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Terra Mater de Nicolas Nutten lauréat du Prix l’Embouchure 2024, une intrigue addictive en compagnie d'une galerie de personnages bien construits, attachants, atypique et profonds. L'atmosphère est sombre et oppressante. Une écriture fluide, des descriptions nombreuses, un lexique très riches, le puzzle s'imbrique facilement. Spéléologie, Geocaching, Corps découvert, Enquête, Secrets, Énigme. De la tension et du suspense pour une lecture immersive, un excellent thriller à découvrir.
"Au cœur de ces interminables galeries, l’éclat des lampes frontales formait une bulle de lumière qui se déformait sans cesse au grès de la topologie des lieux Pareille à un fragile ballon de baudruche, elle effleurait la surface des gours, s’insinuait entre les stalactites et les replis de la roche, ripait contre les angles vifs tout en maintenant à distance des ténèbres aussi épaisses qu’une marée noire."
"Une plage, la mer et le temps qui s’écoule au rythme lent du ressac. Que ne donnerait-elle pas pour retrouver cette légèreté. Mais la réalité était tout autre. Ces cauchemars récurrents lui sapaient le moral et accentuaient à chaque fois un peu plus cette pression qui lui comprimait la poitrine."
Un jour d’été, en pleine canicule, une panne de métro sur la ligne 1 provoque une immense pagaille. Parmi les centaines de passagers coincés sous terre, Max et Célia, deux jeunes amoureux tout au début de leur histoire. Lorsque les passagers, excédés et au bord du malaise commencent à évacuer par les tunnels, Max et Célia sont séparés par la cohue. Max remonte à la surface, mais Célia est introuvable. Le jeune homme, légitimement très inquiet, cherche à tous prix à la retrouver. Mais vite, il découvre un aspect de la vie de Célia qu’il ignorait, et qui se révèle inquiétant.
« Disparition » (titre bateau s’il en est !) est un premier roman. J’ai déjà lu et apprécié Nicolas Nutten et je découvre donc avec ce polar ses débuts dans le genre. Le point de départ de l’intrigue est assez bien vu : la panne géante sur la ligne 1 (une ligne automatisée, cela ajoute un peu à la pagaille qui s’installe assez vite), l’angoisse qui monte, l’évacuation anarchique et le fait qu’une jeune femme soit perdue dans les méandres du métro, tout cela était prometteur. Même après, le récit continue de tenir la route, Max va déclarer la disparition de son amie à la police, et incapable de rester sans rien faire, sollicite une connaissance qui est un « cataphile » (comprendre, un habitué des catacombes de Paris). Et tout le voyage dans le monde inquiétant des catacombes est là aussi très réussi, et instructif, et flippant. C’est après qu’à mon sens la roman devient moins passionnant. L’intrigue prend alors un tour compliqué, flirtant avec des thèmes un peu éculés (le trafic de drogue, la mafia russe…), faisant intervenir des personnages un peu caricaturaux, affublant le héros d’une copine semblant tombée du ciel mais curieusement très impliquée. Les rebondissements se succèdent et on tombe dans le polar pur sucre, loin de la bonne idée originale du début. En fait, Nicolas Nutten voulait probablement trop bien faire : dénoncer ceci, évoquer cela, puis encore cela… Son intrigue finit par devenir de moins en moins lisible. Heureusement que tout se clarifie un peu sur la fin, une fin là encore, qui aurait pu être plus originale. C’est comme si l’auteur avait une trame en tête, une sorte de trame de série TV et qu’il la suivait consciencieusement : alors, il faut un point de départ bien flippant, un décor angoissant, des vilains très vilains, des vilains moins vilains, une scène gore, une fille qui débarque pour aider notre héros, une injustice à venger, des flingues, de la drogue, des hommes de main, un géant industriel qui cache des secrets, etc… Ce côté un peu « catalogue » finit par gâcher la bonne impression des premiers chapitres. Après, il ne faut tout jeter de ce premier roman, l’écriture est sympathique, il y a quelques touches d’humour, l’auteur n’a pas peur de croquer des personnages complexes, il n’a pas peur non plus de faire couler le sang des coupables comme des innocents. Mais même si on arrive facilement au bout de ces 60 chapitres, l’intérêt allant diminuant au fil des pages, « Disparition » ne laisse pas un souvenir fort. Mais c’est un premier roman et « Comme deux Gouttes de sang », son deuxième roman lu dernièrement, était bien meilleur. Nicolas Nutten mérite qu’on suive l’évolution de son travail car apparemment, il progresse vite.
