"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Manoir de Styles, 1926. Agatha Christie a 36 ans, elle est mère d’une petite fille, vit dans le Berkshire et fréquente la bonne société londonienne. Après avoir publié plusieurs romans, elle commence à connaître le succès littéraire. Mais son univers s’écroule lorsque, encore fragilisée par le décès de sa mère quelques mois plus tôt, elle apprend de la bouche de son époux Archie, dont elle est toujours amoureuse, qu’il projette de la quitter pour sa maitresse Nan O’Dea. Du jour au lendemain, Agatha disparait. Les forces de l’ordre quadrillent le pays, sa disparition fait la une de la presse. Accident, suicide, meurtre, coup de publicité ou fuite délibérée pour laisser dans l’embarras un mari volage ? Archie, questionné, ne tarde pas à avouer avoir une double vie, et, étrangement sa jeune maitresse est, elle aussi, introuvable.
Cette intrigue a pour point de départ la seule énigme non élucidée laissée par la plus célèbre des romancières anglo-saxonnes, et cette énigme concerne la vie même d’Agatha Christie: une dizaine de jours durant lesquels elle n’a plus donné signe de vie, absence qui demeure jusqu’à aujourd’hui inexpliquée, en dépit de quelques hypothèses réalistes, dont une qui privilégie la fugue dissociative. Une oeuvre de fiction sur ce sujet n’est pas un pari inédit, d’autres l’ayant déjà fait auparavant, toutefois cette version audacieuse et féministe possède des arguments modernes pour séduire…
Je ne savais pas réellement à quoi m’attendre avec cette lecture mais un sujet comme celui ne pouvait que m’attirer : la disparition durant une dizaine de jours de la reine du crime, qui m’a, comme nombre d’entre vous, délectée de ses multiples intrigues tarabiscotées! Et cette lecture, fidèle à son modèle, m’a réservé de nombreuses surprises. Si l’on compare la biographie de l’écrivaine et les évènements fictifs de ce roman, on comprend toutefois rapidement que Nina De Gramont a pris beaucoup de liberté par rapport aux faits établis dans la réalité. Ce qui m’a d’emblée étonnée est le récit à la première personne qui laisse la parole à Nan O’Dea, la rivale d’Agatha. Nous suivrons donc son point de vue: sa relation amoureuse avec Archie, la disparition d’Agatha et la sienne puisqu’elle va à son tour se volatiliser. Nan O’Dea, d’origine irlandaise, revient sur son propre passé et par là-même sur un pan bien sombre de l’histoire de son pays: pas d’inquiétude quant à la fluidité du récit, ces retours en arrière s’intègrent parfaitement à l’intrigue et en sont d’ailleurs une des composantes essentielles. Sans trop en dévoiler, le récit se compose donc d’une enquête sur la disparition de l’écrivaine, d’un mystère autour de la personne de Nan O’Dea mais également d’une énigme sur la mort d’un couple de jeunes mariés dans un hôtel… Une intrigue gigogne donc, qui ne manquera pas de surprendre ! Chaque élément se met en place progressivement pour former un dénouement pour le moins surprenant et très séduisant. Le style précieux de Nina de Gramont, sert gracieusement un récit ancré dans la société anglaise de l’époque. A partir de cette célèbre énigme, elle tisse une fable féministe universelle emplie de bienveillance et d’humanité. Je suis sous le charme de cette proposition, mystérieuse et fascinante, audacieuse et magnifique.
Ce roman figure dans la sélection des Lectures d’été de RTL, Lisez et Babélio, pour lesquelles je suis ambassadrice. Je les remercie de m’avoir confié ce roman en échange de mon avis.
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