et s'étire chronologiquement jusqu'à l'entrée de celle-ci en post-bac avec à la clef un petit "cliffhanger" qui donne envie de poursuivre avec le deuxième tome. Le livre compte un peu moins de 200 pages, mais introduit un nombre important de "personnages" et il faut parfois être vigilant pour bien comprendre l'importance et l'influence de chacun sur sa vie. "Je suis passée plusieurs..." n'est pas un roman et les personnes qui gravitent autour de Justine ne sont donc pas des archétypes. Ce sont de vraies personnes. Certaines d'entre elles sont foncièrement bonnes et d'autres, au contraire, penchent plutôt du côté négatif. Ceux qui restent passent inlassablement d'un côté à l'autre. Justine donne d'ailleurs dans ses descriptions une image juste de la complexité de l'âme humaine notamment lorsqu'elle parle de sa mère.

"Je suis passée plusieurs fois par la porte des enfers... Tome 1" ne manque pas de qualités. On sent combien l'écriture a dû être difficile non seulement du fait de la sensibilité du sujet, mais également, car il a fallu pour l'auteure réunir ses souvenirs, les trier, les organiser pour en faire un tout cohérent et surtout faire en sorte qu'ils tendent tous vers le même but, le même message, que l'on pourrait grossièrement résumer par "Ce qui ne me tue pas, me rend plus fort".

"Je suis passée plusieurs fois..." est une œuvre auto-éditée et Justine Obs a donc tout fait de A à Z. J'en sais quelque chose puisque je suis moi aussi dans le même bain (plus ou moins) mais l'auto-édition est une aventure à part entière, source de grandes joies mais aussi de grandes frustrations. L'auto-édition nécessite également beaucoup de travail et n'ayant pas toujours les compétences ni les moyens financiers, il est difficile de tenir la dragée haute aux auteurs tout droit sortis des grandes maisons d'édition. Dans le cas de "Je suis passée plusieurs fois...", c'est la forme du texte (orthographe, mise en page) qui pêche un peu, mais on peut y opposer sans mal la spontanéité de la langue, l'urgence du texte, sa nécessité et surtout ne pas oublier que l'on est ici clairement dans la « catharsis ».

Pour ma part, je m'y suis vite habitué car à chaque étape de cette enfance parfois à la limite du supportable, je m'imaginais que les mots avec lesquelles elle nous contait cette vie brisée - dont on attend forcément la revanche dans le second tome -, elle les tenait de l'enfant qu'elle avait été, comme si la Justine du passé venait les susurrer à son oreille lorsqu'elle les couchait sur le papier.

Comme je le dis plus haut, ce premier tome de « Je suis passée plusieurs fois par la porte des enfers… » n'est pas exempt de quelques défauts mais une chose est sûre, personne ne peut rester indifférent face à autant de sincérité.