Trois adolescents qui faisaient de l’Urbex dans un manoir abandonné de région parisienne tombent sur un squelette avec une croix inversée gravée sur la boite crânienne. Le groupe de Raphaël Sarda est chargé d’identifier la victime et de résoudre ce cold case qui fait rapidement le tour de la presse et des réseaux sociaux. A l’autre bout de la France, à Montpellier, une jeune femme traductrice panique en découvrant que le dernier ouvrage sur lequel elle a travaillé a publié son vrai nom en lieu et place de son nom de plume. Elle se volatilise en laissant son fiancé en plan, sans explication. Rien ne semble relier ces deux mystères, en apparence…
Parfois, on choisit une lecture un peu par hasard, parce qu’on a lu une ou deux petites critique élogieuse sur les réseaux sociaux, et parfois, on tombe très bien. C’est ce qui m’est arrivé avec le roman de Nicolas Nutten, auteur qui m’était jusqu’ici inconnu et dont « Comme Deux Gouttes de Sang » est le deuxième roman. Sur une trame de thriller classique et bien rodée (après une introduction très intrigante, deux intrigues en alternance, qui semblent d’avoir rien en commun et qui finissent par se recouper vers la fin , sur un rebondissement), « Comme Deux Gouttes de Sang » joue la carte de l’efficacité. Ça se dévore littéralement, car le style est simple, direct, efficace. Les deux intrigues sont limpides, bien structurées et lorsqu’elles se rejoignent, c’est pour mieux laisser la place au suspens d’abord, puis aux rebondissements (au pluriel s’il vous plaît!). Même si on peut légitimement trouver l’ensemble de l’histoire un peu emberlificotée, on ne boude pas son plaisir de lecteur devant ce canevas complexe qui prend place sous nos yeux à partir du dernier tiers du livre. Il y a beaucoup de choses que j’ai particulièrement apprécié et d’abord le soin apporté à l’écriture des personnages, même les personnages secondaires. Par moment on se demande pourquoi telle ou telle digression sur un personnage en marge de l’histoire mais chaque digression à sa raison d’être au final : le livre, pris dans son ensemble, est très cohérent. Et puis, Nicolas Nutten aime la complexité : les victimes ne sont pas si victimes que cela, les innocents pas si innocents, les coupables ne sont pas que des coupables, le Bien et le Mal sont des notions très fluctuantes. C’est un thriller psychologique, pour ne pas dire psychiatrique, diablement efficace et plutôt crédible. La fin est un peu déroutante, même si l’intrigue est bouclée on a l’impression de laisser nos personnages principaux (enfin, ceux qui ont survécus, hum…) un peu au milieu du gué. Mais je crois avoir compris que l’auteur comptait les mettre de nouveau au cœur de ses futurs romans ce qui est très prometteur. J’ai désormais envie dans un premier temps de lire son premier roman et ensuite de suivre cet auteur qui sait si bien construire ses intrigues et sonder les distorsions de l’âme humaine.
On s’immerge rapidement dans cette lecture palpitante avec deux enquêtes distinctes, une narration simple et addictive. Action, suspense et twist plot. Une écriture fluide, soigné et percutante qui nous tiens en haleine.
"Chaque fois que son footing l’amenait à repasser à cet endroit, Raphaël ne pouvait s’empêcher d’y penser : que fuyait-il vraiment ? derrière cette simple interrogation se cachaient des chemins tortueux sur lesquels il ne préférait pas s’engager, pas encore, pas tout de suite, plus tard, peut-être. Alors, invariablement, il accélérait sa course en maudissant ce vieux bonhomme et son clébard au fond, tout le monde avait sa part d’ombre, alors pourquoi serait-il différent des autres ?"
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